Pourquoi une compète de tartes dans la tronche, la Power Slap League, se retrouve au cœur de la polémique ?

Pourquoi une compète de tartes dans la tronche, la Power Slap League, se retrouve au cœur de la polémique ?

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Capture d’écran Youtube UFC

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Par Benjamin Mangot

Publié le

"Il y a une limite à ce qui est approprié pour être considéré comme du sport, et ceci nous montre où se trouve cette limite. Et elle est largement dépassée."

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Quelques secondes sur le site officiel du Power Slap permettent de comprendre le concept de cette compétition promue par Dana White, l’actuel président de l’Ultimate Fighting Championship (UFC). On y voit une compilation de participants qui donnent ou reçoivent une grosse baffe en pleine figure, des ralentis où on peut voir le visage du receveur déformé par la force de l’impact, de la poudre qui s’envole de la main du gifleur, bref tout est fait pour être impressionnant et on peut dire que c’est plutôt efficace.

Présentée comme “la première organisation mondiale de combat de gifles”, la Power Slap League a vu le jour en début d’année 2023 à l’occasion de la série télévisée Power Slap: Road to The Title. Une émission dans laquelle les participants, répartis en catégories de poids et de genre, s’affrontent au fil des huit épisodes dans des combats de gifle afin d’accéder à la grande finale pour remporter le titre, matérialisé par une ceinture comme dans de nombreux sports de combat, et empocher les 10 000 dollars. Tout est pensé comme un show de téléréalité, avec interviews, des moments en immersion dans la “Power Slap House”, un lieu où se réunissent les participants, et évidemment du drama et des séquences émotion.

Disponibles sur la chaîne YouTube de l’UFC, les épisodes, dont les miniatures mettent toutes en avant Dana White au détriment des compétiteurs, cumulent individuellement entre 100 000 et 3 millions de vues, au même titre que les vidéos de compilation des “meilleurs KO”. Cependant, la Power Slap League a surtout fait parler d’elle au détour de nombreuses critiques et polémiques portées par plusieurs professionnels des sports de combat, dont des anciens combattants de l’UFC, mais aussi par des professionnels de la santé et de nombreux internautes.

Les premières critiques se portent évidemment sur la dangerosité de ces combats qui ont lieu sans aucune protection. Dans une interview donnée à Insider, l’ancien catcheur Chris Nowinski, désormais neuroscientifique, a affirmé que ces combats représentent de “grands risques de lésions cérébrales”, précisant qu’il “suffit d’une commotion cérébrale pour que tout soit différent pour le reste de sa vie”. Pour l’ancien catcheur, ces combats n’ont rien à voir avec le monde du sport : “Il y a une limite à ce qui est approprié pour être considéré comme du sport, et ceci nous montre où se trouve cette limite. Et elle est largement dépassée”.

“Il n’y a pas d’autre sport plus dangereux que celui-là pour le cerveau.”

Contacté par Le Parisien, spécialiste des commotions chez les sportifs, Dr Jean-François Chermann a confirmé le caractère dangereux du Power Slap : “Pour moi, il n’y a pas d’autre sport plus dangereux que celui-là pour le cerveau”. Le neurologue précise que cela peut engendrer de nombreux symptômes pouvant durer “de quelques heures à plusieurs mois”, tels que “les maux de tête, la fatigue et les trous de mémoire”.

D’autres critiques ont aussi émané sur d’autres sujets, notamment concernant les salaires proposés aux combattants. Selon les informations communiquées par l’UFC, chaque combattant aurait reçu 2 000 $ pour son premier combat, puis 2 000 $ à chaque victoire, ainsi qu’une récompense de 10 000 $ pour les vainqueurs de la compétition dans chaque catégorie. Ces sommes sont jugées insuffisantes par de nombreux commentateurs, à l’image de l’ancien combattant de MMA Eric Spicely qui s’est dit “choqué” par les échelles de rémunération qu’il semble considérer comme étant trop faibles.

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Ciblé par de nombreuses critiques, tant sur la dangerosité de cette compétition que sur le fait que le président de l’UFC n’y verrait qu’une opportunité financière, ce dernier a réagi dans un épisode en affirmant que “personne ne vous oblige à regarder” et que “si cela vous dégoûte, vous n’avez qu’à aller regarder The Voice. Dans l’émission The Pat McAfee Show, Dana White a affirmé être en train de travailler “sur un accord pour filmer la saison 2 à Fight Island à Abu Dhabi”.

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