Face à la persévérance des chants homophobes et des violences dans les stades, les autorités ont décidé de mettre en place une billetterie nominative, tout en assurant que les matchs pourraient être arrêtés, semblant susciter un désaccord entre le ministre des Sports et de l’Intérieur.
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À la suite d’une réunion au ministère de l’Intérieur avec les instances du football français (la FFF et la LFP), le ministre des sports Gil Avérous a demandé, comme ses prédécesseuses, “d’appliquer strictement le protocole Fifa dès qu’il y a un chant homophobe”, à savoir une gradation allant de la “suspension du match” puis son “interruption” jusqu’au match déclaré perdu pour l’équipe qui reçoit en cas de chants homophobes.
Sachant que cette mesure n’est pas nouvelle et que les deux ministres qui l’ont précédé, Amélie Oudéa-Castéra et Roxana Maracineanu en 2019, avaient adressé la même demande aux instances.
Mais cette annonce a été tout de suite remise en cause par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau : “S’il y a des chants homophobes, le mouvement sportif doit prendre ses responsabilités, il doit y avoir une interruption temporaire. Arrêter des matchs est très compliqué, ce n’est pas la bonne solution. Mais il faut une interruption provisoire, éventuellement des exfiltrations même si c’est compliqué au sein d’une tribune”, a-t-il soutenu sur RMC, après la réunion à laquelle les deux ministres ont participé.
Selon la LFP, “l’arsenal juridique existe avec la possibilité de prononcer des sanctions exemplaires en matière d’interdictions de stade, qu’elles soient administratives ou judiciaires”, explique l’instance, qui se dit “favorable à tout ce qui permettra d’identifier et d’interpeller les fauteurs de troubles pour permettre ensuite d’individualiser les sanctions”.
Pour cela, le ministre des Sports a annoncé qu’il allait “signer un arrêté” d’ici le 31 décembre pour “activer la billetterie nominative” pour l’Olympique lyonnais, l’Olympique de Marseille et le PSG. Cette billetterie nominative, qui est déjà active pour certaines rencontres, s’étendra dans un deuxième temps aux autres clubs de Ligue 1 et Ligue 2. Il a fait état du faible nombre d’interdits de stade en France, de l’ordre de “200” contre 3 000 en Angleterre.
De son côté, le ministre de l’Intérieur a assuré qu’il placerait “des policiers régulièrement en tenue de civils dans les stades pour repérer individuellement les fauteurs de troubles”, ajoutant que “les clubs doivent prendre leurs responsabilités. Il faut faire des fouilles”. Il a aussi évoqué le recours à la technologie, “aux caméras algorithmiques”.
Au PSG, il existe une billetterie nominative depuis la saison 2013-2014, selon une source proche du club, qui n’a pas encore réagi officiellement tout comme l’Association nationale des supporters, présente à la réunion.
Le 19 octobre, au Parc des Princes, lors du match PSG-Strasbourg, des supporters parisiens, principalement les Ultras de la tribune Auteuil, ont repris des chants homophobes contre l’OM pendant une dizaine de minutes. Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris et “deux des meneurs” ont été “identifiés” et pourraient donc être sanctionnés.
À la suite de ces chants, le PSG a indiqué prendre “toutes les mesures nécessaires, avant et pendant les matchs, pour s’assurer que le Parc des Princes reste un lieu inclusif pour tous”. Mardi soir, lors du match de Ligue des champions contre le PSV Eindhoven, le PSG a renforcé son dispositif avec des messages sur les écrans, des e-mails aux abonnés et plusieurs prises de parole du speaker.
Alors que le choc OM-PSG se tient dimanche à Marseille, Gil Avérous a bien préconisé un arrêt de la rencontre en cas de problème (homophobie, racisme, violences, etc.). “Les matchs qui opposent ce week-end Lille-Lens et Marseille-Paris risquent fortement de ne pas aller à leurs termes”, a réagi l’association Rouge Direct, qui milite pour plus de prévention depuis des années et qui demande la mise en place de commissions d’observation tripartites pendant les matchs (Intérieur, club et associations LGBT).