On est allés faire de la boccia avec Mathilde Troude, athlète paralympique, et… la Phryge, bien sûr

On est allés faire de la boccia avec Mathilde Troude, athlète paralympique, et… la Phryge, bien sûr

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Mathilde Troude, athlète paralympique de boccia et la Phryge @Konbini

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Par Mélissa Chevreuil

Publié le

Quelque part entre la pétanque et les échecs, cette discipline est bien plus technique et stratégique que je ne l’imaginais.

“Comment ça se prononce exactement ? Bo-chia ? Bo-ssia ? Bo-kia ?” Ça commence fort. Encore quelques heures avant mon arrivée au Club France, lieu ouvert en période paralympique à toutes et tous pour découvrir et célébrer les Jeux, je ne suis même pas sûre de la bonne prononciation en ce qui concerne la boccia (à prononcer bo-chia avec votre plus bel accent italien et qui veut dire boule, donc), ni même de savoir exactement ce que c’est, si ce n’est que ça rassemble vaguement à de la pétanque. À tort. Sans équivalent aux Jeux olympiques, c’est un peu (beaucoup) plus subtil que cela et surtout, contrairement à ce que j’imaginais, le sport est loin d’être né récemment. “Les gens ne le savent mais ça ne date pas d’hier !”, m’explique Ludivine Munos, ancienne athlète en para natation multimédaillée qui travaille désormais à Paris 2024. “C’est une discipline historique du mouvement paralympique qui apparaît dès 1984. Ce n’est pas encore très connu en France car nos athlètes français ne se sont qualifiés pour la première fois qu’à Tokyo, en 2021 donc.” Alors oui, ça ressemble à de la pétanque avec le “Jack “, une balle blanche qui fait office de cochonnet et de laquelle il faut se rapprocher au maximum. La discipline se pratique par catégories, en individuel ou en équipe et mixte. Si jamais, on vous explique avec encore plus de détails les règles juste ici.

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Là où je suis surprise, c’est par l’aspect stratégie. Je dirais même : chipie. Mathilde Troude, athlète paralympique venue sur le stand pour présenter la discipline (et affronter les curieux de passage) compare même le sport aux échecs. “Il faut anticiper le coup d’après pour être en avantage sur le match, sur l’adversaire. Ça demande autant de calme que de réflexion, c’est plus intense qu’on ne le pense !” La confrontation entre Aurélie Aubert, fraîchement auréolée de sa médaille d’or et pourtant “seulement” 16e mondiale face à la Singapourienne Yee Ting Jeralyn Tan, 2e mondiale, en est clairement la preuve. Ce qui impressionne et interpelle aussi, ce sont les rampes utilisées selon les handicaps des sportifs. Ceux qui ne peuvent lancer à la main travaillent en binôme avec un assistant (qui ne peut pas filer de conseils, ce serait trop facile !) pour diriger ladite rampe. Ils peuvent alors utiliser une tige sur un casque vissée sur la tête, par exemple, mais aussi leur bouche ou leurs pieds. La précision de Mathilde Troude, diabolique, me laisse sur le fessier. Et je ne suis pas la seule.

La rampe qui permet de viser @Konbini

Partout, les visiteurs qui passent ont l’air de dire “facile”, avant de déchanter une fois sur le terrain, tant la discipline est plus pointue. “Je m’attendais à des balles plus lourdes, j’ai été surpris et je n’arrivais pas trop à calculer la trajectoire”, me dira Gabriel, pas si fier de sa performance pourtant honorable – et puis, c’est l’intention qui compte. Arrive ensuite l’autre star de l’après-midi, si ce n’est des Jeux, jadis moquée, aujourd’hui célébrée : la Phryge, bien sûr ou, comme nous dirions avec mon collègue Alessandro, notre Dua Lipa française (il est second degré, moi premier, ou l’inverse, je ne sais plus trop). Entre quelques “checks” et selfies, la plus goofy et mignonne des mascottes tente sa chance. Bon, son lancer manque encore un peu de souplesse et de conviction. “Il y a les entraînements qui aident”, me dit Mathilde Troude en souriant, ravie de voir le personnage jouer le jeu avec tous les passants désireux de l’affronter. Déso pas déso chère bestie rouge écarlate, mais ça veut dire qu’il va falloir que tu reviennes et que cette fois-ci, tu vises mieux le jack.