Aux États-Unis, Joe Biden dévoile son plan contre les armes à feu

Aux États-Unis, Joe Biden dévoile son plan contre les armes à feu

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© Brendan SMIALOWSKI / AFP

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Par Pauline Ferrari

Publié le

Le président américain a dénoncé l'"épidémie" de la violence des armes à feu, mais s’est contenté de micro-mesures.

“La violence par arme à feu dans ce pays est une épidémie, c’est une honte internationale”, a fustigé Joe Biden, lors de l’annonce depuis la Maison-Blanche de six décrets, de portée réduite. Le président a dévoilé jeudi des mesures ciblées visant à limiter la prolifération des armes à feu aux États-Unis, où les fusillades sont un fléau récurrent que les gouvernements successifs n’ont jusqu’à présent pas réussi à endiguer.

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Une de ces mesures vise à lutter contre les “armes fantômes”, fabriquées de manière artisanale, parfois avec une imprimante 3D, et qui n’ont pas de numéro de série. Les règles concernant certaines armes de poing équipées d’un accessoire stabilisateur attaché au bras du tireur, un dispositif utilisé dans une récente tuerie dans le Colorado, vont également être durcies. Le président a aussi commandé un premier rapport général sur le trafic d’armes à feu aux États-Unis depuis 2000. “Ces mesures vont sauver des vies”, a salué la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, dans un communiqué.

Un blocage attendu au Congrès

Cependant, Joe Biden s’est contenté de micro-mesures, sachant pertinemment qu’il n’est actuellement pas en position de faire adopter au Congrès des actions plus audacieuses sur ce sujet ultra-sensible, en raison de la très courte majorité parlementaire démocrate. Aucune grande avancée n’a par exemple été annoncée sur le sujet de la vérification des antécédents judiciaires ou psychologiques des acheteurs d’armes individuelles.

Des mesures aussitôt dénoncées par les républicains. Kevin McCarthy, chef de la minorité républicaine à la Chambre des représentants, a ainsi tweeté : “Les républicains s’opposeront fermement [aux mesures] et utiliseront chaque option – qu’elle soit législative ou judiciaire – pour protéger le droit de porter des armes.”

Le président a aussi annoncé la nomination de David Chipman, un partisan du durcissement des lois sur les armes individuelles, à la tête de l’ATF, l’agence fédérale qui régule les armes à feu. Signe de l’absence d’unité politique sur ce sujet délicat, l’ATF n’a pas eu de directeur confirmé par le Sénat depuis 2015.

Joe Biden, défenseur de longue date d’un meilleur encadrement des armes à feu, a promis pendant sa campagne d’agir sur ce front. Une série de fusillades ces dernières semaines, dont des tueries en Géorgie puis dans le Colorado, a accentué la pression pour qu’il passe à l’action. “Nous devons également interdire les fusils d’assaut et les chargeurs à grande capacité”, souvent utilisés dans les tueries, a aussi lancé jeudi M. Biden, répétant un vœu pieux maintes fois énoncé en son temps par Barack Obama.

Au Texas, une fusillade a eu lieu quelques heures après le discours de Joe Biden

Une personne est morte et plusieurs ont été blessées, dont quatre grièvement, dans une fusillade dans un magasin d’ameublement au Texas, quelques heures après la présentation par le président américain Joe Biden de son plan pour lutter contre la violence par armes à feu aux États-Unis.

“À environ 14 h 30 nous avons été informés d’une fusillade, […] les agents sont intervenus et ont trouvé plusieurs victimes sur place”, avait relaté plus tôt devant la presse Jason James, porte-parole de la police de Bryan, ville située entre Houston et Dallas. Le département de police a confirmé un total de sept victimes, dont une personne avec une blessure mineure et une autre avec un problème médical distinct “lié à l’incident”.

Larry Bollin, 27 ans, a été arrêté par la police. Il a été désigné comme le principal suspect de la fusillade et accusé de meurtre. Il était employé chez le fabricant de meubles dans lequel il a ouvert le feu, a déclaré le chef de la police Eric Buske. “Une personne est décédée sur place”, a déclaré M. Buske aux journalistes, et quatre autres victimes ont été transportées à l’hôpital “dans un état critique”.

Le ministère de la Sécurité publique du Texas a indiqué qu’un officier a été blessé par balle “alors qu’il poursuivait un individu soupçonné d’être impliqué dans la fusillade à Bryan. Il reste dans un état grave mais stable”. Il n’était pas clair dans l’immédiat si l’officier faisait partie du décompte du département de police de Bryan.

La régulation des armes à feu, un sujet clivant aux États-Unis

En 1994, alors sénateur, Joe Biden avait participé à l’adoption d’une loi interdisant les fusils d’assaut. Mais la mesure n’était valide que dix ans et n’a jamais pu être renouvelée après 2004, compte tenu de l’opposition des élus républicains. Ces derniers percevant cette mesure comme une violation d’un droit constitutionnel.

L’ancien président Donald Trump, qui a reçu des dizaines de millions de dollars de la NRA, le puissant lobby des armes à feu, pour ses deux campagnes présidentielles, a au contraire par le passé assuré être le plus fervent défenseur du droit des Américains à détenir une arme.

Les armes à feu ont fait plus de 43 000 morts, suicides inclus, aux États-Unis en 2020, selon le site Gun Violence Archive. L’organisation a dénombré 611 “fusillades de masse” – qui comptent au moins quatre victimes – en 2020, contre 417 l’année précédente. Depuis le 1er janvier 2021, plus de 11 000 personnes ont déjà été tuées par une arme à feu.

Joe Biden a assuré qu’aucune de ses mesures n’“empiétait” sur le deuxième amendement de la Constitution, brandi par les défenseurs des armes à feu comme la garantie de leur droit au port d’armes. Mais de nombreux Américains restent très attachés à leurs armes et se sont même précipités pour en acheter davantage depuis le début de la pandémie, et encore plus lors des grandes manifestations anti-racistes du printemps 2020 et des tensions électorales de l’automne.

Konbini News avec AFP