Un fossile vieux de 280 millions d’années ? Perdu, c’était une tache de peinture

Un fossile vieux de 280 millions d’années ? Perdu, c’était une tache de peinture

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Par Pierre Bazin

Publié le

Un mystère de presque 90 ans vient d’être résolu, et la conclusion est un peu décevante.

En 1931, Gualtiero Adami, employé de musée et ingénieur italien, découvre ce qui semble être un mystérieux fossile dans les tréfonds des Alpes italiennes, près du village de Piné. La même année, le géologue Giorgio Dal Piaz l’identifie comme un nouveau genre de reptile, le nommant au passage Tridentinosaurus antiquus. Il faudra attendre 1954 pour que le paléontologue Piero Leonardi le classe scientifiquement dans le groupe des Protosauria.

À partir de là, ce fossile devient officiellement “le plus vieux” jamais trouvé dans les Alpes, puisqu’il est daté du Permien, estimant son âge à environ 280 millions d’années. Selon les premières recherches, on estime que ce lézard aurait été piégé par une explosion volcanique, expliquant la carbonisation de ses tissus.

Sauf que c’est faux. Comme l’explique le magazine scientifique Palaeontology, des récentes analyses ont révélé que les contours noirs n’étaient pas des tissus mous brûlés mais simplement de la peinture noire, faisant peser un grand doute sur tout ce qui avait été dit sur ce fossile considéré comme exceptionnel, y compris son authenticité. Selon la co-autrice Valentina Rossi de l’University College Cork, en Irlande, le fossile n’avait jamais été soumis aux méthodes modernes d’analyse.

Bien que certains os, notamment au centre, semblent authentiques, la peinture a induit en erreur les scientifiques pendant des décennies. L’analyse révèle ainsi que le fossile a été peint, une pratique courante dans les années 1930 pour protéger et embellir les spécimens.

Cette découverte remet en question toute la validité du taxon (la “classification”) du fossile tout en soulignant la difficulté d’extrapoler des informations à partir de spécimens mal préservés. Pour éviter de telles erreurs à l’avenir, les paléontologues sont encouragés à signaler leurs découvertes dans des revues scientifiques avec une explication détaillée des méthodes utilisées, afin de préserver l’intégrité des spécimens et d’éviter toute distorsion de la perception.

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