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Comment j’ai trouvé l’amour grâce à une page de mèmes sur Insta

Comment j’ai trouvé l’amour grâce à une page de mèmes sur Insta

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Par Julie Morvan

Publié le

"Depuis 3 ans, on a dû s’envoyer des centaines de mèmes."

Mado est une étudiante parisienne de 23 ans. Elle aime l’histoire de l’art, les fleurs séchées et son copain Robin, avec qui elle est en couple depuis le 1er mai 2020. Rien de bien étonnant, et pourtant les deux amoureux doivent leur rencontre à une succession d’événements complètement improbables. Car leur romance est née grâce à… une page de mèmes sur Instagram.

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Il a suffi d’un abonnement en commun pour que, de clics en clics, les likes deviennent des “je t’aime” et qu’ils ne se quittent plus. Comme on adore les histoires d’amour sur Internet, on a demandé à Mado de tout nous raconter.

Le Roi des Renards, l’Irlande et une banale conversation de groupe

“J’ai un peu le vertige quand j’en parle parce que je me dis que ça s’est joué à rien du tout cette rencontre”, confie Mado. Tout commence en 2019. À l’époque, elle suit déjà plusieurs pages de mèmes sur Instagram. Lorsque l’appli lui suggère un nouveau compte dans ses recommandations, elle s’abonne immédiatement. Elle ne le sait pas encore, mais cet innocent petit clic va bouleverser sa vie.

Ce compte, aujourd’hui suivi par plus de 22 000 personnes, c’est @narbotrafiquant, aka le Roi des Renards. Lancé en septembre 2017, il partageait de savoureux mèmes reconnaissables à leur montage aussi kitsch qu’hilarant, avant de se lancer dans les bandes dessinées de vulgarisation politique. “Il est orienté gauche/extrême gauche”, précise Mado. “Il explique les phénomènes politiques sur Internet, fait de la musique, parle d’articles, de son vécu… J’adore son travail, je le trouve hyper intéressant.”

Un jour, pour se rapprocher de ses abonné·e·s, il leur propose de créer une conversation de groupe géante pour échanger ensemble. Un sondage en story permet de répondre “oui” ou “non”. Mado n’a pas trop l’habitude de rencontrer des gens sur Internet. Mais là, elle répond “oui” sans se poser de question : “À ce moment-là, j’étais fille au pair en Irlande, toute seule et quand j’ai vu ça, je n’ai pas réfléchi.”

La voilà invitée dans un groupe de 30 personnes. Parmi elles, il y a Robin. Gamer invétéré, il est habitué à discuter sur Internet sans jamais voir ses interlocuteur·rice·s dans la vraie vie. “Du genre à jouer en ligne depuis quatre ans avec la même personne sans savoir qui elle est vraiment”, s’amuse Mado.

Tout ce petit monde se présente alors dans la conversation, on s’abonne les un·e·s aux autres et on discute de tout et de rien : “Nos petits tracas du quotidien, des questions sociales et politiques… On était à l’aise entre nous”, se rappelle Mado. Dessus, elle est plutôt active ; Robin, beaucoup moins. Qu’importe, c’est via message privé qu’elle fait le premier pas. Le début d’une belle histoire d’amour – et de mèmes.

“Les premières semaines, c’était des mèmes et des vidéos de chiens mignons”

Fin décembre 2019, Robin poste une story de lui qui tombe dans la neige. Mado y réagit alors comme elle réagirait à n’importe quelle story, par message privé : “J’ai cru que tu tombais dans le vide avec la luminosité !”. “Mon premier message de moi à lui en dehors de la conversation de groupe”, précise-t-elle. Robin lui explique alors ce qu’il fabrique dans la neige : il est guide arctique en Finlande. De messages en messages, la discussion se prolonge toute la soirée.

Les deux continuent de se parler les jours qui suivent et découvrent leur amour commun pour les canidés. “De mon côté, je mettais beaucoup de stories de feu Bobou, le chien de ma famille au pair, et lui, m’envoyait des photos des chiens de traîneau dont il s’occupait en Finlande”, explique Mado. Un bon moyen de briser la glace grâce à la mignonnerie.

Puis, les mèmes humoristiques succèdent aux chiens mignons. Enfant de pigeon, Marino Ze Memeur… Leur avantage : ils permettent d’engager la conversation beaucoup plus facilement qu’un banal “Coucou, quoi de beau ? Tu deviens quoi ?”“Les mèmes, c’est super pour ça, on rit de quelque chose ensemble et ça amène à parler de quelque chose auquel tu penses ou que tu as vécu”, appuie Mado. “Donc les premières semaines, c’était des mèmes et des vidéos de chiens mignons.”

Le confinement débarque ensuite, et pour les deux, c’est une aubaine : ne plus pouvoir rien faire, c’est avoir encore plus de temps pour discuter. Au bout de quelques semaines, Robin avoue à Mado qu’elle lui plaît : “Je ne sais pas si tu as remarqué, mais je suis quand même sacrément sous ton charme.” Ils passent ensuite le cap de l’appel, puis du visio. “Je l’appelais et je le posais à côté de moi en faisant à manger, c’est comme si on était dans la même pièce”, se souvient Mado.

Du virtuel à l’IRL

À force de s’appeler tous les jours, de s’envoyer mèmes en folie et petits mots doux, les deux apprennent à se connaître et vivent un début de relation à distance très fort. L’idée de se rencontrer en vrai émerge peu à peu, malgré quelques réticences des proches. Mado en parle à quelques ami·e·s, à sa famille… Sa mère est surprise et sa cousine lui conseille de ne pas trop mettre d’espoir sur leur rencontre car elle risquerait d’être déçue. “On avait conscience que ça faisait bizarre de dire ‘Bon bah voilà, c’est ma copine, je l’ai rencontrée sur Internet, on ne s’est jamais vus en vrai mais on est en couple'”, reconnaît Mado.

“Les gens ne comprennent pas du tout et je ne peux pas leur demander de comprendre : même moi je me disais que c’était un peu bizarre, et pourtant j’avais une confiance complète en ce qui était en train de se passer. J’avais rencontré une vraie personne, avec qui j’avais tissé une vraie relation.”

De retour en France après son job saisonnier, Robin propose donc à Mado de venir la chercher à l’aéroport. “La première fois qu’on s’est vus, c’était à Orly”, résume Mado. La rencontre IRL se passe très bien, les deux sachant déjà à quoi ressemblait l’autre. Le couple embarque dans la voiture, passe l’été ensemble, rencontre ami·e·s et parents respectif·ive·s et emménage ensemble. “D’un coup, tout est devenu hyper simple”, explique Mado. “Ça s’est fait comme ça, on ne s’est pas lâchés pendant un mois et demi.”

Encore des mèmes pour s’aimer

Aujourd’hui, Robin repart de temps en temps en Finlande, mais leur relation s’approfondit un peu plus chaque jour. Avec toujours, en toile de fond, les mèmes. “On doit s’en envoyer tous les jours depuis trois ans”, estime Mado en remontant le fil de leur conversation. Encore aujourd’hui, comme la flamme des premiers jours, ils partagent toujours leurs publications préférées sur Instagram et Messenger : “On se spamme sur plusieurs réseaux sociaux à la fois.”

Mado et Robin sont toujours dans la conversation de groupe d’il y a trois ans. Un noyau dur d’une dizaine de personnes continue à faire vivre la discussion au quotidien. Quand on lui demande si le groupe sait que deux de ses membres sont en couple, Mado rigole : “On a envoyé une photo de nous deux avec un message ‘Devinez qui s’est mis en couple avec quelqu’un d’autre sur cette conversation ?’ Et on a été hyper vexés parce que personne n’a répondu !”

Heureusement, l’affront a vite été réparé : après une petite explication, tout le groupe s’est enflammé, qualifiant l’histoire d’incroyable. De cette conversation, Mado garde aussi deux très bonnes amitiés. “Au quotidien, je n’y croyais pas trop au début de cette histoire. Et en même temps, toutes les rencontres ne se jouent à rien. C’est le hasard des relations. On a l’habitude de cracher sur Internet un peu rapidement mais il y a aussi des choses chouettes qui s’y créent.” Et de super mèmes.

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