La marque Études et le peintre Jean-Baptiste Bernadet nous dévoilent les secrets de leur collab exclusive

La marque Études et le peintre Jean-Baptiste Bernadet nous dévoilent les secrets de leur collab exclusive

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© Tom de Peyret pour Études Studio

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Par Flavio Sillitti

Publié le , modifié le

Combo parfait : quand la peinture rencontre la mode.

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À l’occasion de la Fashion Week de Paris, la marque Études a dévoilé sa collaboration printemps-été 2023 avec l’artiste peintre français basé à Bruxelles Jean-Baptiste Bernadet. À partir de deux des tableaux abstraits et poétiques de Bernadet, la marque a créé un vestiaire de huit pièces exclusives et colorées qui tranchent avec l’épuré monochrome identitaire de la griffe. Quatre pièces de la collection avaient déjà été dévoilées en juin 2022, avec notamment Orelsan en invité remarqué, habillé d’un ensemble chemise-bermuda issu de la fameuse collaboration.

“Nous suivions le travail de Jean-Baptiste depuis plusieurs années. Ses peintures et l’image qu’elles renvoient se sont imposées à nous et ce que nous souhaitions exprimer à travers nos imprimés, la couleur et la matière”, indique la marque parisienne. Le thème de la collection Études n° 21 étant la périphérie, “nous avions en tête ce lieu mythique parisien qu’est la Petite Ceinture, ses friches ou terrains vagues qui l’entourent avec des visions de zone de transit, entre ville et industrie, où la nature reprend le dessus sur des constructions abandonnées”, confie Aurélien Arbet, directeur artistique d’Études, à Konbini.

En ce sens, les deux pièces de Bernadet, par des abstractions de peinture arc-en-ciel pour l’une et une impression de magma goudronneux pour l’autre, se prêtent efficacement à la capsule. “La première peinture devient un imprimé scintillant qui évoque la lumière et les fleurs de printemps, la deuxième renvoie à la matière de l’usure, la rouille, et au temps qui passe”, indique la marque.

Pour Jean-Baptiste Bernadet, l’attrait pour la mode est surtout technique : “La mode, comme savoir-faire, m’a toujours intéressé”, confie-t-il. Ce n’est pas qu’il est le plus grand “fashionisto”, comme il l’avoue lui-même : “Je porte une sorte d’uniforme invisible depuis toujours, dans lequel je me sens à l’aise. Mais le côté artisanal, de très haut niveau, m’intéresse beaucoup.”

Alors, lorsqu’il a été question de collaborer avec la marque, l’artiste peintre l’a davantage vécu comme une évidence qu’un compromis. J’ai répondu tout de suite positivement à l’invitation d’Études. Mon travail se prête bien à cela, dans le sens où il a déjà un côté textile, tissage.” Pour lui, il est intéressant de jouer avec la frontière présente entre ce qu’il appelle “art” et “artisanat”. Jean-Baptiste Bernadet partage :

“Je n’ai pas une idée de la peinture qui fait que je pense qu’elle s’oppose à des champs créatifs “mineurs”, du moment que chacun fait ce qu’il a à faire, à sa place. Je ne confonds pas art et artisanat, mais la rencontre entre les deux est très intéressante.”

Alors que les tableaux de Bernadet sont gorgés de teintes et de contrastes, la mode d’Études a fait ses preuves avec son approche radicalement simple et son usage parcimonieux des motifs et des couleurs. Un grand écart qui a séduit le peintre : “Comme leurs vêtements sont assez sobres et épurés dans leur dessin, il n’y a pas de contradiction entre le dessin du vêtement et la couche de couleur qui y est apportée, je trouve ça très simple et très efficace.”

En résultent des pièces qui accrochent l’œil sans le brusquer, où les impressions se fondent sans limite ou contour dans l’ensemble du textile. “Je crois qu’on peut voir ça comme une sorte de mirage, d’illusion optique, comme si les vêtements étaient ultrasimples, tout blanc, et que de la couleur y était projetée, par accident en quelque sorte, en passant devant des vitraux, ou devant un écran de cinéma”, se réjouit Jean-Baptiste Bernadet.

La collaboration s’est faite le temps d’une année, par échanges intermittents, l’emploi du temps bruxellois de Bernadet ne lui permettant pas de s’investir autant qu’il l’aurait souhaité dans la confection des pièces. Mais l’artiste préfère voir le verre à moitié plein : “J’ai pris le parti de penser mon intervention vraiment comme un layer par-dessus leurs vêtements, et cela me convient comme ça.”

Ce n’est pas la première fois qu’Études s’inspire de l’art pictural pour confectionner ses pièces, comme le démontrent notamment les collections Études x Yves Klein ou Études x Jean-Michel Basquiat. Heureusement, Jean-Baptiste Bernadet ne s’impose pas encore la pression de succéder à ces légendes, comme il nous le confie avec humour : “Je suis encore en vie pour un petit moment je l’espère, j’ai donc le droit de ne pas avoir à me mesurer aux morts. Ce serait trop injuste !”