Des diables de Tasmanie, marsupiaux uniques disparus il y a 3 000 ans d’Australie continentale, sont nés en pleine nature sur l’immense île-continent dans le cadre d’un ambitieux programme de protection de l’espèce.
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C’est une coalition d’organisations de protection de l’environnement qui a annoncé la bonne nouvelle ce lundi. Elle a également révélé que sept de ces mammifères carnivores étaient nés dans un sanctuaire de 400 hectares à Barrington Tops, à trois heures et demie au nord de Sydney, dans le sud-est du pays.
C’est dans cet espace grillagé, pour les protéger de diverses menaces, comme les maladies ou la circulation automobile, que 26 diables adultes avaient été réintroduits il y a près d’un an, lors d’une opération alors présentée comme “historique”.
Ce programme de conservation ex situ vise à créer une population préservée, le diable étant menacé sur l’île de Tasmanie par une grave forme de cancer contagieux.
“Une fois que les diables étaient libérés dans la nature, c’était à eux de jouer, et c’était nerveusement éprouvant”, a confié Tim Faulkner, le président d’une des organisations, Aussie Ark, ajoutant : “Il a fallu observer de loin jusqu’à ce que l’on puisse y entrer et avoir confirmation de la naissance des premiers petits nés dans la nature. Quel moment !”
Des spécialistes ont pu inspecter les poches des femelles et constaté que les petits étaient “en parfaite santé”. D’autres examens auront lieu dans les semaines à venir.
Une espèce en danger d’extinction
Celui qu’on appelle également Sarcophilus harrisii n’est pas dangereux pour l’homme ou le bétail mais se défend s’il est attaqué, pouvant provoquer de graves blessures.
Ce marsupial nocturne à la fourrure noire ou brune, qui dégage une forte odeur quand il stresse, est frappé depuis 1996 par une maladie, la tumeur faciale transmissible du diable de Tasmanie (DFTD), fatale à presque 100 % et qui a décimé 85 % de sa population. L’espèce est désormais en danger d’extinction.
Ce cancer contagieux – le cancer ne l’est normalement pas, sauf chez certaines espèces animales – se transmet via les morsures que s’infligent entre eux les diables, très agressifs et dotés de mâchoires puissantes, quand ils s’accouplent ou se battent. Les animaux meurent notamment de faim lorsque la tumeur atteint leur bouche, les empêchant de manger.
On estime à 25 000 les diables vivant encore dans la nature, contre 150 000 avant l’apparition de cette maladie. En Australie continentale en revanche, ils ont vraisemblablement disparu il y a 3 000 ans, a priori décimés par les dingos. Le programme vise à créer une “population réserve” face à une maladie pour l’heure incurable, tout en participant à la restauration de l’environnement indigène.
Pour Don Church, président de l’association Re:wild, ces naissances sont “l’un des signes les plus tangibles” de la réussite du projet de réintroduction. “C’est de bon augure, non seulement pour cette espèce en danger, mais aussi pour les autres espèces que nous pouvons sauver avec des programmes de ré-ensauvagement de l’Australie”, a-t-il dit.
Aussie Ark compte introduire davantage de diables dans le sanctuaire, de même que des dasyrus, des wallabies et des bandicoots. Avant peut-être d’introduire ces diables dans des zones non clôturées pour les soumettre à la concurrence de davantage d’espèces.
Ce projet rappelle celui, emblématique, de la réintroduction du loup dans le parc américain de Yellowstone dans les années 1990 qui a, selon des experts, eu une cascade d’effets positifs tels que la régénération des buissons en bord de rivières, la stabilisation des cours d’eau ou encore le retour des oiseaux et castors…
Konbini news avec AFP