De Twitch au Rex Club, on a rencontré AVAMind, la streameuse aux multiples casquettes

De Twitch au Rex Club, on a rencontré AVAMind, la streameuse aux multiples casquettes

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Crédits Photo : Emilie Ngy @ngyemilie / Instagram

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Par Artoise Bastelica

Publié le

Aux côtés de son mentor Asdek, entre le set de Vladimir Cauchemar et celui de Dirtyphonics, portrait d’une DJ pas comme les autres.

Contrairement à ce que sa biographie Twitch – “She is a bot”– laisse entendre, AVAMind est bien réelle. Bien loin de son PC de stream et d’Alan Wake 2, AVAMind a fait bouillir la scène du Rex Club ce 8 novembre au soir.

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La jeune femme est avant tout reconnaissante du soutien qu’elle a reçu pour mener à bien ce projet. J’ai été aiguillée par Gaël Mectoob [du duo d’humoristes Bapt et Gaël, ndlr] qui mixe proche de chez moi vers le DJ Asdek. Tout ça s’est fait très naturellement, on discutait sur les réseaux, j’aimais ce qu’il faisait, donc je lui ai proposé qu’on se voie pour qu’il me donne quelques conseils, il a tout de suite accepté.”

Rencontrée quelques jours avant l’événement, Ava nous expliquait, malgré la pression, voir cette soirée comme “une soirée entre potes” qu’elle a l’occasion de partager avec une partie de sa communauté. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la soirée a rencontré un franc succès !

Au milieu d’une foule dense vaguement éclairée par les lumières roses et violettes de la mythique salle du Rex Club, la streameuse a su imposer son style et son énergie entre plusieurs grosses têtes de la scène techno, comme Vladimir Cauchemar et Dirtyphonics. Accompagnée en B2B – en collaboration – de son mentor et ami Asdek, également organisateur de la soirée, tous deux ont offert un show de presque une heure mélangeant les styles techno de la drum’n’bass à l’eurodance ainsi que des remix de musiques populaires comme le fameux titre “Bande organisée”.

Si plusieurs participants et participantes nous ont confié avoir pris leur place après l’annonce de Vladimir Cauchemar, à quelques jours de l’événement, la présence d’Ava a également encouragé beaucoup d’autres à faire le déplacement en pleine semaine. “Je suis Ava depuis plusieurs années sur Twitch et, même si ce n’est pas trop mon style de soirée, dès que j’ai vu l’annonce de l’événement, j’ai immédiatement pris mes places pour venir la soutenir”, nous raconte Robin, un de ses viewers.

Des touches de clavier aux potards des platines, AVAMind partage ses passions et sait transporter ses fans dans des univers très personnels.

Spectatrice dans la Matrice, pro-active sur Twitch

Inspirée par les ambiances futuristes, la dystopie et les nouvelles technologies, celle qui se décrit comme “une passionnée de sci-fi weird” donne directement le ton lorsque l’on se rend sur ses streams.

La streameuse AVAMind plonge ses spectateurs dans une ambiance futuriste (Twitch / AVAMind)

Utilisation de l’intelligence artificielle et esthétique futuriste aux couleurs néon du cyberpunk, l’amour d’Ava pour les univers dystopiques ne date pas d’hier. “Tout a commencé lorsque j’étais ado. À l’époque, j’étais terrorisée par les Gremlins. Je me suis mise à vouloir à tout prix regarder des trucs hardcore, en particulier les films d’horreur de Pascal Laugier, comme Martyrs, pour me créer une peur crédible et être edgy [être différente des autres, ndlr].

Sans le savoir, elle finit par se prendre au jeu et se passionne pour l’horrifique, qu’elle mêle à un intérêt pour la “science-fiction weird” de Lovecraft. “Tous ces trucs-là font flipper, le transhumanisme, l’idée de vouloir prolonger la vie, de se transformer ou même de se dire qu’un jour, on aura sûrement des nano-puces qui pourront augmenter nos performances, mais en même temps, sur le plan scientifique, c’est fascinant”, s’exalte la streameuse. “J’adore cet aspect dystopique où la technologie qu’on a créée nous dépasse complètement”, renchérit-elle.

Depuis quelques mois, elle a également accueilli Bernie, une intelligence artificielle à laquelle elle s’adresse en live et qui, en utilisant les fonctionnalités du moteur ChatGPT, se distingue des autres assistants intelligents par sa personnalité cynique et provocatrice ainsi que ses propos très souvent controversés.

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Ava se décrit également comme une “spectatrice dans la Matrice” et a à cœur de le mettre en images sur sa chaîne en créant un univers et une esthétique futuristes. “J’en suis arrivée à ce truc de dire : ‘Je suis un bot’, parce que j’aime analyser tout ça.”

Hétéroclite dans l’âme

Passionnée de jeux vidéo depuis son enfance et bien loin des univers parfois “trop enfantins” de Nintendo, Ava “aime quand ça tape”. On comprend alors comment le streaming est entré dans sa vie il y a cinq ans, presque comme une évidence, initiée très jeune avec les FPS DOOM et BioShock, auxquels elle jouait en cachette ou qu’elle visionnait via les parties de son beau-père.

Après avoir accumulé les expériences professionnelles en tant que vendeuse et cheffe opératrice pour un média web, et malgré le succès de sa chaîne Twitch, Ava entrevoit sa carrière de streameuse comme une simple “étape de sa vie”. Sa chaîne lui permet de réunir toutes ces activités passées et présentes mais également ses objectifs futurs.

De la production audiovisuelle à l’événementiel, en passant par le test de jeux vidéo, la création de DJ set ou même l’ouverture de sa propre marque, AVAMind ne s’est jamais enlevé ses objectifs de la tête : “Il y a plein de trucs qui m’intéressent, sauf que je ne peux pas forcément tout avoir quand je l’aimerais. Pour autant, même si certains trucs paraissent inatteignables, ils sont toujours là dans un coin de ma tête.”

“Je dis toujours aux gens de ne pas m’attendre”

Mais les ambitions d’Ava sont loin de se limiter aux jeux vidéo et à la musique. “J’adore regarder des gens faire des cosplays alors que j’en ai jamais fait.” Ce qui motive la jeune Bordelaise de 31 ans, c’est surtout de voir les autres partager leurs passions, comme elle peut le faire avec ses streams.

Sur Twitch et ailleurs, Ava bouillonne d’idées et d’ambition : “Je dois encore organiser une compétition sur DOOM, suite à un goal du ZEvent [le plus gros marathon caritatif sur Twitch, ndlr]. Je sais aussi que tout le monde m’attend pour créer mon propre merchandising.”

La streameuse a aussi à cœur d’allier l’utile à l’agréable : “Ça fait longtemps que j’ai l’envie d’organiser des maraudes et de faire participer ma communauté.” En mai dernier, Ava a déjà été à l’initiative d’une collecte de déchets sur la plage près de Bordeaux avec l’association Surfrider.

Pour autant, la vidéaste préfère prendre son temps et ne pas se précipiter, malgré la pression et le rythme de productivité que peut lui imposer son activité. “Je dis toujours aux gens de ne pas m’attendre et que les choses finiront par arriver. C’est le cas de la musique, ça faisait des années que j’en parlais, puis ça a fini par arriver. Ça sera pareil avec le reste”, conclut-elle, avant de renchérir : “Tout ça laisse place à la surprise, et ça me va, parce que ça me met beaucoup moins de pression !”

Notre échange avec Ava se conclut sur sa vision du futur. Et comme pour tout le reste, la streameuse se montre très pragmatique : “Je suis persuadée qu’un jour, je vais disparaître et aller rénover ma maison dans le Larzac.” Sous le feu des projecteurs pendant quelques années, elle est bien consciente qu’il arrivera un moment où elle aura “passé l’âge”. Sans remords, elle sait qu’elle restera toujours la gameuse qu’elle a toujours été et s’imagine déjà comme “le cliché de la daronne qui a été un peu stylée puis qui a fini par laisser la place aux nouvelles générations”.