Oups : le Parti communiste chinois aurait bien accès à nos données sur TikTok

Oups : le Parti communiste chinois aurait bien accès à nos données sur TikTok

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© Solen Feyissa/Unsplash

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Par Julie Morvan

Publié le

Messages privés, historique de recherche, rien ne serait à l’abri.

C’était l’une des craintes formulées par le Congrès américain lors de l’audition de Shou Zi Chew, PDG de TikTok, en mars dernier : que les données des utilisateur·rice·s de l’appli soient stockées et partagées avec le Parti communiste chinois. Une peur que l’homme d’affaires avait balayée en affirmant que la maison mère de TikTok, le groupe chinois ByteDance, n’était “ni détenue ni contrôlée par le gouvernement chinois”.

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Pourtant, quelques mois plus tard, un ancien employé de ByteDance affirme que des membres du Parti communiste chinois ont eu accès aux données d’utilisateur·rice·s de TikTok à Hong Kong en 2018, révèle le Wall Street Journal. ByteDance dément fermement cette déclaration.

Les activistes visés par un espionnage massif

Cet ancien employé, c’est Yintao Yu, l’ex-responsable de l’ingénierie aux bureaux américains de ByteDance. Il y a exercé d’août 2017 à novembre 2018 et a décidé de faire un dépôt de plainte en mai dernier devant la cour de San Francisco. Selon lui, le comité interne à l’entreprise du Parti communiste chinois — un élément que l’on retrouve très souvent au sein des entreprises chinoises — aurait espionné l’activité des militant·e·s pour les droits humains et les manifestant·e·s à Hong Kong sur TikTok. Information de réseau, carte SIM, adresses IP, tout a été ciblé pour identifier et localiser ces individus.

“Nous nous opposons vigoureusement à ce que nous pensons être des déclarations sans fondement et des allégations dans cette plainte, a déclaré une porte-parole de ByteDance au Wall Street Journal. Selon elle, Yu ne travaillait que sur Flipagram, l’application acquise par Toutiao, l’agrégateur de contenu phare de ByteDance.

Le groupe pointe aussi du doigt le silence de Yu durant ces cinq dernières années, avançant que ces déclarations soudaines ne sont qu’un moyen de s’attirer “l’attention des médias”. Selon l’avocat de Yu, c’est au contraire l’audition de Shou Zi Chew par le Congrès américain en mars dernier qui a convaincu l’ancien employé de prendre la parole.

L’avantageux “statut divin” sur TikTok

Dans son dépôt de plainte, Yu précise que TikTok conservait de nombreuses informations sur les utilisateur·rice·s : tous les messages privés, l’historique de recherche et l’ensemble des contenus visionnés. Autre détail alarmant, les membres du Parti communiste interne à l’entreprise bénéficieraient d’un statut spécial de “super-utilisateur”. Carrément surnommé le “statut divin”, il leur permettrait de consulter touuutes les données conservées par ByteDance. Le groupe maintiendrait aussi un “canal de secours” destiné au Parti communiste chinois pour accéder aux données des utilisateur·rice·s américain·e·s.

Dans sa plainte, Yu accuse aussi ByteDance de récupérer le contenu posté sur des plateformes concurrentes pour le poster sur TikTok, simulant le succès de certaines vidéos en gonflant les statistiques d’engagement. Dans un e-mail datant de 2017, le Wall Street Journal a constaté que les équipes de ByteDance réfléchissaient à récupérer le contenu de plus de 2 millions de créateur·rice·s Instagram… et à un moyen d’accélérer et d’étendre une telle démarche.

Lorsque Yu a rapporté ces observations à son manager, responsable de l’algorithme de TikTok, ce dernier a ignoré ses inquiétudes et ByteDance aurait par la suite mis fin au contrat de Yu en guise de représailles.