L’officewear, ou comment les femmes se réapproprient le costume “masculin”

L’officewear, ou comment les femmes se réapproprient le costume “masculin”

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Par Cheynnes Tlili

Publié le

Si vous pensiez que porter un tailleur-pantalon est un geste anodin, sachez que c’est en réalité le résultat de longues années de lutte féministe.

Il est grand temps d’entrer dans sa boss bitch era. Pas seulement parce que c’est la rentrée, mais surtout parce que l’automne est presque déjà là. À nous donc de s’approprier tout ce qu’on a vu lors des précédentes Fashion Weeks qui se tenaient en mars dernier, car les tendances se croisent, certes, mais s’il y en a une qui domine ce mois de septembre, c’est bien celle de l’officewear (ou vêtement de bureau). Mis en avant lors des présentations des collections automne-hiver 2023 par Stella McCartney, Balmain ou Balenciaga (pour ne citer qu’elles), cela n’indique qu’une chose : l’heure est à s’offrir des boutons de manchette et une paire de mocassins.

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D’autant plus quand la trend est déjà adoptée par les indémodables coqueluches qui font et défont les tendances comme Hailey Bieber, véritable ambassadrice de cette tenue en vogue. Ce vêtement masculin par excellence fait aussi partie des intemporels du dressing féminin nous faisant presque oublier que se glisser à l’intérieur d’un tailleur-pantalon ne fut pas si easy pour les pionnières de cette mode.

Un combat mené par des icônes

En 1793, la loi est claire : il fallait respecter la distinction des genres. Les femmes n’avaient nullement le droit de porter un pantalon. Elles devaient se contenter d’une sorte de tailleur-jupe, plus pratique que la robe à panier, mais toujours contraignante, car ce denier rend les déplacements plus compliqués. Paul Poiret, à qui l’on doit la fin des corsets, tenta d’offrir cette liberté de mouvement aux femmes en présentant le premier pantalon dans les années 1910, mais sans succès. De son côté, Coco Chanel se met à porter ce vêtement interdit et participe ainsi à l’émancipation de la gent féminine. Au même titre que Marlene Dietrich avec son iconique smoking, Katharine Hepburn ou Greta Garbo.

Elles tapent encore plus fort et s’affichent en complet deux-pièces brisant les frontières du genre qui étaient jusque-là imposées. Le costume dérange, encore plus que le pantalon. Certains restaurants refusaient même l’entrée à celles qui osaient le porter avec la traditionnelle veste qui va avec. Mais dès 1966, grâce au smoking d’Yves Saint Laurent, les créateur·rice·s s’intéressent de plus en plus à cette nouvelle et première pièce mixte.

Depuis, dans presque chaque collection, on retrouve un tailleur. En définitive, si enfiler ce vêtement masculin et le porter oversize, dans une coupe très masculine, ne pose aucun problème, c’est grâce aux rebelles cité·e·s plus haut. Elles ont pris le risque de briser les conventions. Sans elles, cette tendance n’existerait pas, ou du moins, uniquement dans une version jupe.