Les 23 de 2023 : Corentin Moutet, espoir français du tennis, beatmaker discret et passionné de rap

Les 23 de 2023 : Corentin Moutet, espoir français du tennis, beatmaker discret et passionné de rap

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© Corentin Moutet

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Par Abdallah Soidri

Publié le

"Placer une prod pour Khali ou La Fève serait super sympa."

Depuis plus de 15 ans, Konbini va à la rencontre des plus grandes stars et personnalités de la pop culture dans le monde entier, celles et ceux qui nous font rêver au quotidien à travers leur passion, leur détermination et leurs talents, afin de vous livrer tous leurs secrets.

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En 2023, la rédaction de Konbini a décidé de faire briller avant tout la jeunesse et la création francophones à travers 23 portraits de jeunes talents en pleine bourre, à suivre dès maintenant et dans les prochaines années. Des acteurs et actrices prometteur·se·s aux chanteur·se·s émergent·e·s, des chefs qui montent aux sportifs et sportives en pleine éclosion en passant par des artistes engagées de tout horizon, Konbini vous présente sa liste des 23 personnalités qui vont exploser en 2023.

La fiche d’identité de Corentin Moutet, tennisman, 23 ans

  • Lieu de l’interview ? Une pièce dans son appartement prévue pour faire de la musique.
  • Comment il aborde 2023 ? Une nouvelle page, un nouveau livre, marqués par une collaboration avec un entraîneur étranger, une première.
  • Son meilleur moment de l’année 2022 ? Il y en a trois : jouer Nadal à Roland-Garros, l’US Open et Bercy.
  • Une personnalité qui l’inspire aujourd’hui ? Kylian Mbappé. Il est jeune et c’est un des meilleurs joueurs du monde. “Ce qu’il a accompli pendant la finale du Mondial, c’est vibrant. Il est plein de bonnes valeurs pour les jeunes qui se lancent dans le sport.”
  • C’est bien d’avoir moins de 25 ans en 2023 ? C’est bien d’avoir moins de 25 ans tous les ans.” Corentin Moutet a envie d’être jeune toute sa vie.

“Placer une prod pour Khali ou La Fève serait sympa.”

Portrait. Nous avons rencontré pour la première fois Corentin Moutet il y a quasiment un an jour pour jour, au tournoi Open Sud de France à Montpellier. De ce qui devait être un reportage façon “Une journée avec”, on en a tiré une vidéo sur sa passion et sa pratique du rap – il a déjà sorti un EP, Écorché, et compose à ses heures perdues. Mais cette rencontre est allée au-delà du simple sujet journalistique.

Durant ces quelques heures passées ensemble, on a découvert un homme touchant : sensible, réservé et curieux ; pointilleux, sanguin, à fleur de peau et avec une détestation viscérale de la défaite une fois sur les courts, ce qui lui a valu d’être sanctionné par la Fédération française de tennis (FFT) en fin de saison dernière. À la lecture de ces lignes, l’intéressé sera probablement gêné, estimant ne pas mériter une telle attention, signe de l’humilité qui transpire chez lui. Il aura tort.

“J’ai envie d’en profiter pour devenir tête de série.”

Espoir du tennis français, comme notre pays en produit tant, Corentin Moutet a enfin laissé entrevoir l’étendue de son talent sur le circuit professionnel en 2022. Il aura tout de même fallu attendre la deuxième partie de saison pour le voir briller. Le déclic intervient au 2e tour de Roland-Garros quand il affronte… Rafael Nadal. Sans surprise, le natif de Neuilly-sur-Seine s’incline face au taulier de la Porte d’Auteuil, mais cette rencontre le booste pour la fin de saison.

Dans la foulée, il remporte un titre à Lyon avant de se hisser pour la première fois de sa carrière en 8e de finale d’un tournoi du Grand Chelem, à l’US Open. Une performance qu’il réédite au Masters de Bercy quelques semaines après avoir glané un nouveau trophée à Szczecin (Pologne). Grâce à ses performances, il atteint la 51e place à l’ATP, son meilleur classement à ce jour.

“Ça ne m’amuse pas d’être comme ça.”

Fort de sa fin d’année en boulet de canon, Corentin Moutet aborde 2023 “dans une position totalement différente”. “J’ai envie d’en profiter pour devenir tête de série en Grand Chelem le plus vite possible” pour être protégé lors des tirages au sort et éviter de tomber, par exemple, sur un Novak Djokovic au 1er tour. Pour y parvenir, il compte “garder la mentalité” de la fin d’année, à savoir “aller plus loin” et “repousser [s]es limites”.

Ambitieux, celui qui fêtera ses 24 ans en avril espère donc faire aussi bien, voire mieux, en 2023. S’il se sait attendu, la pression des observateurs et du milieu de la petite balle jaune n’atteint pas ce “perfectionniste”, qui devra composer cette année avec Petar Popovic, son nouvel entraîneur, un étranger. Une première pour lui.

Ce changement de coach fait suite à la sanction de la FFT qui lui reproche un mauvais comportement répété sur les courts. “Si je réagis de la sorte, c’est que je perds le contrôle. Ça ne m’amuse pas d’être comme ça”, se défend le joueur, qui rappelle que le Corentin Moutet en match n’est qu’“une facette” de sa personnalité. “On est dans des situations totalement différentes sur le court et en dehors. Sur le terrain, tu y es pour gagner ton argent et tes points, idem pour ton adversaire. La pression et les émotions sont différentes.”

“Ça doit être dingue d’écouter un son qui tourne et c’est sa prod.”

Quand il n’est pas à l’entraînement ou en train de disputer un tournoi, ce grand timide se réfugie dans la musique et particulièrement dans le rap, une de ses grandes passions. Seul chez lui pendant le premier confinement, il en profite pour enregistrer son premier projet. L’artiste, qui manie aussi bien la rime que la petite balle jaune, se dévoile avec un style mélancolique, aussi bien dans les textes et dans l’interprétation que dans le choix des instrus.

Cette corde supplémentaire à son arc permettra-t-elle à Corentin Moutet d’envisager une seconde carrière dans le rap, en parallèle du tennis ? L’intéressé évacue sans peine cette possibilité : “C’est vraiment grâce au confinement que je me suis mis dedans. Dès que le tennis a repris, j’ai vu que je n’avais pas le temps de faire les deux.”

S’il a rangé son costume de rappeur, Corentin Moutet continue de suivre assidûment l’actualité du genre musical qui cartonne sur les plateformes de streaming, y compris celle des beatmakers. Pas étonnant pour quelqu’un qui aime composer des mélodies sur son ordi entre deux entraînements. “Ça doit être un truc de dingue d’écouter un son qui tourne et que ce soit sa prod”, dit-il sur un ton enjoué. “En placer une pour Khali ou La Fève, ce serait super sympa.”

Les recos de Corentin Moutet

  • Une série : Top Boy, diffusée sur Netflix.
  • Un livre : L’Étranger d’Albert Camus ou Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde.
  • Un film : The Truman Show de Peter Weir.
  • Un album : Trinity de Laylow.

Vous pouvez suivre Corentin Moutet sur Instagram et Twitter.