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“Dans le plus grand hôpital pédiatrique d’Ukraine, environ 70 % des patients vivent dans l’abri anti-bombes”

“Dans le plus grand hôpital pédiatrique d’Ukraine, environ 70 % des patients vivent dans l’abri anti-bombes”

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Par Julie Breon

Publié le

"Les adolescents comprennent que les traitements, les réserves de sang, les antibiotiques, peuvent manquer à tout moment."

Lesia Lysytsia est ophtalmologue pédiatrique à l’hôpital Okhmatdyt, en Ukraine : “On continue tous les traitements que nous pouvons faire, les chimiothérapies, les radiothérapies, on opère les patients qui en ont besoin, mais on doit faire des sélections.”

“On ne peut pas repousser une chimio”

Si l’un des patients atteints d’un cancer ou d’une maladie métabolique voit son traitement interrompu, cela peut être fatal.

“Les patients doivent être traités une fois par semaine, et c’est vraiment très important pour eux. S’ils ne reçoivent pas leur traitement, ils auront des complications. Ils arrêteront de parler, de se développer, et pourraient mourir.”

En ce qui concerne les réserves de sang, “notre hôpital a une liste de tous nos collègues, par groupes sanguins. Notre centre de perfusions sait que s’il y a un manque pour un certain groupe sanguin, ils appellent les docteurs et disent : ‘On a besoin de votre sang.'”

La sécurité avant la santé

La docteur Lesia précise qu’aujourd’hui, pour sa spécialité, les médecins “se fichent de savoir si les patients voient ou non. Ils se soucient surtout de leur sécurité”.

“Dans le futur, on accueillera beaucoup de gens qui auront été mal diagnostiqués ou pas diagnostiqués à temps. En plus, les soignants qui prennent soin de ces patients rejoignent l’armée.”

En ce qui concerne les réactions des enfants, elle a précisé que “les adolescents ont conscience de toute l’horreur de la situation”. Quant aux plus petits, “ils disent que c’est la guerre, que c’est imprévisible et que tout le monde angoisse”.

“On renvoie les patients chez eux quand c’est possible”

S’ils ne peuvent pas rentrer chez eux, ils sont envoyés en Pologne. Mais seulement si leur état est stable et qu’ils peuvent se déplacer. “Les personnes en soins intensifs ont besoin d’ambulances spéciales que notre administration et notre ministère de la Santé essaient de nous fournir, mais il n’y en a pas assez”, a affirmé Lesia Lysytsia. “J’ai peur de ce qui peut arriver, ce que va devenir cet hôpital. Tant qu’on aura des patients, on restera”, a-t-elle conclu.