Serions-nous à l’aube d’un nouveau scandale politique ?
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(© Bertrand Guay/AFP)
Nouveau rebondissement dans l’affaire Benalla. Depuis que le parquet de Paris a tenté de perquisitionner les locaux de Mediapart lundi 4 février, en vain, le torchon brûle entre le site d’investigations et l’exécutif. Edwy Plenel, cofondateur de Mediapart, dénonçait lundi 4 février au micro de France Inter :
“Cette perquisition est un scandale ordonné par le nouveau procureur de la République de Paris, dont on connaît les conditions de nomination sur pression du pouvoir exécutif.”
Le journaliste semble sous-entendre que la perquisition est politique – une impression renforcée par les révélations publiées ce mercredi 6 février par le site d’information en ligne. “Affaire Benalla : Matignon a provoqué l’enquête sur les sources de Mediapart” titre aujourd’hui le média d’investigations.
Une succession d’événements louche
Pour ceux qui auraient raté un épisode, tout commence le 31 janvier dernier lorsque Mediapart publie des enregistrements datant du 26 juillet 2018, mettant en cause Alexandre Benalla, que l’on ne présente plus, et Vincent Crase, ancien employé de La République en marche en charge de la sécurité. Depuis les révélations sur les violences commises le 1er mai place de la Contrescarpe, les deux hommes, mis en examen, ont pourtant interdiction de se voir.
Durant la conversation, l’ancien chargé de mission de l’Élysée affirme avoir reçu un message du président en personne, affichant son soutien malgré la tempête médiatique. “Tu vas les bouffer. T’es plus fort qu’eux, c’est pour ça que je t’avais auprès de moi”, lui aurait écrit Emmanuel Macron. L’Élysée a depuis démenti.
Suite à la publication de ces enregistrements, un journaliste de Valeurs actuelles cherche à comprendre. Selon ses informations, cette conversation aurait été captée dans l’appartement de Marie-Élodie Poitout, la cheffe de la sécurité du Premier ministre. Il contacte alors Matignon afin de vérifier cette hypothèse et d’en savoir plus sur ces écoutes.
Après avoir interrogé Marie-Élodie Poitout, Matignon répond au journaliste qu’elle “dément être impliquée d’une quelconque façon dans la rupture du contrôle judiciaire de MM. Benalla et Crase”. Elle affirme “connaître M. Benalla, mais ne jamais avoir rencontré M. Crase”.
Selon Mediapart, “Matignon a aussi vérifié qu’aucune écoute administrative n’avait été autorisée concernant les protagonistes cités pendant la période des faits”. Le doute demeure donc sur l’origine de ces enregistrements.
Matignon, en la personne de Benoît Ribadeau-Dumas, directeur de cabinet d’Édouard Philippe, fait ensuite remonter ces éléments au parquet qui, dans la foulée, ouvre une enquête afin de saisir les enregistrements en question. Pour Mediapart, cela ne fait aucun doute : ce sont les services du Premier ministre qui sont derrière la perquisition.
L’article résume :
“C’est donc sur la base de cette simple ‘alerte’ de l’exécutif, qui repose sur du sable, que le procureur de la République ouvre dans la foulée une enquête pour ‘atteinte à l’intimité de la vie privée’ et ‘détention illicite d’appareils ou de dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d’interception et de télécommunications ou de conversations.”
“Partager en toute transparence”
Comme le rappelle Le Monde, Mediapart avait finalement pu s’opposer à la mise en œuvre de cette procédure, contestable d’un point de vue du droit. “Comme le droit nous y autorise, parce que c’est une enquête préliminaire, nous avons refusé la perquisition. Cette perquisition est une mise en danger majeure de nos sources. C’est une situation extravagante”, expliquait Fabrice Arfi, coresponsable du pôle enquête à Mediapart.
De son côté, Matignon reconnaît avoir transmis des informations au parquet :
“Il s’agit simplement de partager en toute transparence avec la justice des éléments de réponse transmis à la presse et qui sont susceptibles de concerner une affaire judiciaire en cours. Qui comprendrait que Matignon réserve à la presse des informations que la justice pourrait estimer utiles ?”
Alors, procédure normale ou tentative de collusion ?