Pas de serveur ? Pas de problème : ce restaurateur a embauché un robot

Pas de serveur ? Pas de problème : ce restaurateur a embauché un robot

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© MATTHIEU RONDEL / AFP

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Par Konbini avec AFP

Publié le , modifié le

Il peinait à recruter et a donc décidé de se payer les services de Bella, pour 20 000 euros.

“Chers clients, votre commande est prête, merci de retirer vos plats du plateau !”. L’invitation ne vient pas d’un serveur, mais d’un robot, dernier recours d’un restaurateur du Lot face aux difficultés de recrutement croissantes que connaît sa filière.

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L’arrivée de la saison n’est pas tellement le problème pour Geoffrey Ruamps, 33 ans, dont le restaurant Cap 180 à Cieurac, près de Cahors, n’ouvre que le midi en semaine et accueille surtout des employés de la zone d’activité voisine. C’est toute l’année qu’il aurait besoin d’aide pour servir ses 60 à 70 couverts.

“Depuis le Covid, c’était très, très compliqué”, dit-il. Les rares candidats, qu’il a bien fallu prendre à l’essai malgré leur inexpérience, ont fini par jeter l’éponge. La restauration est, dit-il, un secteur “difficile”, “qui ne fait plus rêver”.

Selon une étude récente du ministère du Travail, 75 % des entreprises du secteur de l’hébergement-restauration déclaraient fin 2022 rencontrer des difficultés de recrutement. Alors, faute de serveurs de chair et d’os, Geoffrey Ruamps s’est tourné vers ceux de métal et puces électroniques.

Pour 20 000 euros, il s’est attaché les services d’un BellaBot, sorte de tour blanche sur roulettes haute d’environ 1,30 mètre, affublée d’oreilles et de mimiques de chat, ainsi que de quatre plateaux superposés grâce auxquels elle peut servir plusieurs tables.

Son fonctionnement, en théorie, est très simple : après avoir scanné la disposition des tables dans la salle, le robot peut amener les plats de la cuisine aux clients, qui se servent eux-mêmes. Bella détecte ensuite l’absence des assiettes et peut repartir.

“C’est un gain de temps énorme”, note le patron. “Mais ça ne prend pas de commande, ça ne s’occupe pas du bar ou des cafés… Ça reste de la robotique pure, donc un fonctionnement très, très limité.”

Réfractaires

Et puis, en pratique, ça se complique. Ce jour-là, Geoffrey Ruamps et son épouse Stéphanie Fourmy, 38 ans, ont constitué deux grandes tablées pour des réservations. Perturbée par le changement de disposition des tables, Bella s’arrête à quelques mètres des convives. Le maître des lieux doit donc l’accompagner pour assurer le service.

Il intervient aussi pour d’autres clients, que le robot était pourtant parvenu à atteindre. En fin de service, le restaurateur justifie : “Certains sont un peu réfractaires” à se servir eux-mêmes.

La plupart des clients, souvent des habitués, comprennent “totalement” la démarche. Passée la surprise, ils s’y sont faits et certains trouvent même amusant que Bella, quand on lui caresse les oreilles, se mette à miauler.

D’autres se montrent moins compréhensifs, à l’instar de Laurence Valentin, 58 ans, qui assène : “Si on payait mieux les gens, on aurait peut-être de la main-d’œuvre !”.

Pourtant, Geoffrey Ruamps assure avoir proposé 1 200 euros nets pour 25 heures par semaine, soit près de 2 000 euros ramenés à un temps plein. “À la fin, on ne parlait même plus de salaire. Si quelqu’un avait besoin de 100 ou 150 euros en plus, on s’alignait, on n’avait pas le choix”, confie-t-il.

Face au “désarroi” du secteur, le président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie du Lot (UMIH 46), Quentin Pivaudran, dit lui aussi comprendre le recours à des robots serveurs. “C’est triste, mais ça a le mérite de fonctionner”, lâche-t-il. Mais le phénomène n’a selon lui pas vocation à se généraliser. “Il y a des types de restaurants où ça ne fonctionnera jamais.”