Le sous-marin disparu près du Titanic est-il vraiment contrôlé par une manette de jeux vidéo ?

Le sous-marin disparu près du Titanic est-il vraiment contrôlé par une manette de jeux vidéo ?

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© CBC/YouTube

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Par Julie Morvan

Publié le

On vous explique pourquoi c’est beaucoup plus courant que ce que vous pensez.

Avec la tragique disparition du Titan, un sous-marin de l’entreprise américaine OceanGate parti visiter l’épave du Titanic au large de l’Amérique du Nord avec cinq passager·ère·s à son bord, tous les regards se tournent vers le submersible.

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Une vidéo en particulier a beaucoup tourné : celle de la présentation du sous-marin par Stockton Rush, lui-même porté disparu depuis lundi, à la CBC en juillet 2022. Un détail a frappé tout le monde : le sous-marin est contrôlé par une manette de jeu — modifiée — Logitech G F710 sans fil.

“On a eu une approche complètement différente au design et tout est dirigé par cette manette de jeu et ces écrans tactiles”, confie Rush en brandissant la manette en question. Seuls de grands picots positionnés sur les deux joysticks la différencient d’un modèle classique.

“Si vous voulez aller en avant, vous appuyez sur ‘avant’, si vous voulez aller en arrière vous tirez vers l’arrière, tournez à gauche ou à droite”, explique-t-il en bougeant le joystick de droite. “Allez en bas ou en haut”, continue-t-il en poussant celui de gauche.

La manette fonctionne grâce au Bluetooth, résiste au moindre choc et le sous-marin est équipé de plusieurs manettes en cas de problème. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce détail n’est en aucun cas une preuve d’amateurisme. À la limite, seul le caractère “sans fil” de la manette pose question, car l’utilisation du Bluetooth pourrait présenter des risques de déconnexion et de perturbation avec la radio transmission, pointe du doigt le Washington Post.

De l’armée à la recherche scientifique, la manette est partout

Comme le précise Vice dans un article cité dans le thread Twitter de Florian Verdier aka Necheku, de nombreuses machines militaires sont déjà contrôlées par de simples manettes de console.

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À commencer par l’US Navy, la marine de guerre des États-Unis, qui utilise une manette de Xbox 360 pour contrôler les mâts photoniques de l’USS Colorado, un sous-marin de guerre. Pourquoi ? Car une telle manette coûte nettement moins cher que les boîtiers à 38 000 dollars fournis à la marine, rapporte Tech Times. C’est beaucoup plus économique et rapide à remplacer en cas de pétouille. La Wiimote aurait également été utilisée par des militaires pour contrôler des robots, rapporte Wired. Bref, dans l’armée, les manettes sont monnaie courante pour diriger machines, robots et autres drones.

On parle beaucoup de la marine, mais dans les airs aussi, les manettes sont de sacrées alliées. Leurs joysticks s’apparentent fortement aux Hotas, ces manches qui servent aux pilotes à manier les avions. D’ailleurs, lors de notre enquête sur les meilleurs set-up pour jouer à Microsoft Flight Simulator, on avait appris que de futurs pilotes utilisaient carrément des joysticks pour s’entraîner au vol.

Et puis, on ne va pas se mentir, tout le monde sait utiliser une manette de jeu vidéo. C’est un design intuitif, maniable par à peu près n’importe qui, peu importe son âge. Chez les scientifiques, les manettes sont de plus en utilisées, dans le domaine chirurgical notamment. N’oublions pas qu’il y a deux ans, une fécondation in vitro a carrément été réalisée grâce à une manette de PS5, entre les mains d’un ingénieur “sans réelle expérience en science de la fécondation”, précisait le MIT. C’était une première dans le domaine.

Des doutes sur la fiabilité du Titan qui remontent à 2018

Les éventuels défauts du Titan ne sont donc certainement pas à chercher du côté de la manette Logitech utilisée pour le piloter. En revanche, The New York Times a révélé hier que de nombreux·ses expert·e·s avaient mis en garde contre les failles du sous-marin dès 2018, au point d’adresser une lettre pour en avertir le PDG d’OceanGate.

“Nous craignons que l’approche expérimentale actuelle adoptée par OceanGate n’aboutisse qu’à des résultats négatifs (de mineurs à catastrophiques) qui auraient de graves conséquences pour l’ensemble de l’industrie.”

L’ancien directeur des opérations marines d’OceanGate, David Lochridge, avait même remis en cause la capacité du sous-marin à supporter de telles profondeurs dans une plainte datant de la même année. Il dit avoir été renvoyé après avoir exprimé ses doutes quant à la sécurité d’une telle opération.

Les recherches menées conjointement par les États-Unis, le Canada et la France sont toujours en cours pour retrouver le Titan.