De Toulouse à la victoire au Stade de France, un supporter du Téfécé nous raconte sa folle épopée

Un voyage pas comme les autres

De Toulouse à la victoire au Stade de France, un supporter du Téfécé nous raconte sa folle épopée

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© Anthony M. pour Konbini

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Par Robin Panfili

Publié le

Un supporter toulousain nous a embarqués dans ses valises entre Toulouse et Paris, jusqu’à la victoire finale.

Ce week-end, Toulouse renouait avec le triomphe en remportant la Coupe de France, 66 ans après son dernier sacre dans la compétition. Une victoire large et méritée, scrutée de près par les Toulousains restés dans la Ville rose, mais surtout ceux qui avaient fait le déplacement dans la capitale. Parmi ces 21 000 supporters, Anthony, un fidèle du Téfécé, a accepté de documenter pour nous ce déplacement pas comme les autres.

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Konbini | Quand est-ce que tu t’es décidé à partir voir la finale à Paris ?

Anthony | Avec la bande de potes habitués du TFC, on a commencé à en parler après la victoire du Téf face à Reims, 3-1. À cette époque, Reims était sur une énorme série de victoires en championnat et le fait que nos Violets gagnent, avec la manière en plus, on s’est dit qu’il était en train de se passer quelque chose. Et pourquoi pas rêver d’une finale au Stade de France. Après les victoires contre Rodez et Annecy, c’était chose faite : on était en finale. Donc la question ne se posait même plus, on y va !

C’était important pour toi de faire le déplacement ?

C’était très important pour moi d’aller supporter notre équipe dans cette dernière ligne droite. Après toutes ces années de galère qu’on a connues, ce groupe nous a fait vibrer depuis l’an dernier, c’était donc important pour moi, bien entendu, de vivre cette finale au Stade de France avec tous les supporters, mais aussi ma manière de remercier les joueurs et le staff pour leur parcours et ces émotions qu’ils nous ont procurées.

Comment tu t’es organisé ? C’était galère ?

Alors, honnêtement je ne suis pas le roi de l’organisation (il rit). Je dois remercier mon ami Thomas. La réservation des billets en ligne, ça, c’était assez drôle car on était connectés et on discutait tous ensemble sur Messenger pour essayer d’avoir des places ensemble, donc on actualisait nos paniers, puis les places disparaissaient, et on attendait dix minutes pour pouvoir avoir de nouveau la possibilité de réserver. C’était un jeu de patience, mais ça nous a rendus fous. Je crois que j’ai enfoncé la touche 5 (“actualiser la page”) de mon clavier ce soir-là. On gueulait sur la conversation : “J’ai deux en Z11, je fais quoi ???”, “Attends, j’en ai qu’une en Z12 ! J’essaie d’appeler Ben”, “P*****, il est sur messagerie”. Quand j’y repense, on était des grands malades. On a fini par y arriver et nous voilà avec nos cinq places en poche, prêts pour la finale.

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Comment s’est passé le déplacement jusqu’à Paris ?

La veille du match, le vendredi soir donc, j’étais bien stressé et excité, je suis allé boire quelques bières avec des potes dans notre rade habituel à Toulouse… Je n’ai pas dormi de la nuit. Me voilà donc en tout droit, à 7 heures du matin à notre point de rencontre, pour le grand départ. On est tous super contents et excités par ce périple qui nous attend. Ça commence direct dans l’ambiance puisque à peine les premiers kilomètres d’autoroute avalés, on commence à doubler les bus des supporters de Toulousains [il y avait environ 50 bus de supporters toulousains, ndlr], donc forcément, tout le monde klaxonne et secoue son écharpe à chaque fois. On croise aussi beaucoup de gens en voiture comme nous avec l’écharpe étendue sur la banquette arrière sur lesquelles on pouvait lire des “Forza Viola”. C’était dingue, l’autoroute était VIOLA !

La route n’était pas trop longue ?

Il est 9 h 30, premier stop sur une aire d’autoroute pour prendre un café – j’en avais bien besoin. Il y a des bus de supporters qui sont là aussi, certains sont déjà en train de descendre des litres de bière et d’un coup “boum”, feu d’artifice sur le parking, des coups de mortier. Les mecs sont trop chauds, on se dit : “OK, ça va être incroyable”. On enchaîne les kilomètres d’autoroute, on a un peu mal au cul à l’arrière de la voiture, mais l’excitation monte de plus en plus. Il est midi, on s’arrête sur une aire pour casser la croûte, c’était marrant à voir car on avait l’impression d’être au Jardin des Plantes de Toulouse, il y avait que des Toulousains vêtus de Violet qui prenaient l’apéro et mangeaient. Tous ces sourires au visage, c’était vraiment cool à voir.

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Et l’arrivée à Paris ?

Après 7 heures de route, on arrive aux abords de Paris… et on commence à croiser des bus et voitures de supporters nantais. Ça se charrie gentiment en secouant les écharpes, c’est bonne ambiance sauf une fille qui nous a fait un doigt d’honneur mais qui n’a pas assumé puisqu’elle s’est vite retournée dans sa voiture (il sourit). Il nous reste une heure, on n’en peut plus. Ben, copilote à ce moment-là, après avoir englouti une bonne partie du voyage, nous met les chants des Indians sur Spotify et on se met à chanter dans la voiture et taper le rythme. On enchaîne avec du Claude Nougaro, on commence à saturer de la voiture puisqu’on a même écouté Zebda et d’autres artistes toulousains. Plus que huit minutes de voiture, Marina n’en peut plus et veut même les faire à pied.

C’était comment, l’avant-match ?

Une fois arrivés, on saute dans le RER D jusqu’au Stade de France. On est guidés par les CRS vers le square des Acrobates, point de départ du cortège. Le cœur qui bat bien fort, il y a des fumigènes partout, on entend les mortiers qui pètent, les chants bien fort : “Allez Toulouse FC, personne peut nous arrêter !”. On y est, bordel, et que c’est bon. On croise pas mal d’habitués du virage Brice, on chante tous, on ne forme qu’un ! Soudain, j’entends un mortier qui pète pas loin de moi et je me le prends en plein dans le tibia, ça crame mon jean et je me rends compte que je vais m’en sortir avec un bel hématome, mais ce n’est pas grave, je suis chaud bouillant (il sourit).

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C’était cool d’être autant au Stade de France ?

Une fois arrivés au point de fouille des CRS, premier filtre avant l’entrée dans le Stade… On doit le dire, c’était long, très long… on a attendu presque 1 heure 30 pour pouvoir rentrer… Les supporters montent aux arbres et lancent des chants du virage Brice, il y a des fumigènes partout, j’aperçois même une banderole “Chocolatine”. Encore un peu de patience et ça y est, on est dans le Stade. On découvre nos places, le Stade est déjà quasi plein, les Nantais sont très nombreux. Les supporters toulousains donnent déjà de la voix, coup d’envoi dans une heure, donc on va chercher des bières, même si l’organisation était un fiasco.

Comment s’est déroulé le match depuis la tribune ?

Bière à la main, debout à nos places, on chante déjà très fort, c’est l’heure du Tifo avec l’arrivée des joueurs. La bâche nous tombe dessus depuis la tribune supérieure, tout le monde s’y met pour déployer ce magnifique Tifo réalisé par notre fidèle du TFC et artiste confirmé Mahell de Narval (bravo, mon pote !). Quelle ambiance ! Le match commence à peine j’ai déjà les larmes aux yeux à chanter avec tout le monde et, quelques minutes plus tard, BOUM, BUT DE COSTA ! Le virage explose, on se saute tous dans les bras, c’est trop beau ! J’en ai les larmes aux yeux rien que d’en reparler. Quelle équipe ! 2e but, 3e but, 4e but, mon dieu, mais qu’est-ce qu’il se passe ? Je vois plein de gens pleurer de joie dans les tribunes, je n’ai plus de voix tellement j’ai gueulé sur tous les chants ! C’est incroyable ce qu’ils sont en train de faire, c’est historique ! Je recevais des messages de mon père qui regardait le match chez lui, moi, je lui envoyais des photos. 

© Anthony M. pour Konbini

Et la seconde mi-temps ?

C’est l’euphorie dans le virage, je ne trouve plus ma place, me voilà avec un groupe de supporters pour la seconde mi-temps, je n’arrive même pas à réaliser ce qu’il se passe. On prend le penalty, mais même pas le temps d’avoir un doute qu’Aboukhlal vient nous offrir le 5e but devant nos yeux. Là, c’est l’explosion totale de joie ! Je prends une douche de bière, on se prend tous dans les bras, c’est magique ! Le match se termine, explosion de joie encore une fois. Vite, vite donne-nous la coupe !

La présentation de la Coupe devant le virage, j’ai complètement craqué, les larmes coulent, c’est magique ! Merci le Téf ! En quittant le Stade, j’ai le souvenir qu’on marchait tous en chantant et il y avait un père et son enfant, supporters de Nantes au milieu de nous tous et un supporter du Téf a donné son écharpe au petit. C’était vraiment beau à voir, c’est ça, le foot !

Et le retour, comment ça s’est passé ?

On est allés fêter la victoire dans Paris jusqu’au petit matin avant de reprendre la route pour Toulouse. Le réveil était difficile mais ça valait le coup. Sur le chemin du retour (merci, Ben, qui a conduit tout le long) ça ne bronchait plus dans la voiture, j’ai tapé un menton-torse à peine passé le périph et j’ai dormi. Arrivés sur Toulouse, c’était la fête, je passe sur la place Saint-Pierre, tous les Toulousains sont en violet, chantent et dansent, on n’est pas prêts de s’en remettre, de cette finale. Merci le Téf, les joueurs, le staff, le virage Brice, les supporters, les Toulousains ! Merci à mes potes Thomas, Ben, Camille et Marina avec qui j’ai partagé ce périple qui restera gravé à jamais dans mon cœur violet !