Depuis une semaine, la question des lycéens transgenres fait la une de la presse portugaise. Une directive vient en effet d’autoriser les jeunes âgés de 16 à 18 ans à déclarer leur changement de genre à leur établissement scolaire, avec l’accord de leurs parents.
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Cela permettra notamment à ces adolescents de pouvoir choisir leur uniforme, ou encore de se rendre dans les toilettes correspondant à leur identité. Enfin, le texte les autorisera à se présenter sous leur nouveau prénom, comme le précise Courrier international, qui propose une revue de presse sur la question.
La mesure semble diviser la société portugaise. Une pétition qui affiche plusieurs dizaines de milliers de signatures circule pour faire annuler ladite directive. Certaines voix dans l’opposition accusent le gouvernement d’avoir profité des “vacances“ pour faire passer la mesure.
Seulement, comme le rappelle Le Figaro, la directive litigieuse découle d’une loi datée du mois d’août 2018. Elle “permet aux Portugais de changer de genre à l’état civil sans faire l’objet d’un diagnostic médical de perturbation de l’identité, à partir de l’âge de 16 ans”.
Le secrétaire d’État à l’éducation João Costa a de son côté, rappelé que la mesure ne devrait concerner qu’une minorité d’élèves : “On ne devrait pas excéder les 200 enfants transgenres.” “Beaucoup de bruit pour rien”, serait-on tenté de dire. Mais non. Si la transidentité ne concerne qu’une minorité de lycéens, les problèmes autour de son acceptation sont la source de nombreuses souffrances.
Le 7 juin 2018, Arnaud Alessandrin, sociologue associé au centre Emile-Durkheim à l’université de Bordeaux, publiait une tribune dans Libération afin de mettre en lumière les problèmes soulevés par le fait d’être transgenre à l’école.
72 % des jeunes trans jugent l’expérience scolaire mauvaise
Selon le docteur en sociologie, l’expérience scolaire est perçue comme “mauvaise” ou “très mauvaise” par 72 % des jeunes trans.
En France, certains responsables politiques ont conscience du problème. En janvier dernier, un député de la majorité avait déposé un amendement similaire afin que “les personnels de la communauté éducative veillent à faciliter et respecter l’usage du prénom et du pronom choisi par les élèves au regard de leur identité de genre”.
Comme le rappelle le magazine Têtu, l’idée était aussi de sensibiliser les enseignants sur le mégenrage (le fait d’appeler une personne par son sexe assigné au lieu de celui auquel elle s’identifie).
Quelques jours plus tard, le ministère de l’Éducation national se fendait d’un communiqué rappelant les dangers de la transphobie, et de l’importance de lutter contre cette forme de discrimination sans proposer aucune mesure.
Pour rappel, en France, la procédure de changement de sexe à l’état civil n’est pas ouverte aux mineurs. Au Québec, depuis 2015, on reconnaît que l’auto-identification de genre l’emporte sur le genre biologique, rappelle le journal Le Devoir.
Cela signifie que “si l’élève fait une demande pour un changement d’identité de genre, l’école doit respecter son choix et changer son nom et son genre sur tous les documents officiels. Si l’élève a plus de 14 ans, il n’a même pas besoin du consentement des parents”.
En Californie, une loi autorise aussi les élèves transgenres à utiliser les toilettes de leur choix depuis 2013. Le signe que l’on est un peu en retard ?