On a classé (objectivement) les pires saisons des gros clubs européens

On a classé (objectivement) les pires saisons des gros clubs européens

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Photo by FRANCK FIFE / AFP

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Par Tidiany M'Bo

Publié le

Alors que la saison de foot est désormais achevée, bon nombre de clubs ambitieux ou historiques ont vécu une année tourmentée. Mais qui a vécu la pire ?

Qu’elle semble lointaine, la candeur de l’été avec ses ambitions et ses beaux discours pleins de bonnes intentions. Une dizaine de mois plus tard, voici venue l’heure du bilan et il n’est pas forcément reluisant pour tout le monde. Entre les clubs historiques en danger et ceux qui ont perdu leurs illusions au fil de la saison malgré des moyens et des investissements importants, les déceptions sont nombreuses, sans parler des fois où on a carrément flirté avec l’accident industriel.

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#5. Hertha Berlin

La perspective d’un grand club de foot à Berlin est-elle vouée à demeurer un éternel fantasme ? Le Hertha avait pourtant des arguments pour que la capitale allemande s’affirme enfin comme une place forte, notamment un stade historique et une présence continue de 10 ans dans l’élite allemande depuis sa remontée en 2013. À partir de 2019, il y a même eu des moyens importants déployés par Lars Windhorst, investisseur allemand implanté au Royaume-Uni, qui a injecté pas moins de 400 millions d’euros pour racheter 50 % des parts du club et se tailler un effectif flambant neuf avec l’idée de faire du Hertha ce grand club que Berlin attendait.

Sauf que rien ne se passe comme prévu, les joueurs achetés pour certains à prix d’or (Tousart, Piatek, Cunha, Córdoba, Lukebakio) et les coaches (Klinsmann, Dárdai, Labbadia, Magath…) défilent pour que finalement, trois ans plus tard, Windhorst cède ses parts au fonds d’investissement 777 Partners (qui possède, entre autres, le Standard de Liège, le Genoa, Séville ou encore le Red Star) alors que la relégation du club en Bundesliga 2 est désormais actée. Un énorme flop. Le pire dans tout ça, c’est que c’est le “petit frère” de l’Union Berlin, parti d’un titre de champion de D3 en 2009 et promu en Bundesliga en 2019, qui s’apprête à disputer la Ligue des champions pour la toute première fois de son Histoire…

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#4. Valence

Aux nostalgiques des années 2000, la simple évocation d’un Valence relégué en 2e division aurait de quoi surprendre. Sauf que, depuis la période dorée des Mendieta, Carew, Cañizares, Ayala, Aimar et autres Kily González (doubles finalistes de la Ligue des champions en 2000 puis 2001), l’eau a coulé sous les ponts.

Aujourd’hui, le FC Valence se bagarre pour sa survie en Liga. Cette situation est le résultat d’une gestion sportive cataclysmique de plusieurs saisons de la part du propriétaire, Peter Lim, qui pilote le club à distance depuis Singapour et se distingue depuis sa prise de fonction par des investissements et des choix de politique sportive très contestables. Depuis 2019 et sa dernière participation à la Ligue des champions avec Marcelino sur le banc, les coaches s’enchaînent et la qualité des joueurs recrutés décline de façon spectaculaire, tout comme les investissements de Peter Lim. Aujourd’hui, la seule “star” du club, c’est un Edinson Cavani au crépuscule de sa carrière (36 ans). Valence termine finalement 16e de Liga, à deux petits points de la 18e place, synonyme de relégation, mais en ayant tremblé jusqu’au bout et en donnant la sensation d’avoir retardé l’échéance plus qu’autre chose…

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#3. Bayern

Une saison 2023 à montrer dans toutes les écoles de sabordage. Habitué à prendre des décisions aussi fortes qu’assumées, le club bavarois s’est cette fois-ci planté dans les grandes largeurs. Face à la perspective d’un triplé historique, et alors que s’amorçait la période charnière de la saison, le Bayern Munich a décidé de limoger son coach, Julian Nagelsmann, qui avait pourtant qualifié son équipe pour les quarts de finale de la Ligue des champions (avec huit victoires en huit matches, contre le Barça, l’Inter et le PSG notamment). Le pedigree de son remplaçant, Thomas Tuchel, suffit à l’époque à ce que les observateurs accueillent positivement ce changement de cap, y voyant une décision d’anticipation, beaucoup plus que la fébrilité qu’elle traduisait chez les dirigeants.

“Avons-nous une équipe de haut niveau ? Oui. Mais les performances n’étaient pas au rendez-vous. Les performances étaient insuffisantes”, avait de son côté expliqué Hasan Salihamidzic, le directeur sportif du club, pour justifier cette décision. Sauf que quelques jours plus tard, le Bayern est éliminé à domicile de la Coupe d’Allemagne par Fribourg, avant d’être sévèrement giflé par Manchester City (0-3, 1-1) en Coupe d’Europe. Finalement, si le Bayern a fini par ramasser in extremis la Bundesliga que Dortmund a tout fait pour ne pas gagner, Hasan Salihamidzic et Oliver Kahn, son président, ont d’ores et déjà été limogés…

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#2. PSG

Il faudrait bien plus que quelques lignes pour relater ce qu’a été l’incroyable saison du PSG, sur le terrain et en coulisses, à savoir un feuilleton aux multiples rebondissements qui aurait de quoi faire pâlir certains des meilleurs scénaristes d’Hollywood. Alors certes, les six premiers mois ont pu bercer d’illusions une partie des observateurs et supporters, probablement aveuglés par cette invincibilité dans les résultats (première défaite de la saison à Lens, le 1er janvier 2023) et par le côté spectaculaire affiché d’un trio Mbappé-Messi-Neymar alors décidé à bien se préparer pour la Coupe du monde. Mais dès lors que les grandes échéances ont commencé à poindre à l’horizon, les problèmes structurels du club ont refait surface, entre faiblesse institutionnelle, république des joueurs et faiblesse du projet de jeu incarné par Christophe Galtier, loin, très loin des effets d’annonce qui ont accompagné l’arrivée du coach et la prolongation de Kylian Mbappé durant l’été.

Si l’on devait faire un medley des aventures parisiennes cette saison, on pourrait citer pêle-mêle l’affaire du char à voile, les accusations d’islamophobie, le 4-4-2 digne d’un petit poucet en Coupe face au Bayern en LDC, la façon dont il a systématiquement ciblé les jeunes plutôt que ses stars, ou encore ce PSG-Lille où Luis Campos est venu coacher à sa place à la fin du match, pour Christophe Galtier. On a aussi eu la très prévisible guerre des egos entre Mbappé (Pivot Gang, critique de la vidéo des réabonnements), Neymar (entre pokergate, photo au McDo et likes provocateurs sur Instagram) et Messi (qui sèche l’entraînement pour remplir ses obligations commerciales avec l’Arabie saoudite). N’oublions pas les seconds rôles, avec un capitaine, Marquinhos, défaillant comme jamais sur le terrain, totalement à côté de la plaque dans ses interviews, mais qui a quand même reçu une belle offre de prolongation en récompense, le tout chapeauté par un Nasser al-Khelaifi visiblement plus impliqué au moment de rameuter Kim Kardashian et compagnie au Parc des Princes plutôt que d’écouter la colère de ses supporters. Voilà le souvenir que le PSG, 10 défaites en 2023, laissera de la saison où il sera devenu le club le plus titré de l’Histoire de la Ligue 1…

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#1. Chelsea

Arriver à faire relativiser ce qu’il se passe au PSG depuis des mois est une performance qu’il était impossible de passer sous silence, une perf qu’il faut savoir apprécier à sa juste valeur. C’est pourquoi Chelsea mérite sa place tout en haut du classement des flops de la saison et d’assez loin. Alors certes, il y a des circonstances particulières pour les Blues cette saison, avec l’arrivée d’un nouveau propriétaire, l’Américain Todd Boehly, en lieu et place de Roman Abramovitch, contraint de vendre le club après 19 ans, en raison de la situation géopolitique entre la Russie et l’Europe. Mieux qu’une simple prose, nous avons préféré proposer cette farandole de chiffres tous plus éloquents les uns que les autres :

  • 680 : c’est, en millions d’euros, le montant dépensé cette saison par la nouvelle direction sur le recrutement, dont 121 sur le seul Enzo Fernández, record de Premier League
  • 4 : c’est le nombre d’entraîneurs différents, intérimaires compris, à s’être installés sur le banc des Blues cette saison (Tuchel, Potter, Saltor, Lampard)
  • 57 : c’est, en millions d’euros, le montant dépensé par les nouveaux propriétaires en indemnités de licenciement pour les renvois de Tuchel puis Potter… Ces 57 millions auront permis de passer de Lampard à Lampard en deux ans
  • 1 : par deux fois, Chelsea a réussi la “performance” de ne marquer qu’un seul but sur un mois de compétition (février 2023 et avril 2023)
  • 9 : la plus longue série de matches sans victoire du club cette saison
  • En Premier League, Erling Haaland a marqué presque autant de buts à lui tout seul (36) que toute l’équipe de Chelsea (38)
  • Chelsea termine 12e de Premier League, son plus mauvais classement depuis 1994

Si, avec ça, vous n’êtes pas convaincus…

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