C’est quoi, cette histoire de joueurs e-sport qui font grève ?

C’est quoi, cette histoire de joueurs e-sport qui font grève ?

photo de profil

Par Konbini

Publié le

Le début du championnat de la division de League of Legends d’Amérique du Nord (LCS) a été repoussé de deux semaines !

Initialement prévu pour le 1er juin, Riot Games a annoncé que le début du Summer Split de la LCS était repoussé de deux semaines. Ce sont les joueurs eux-mêmes qui ont voté contre la reprise de la saison.

À voir aussi sur Konbini

La League of Legends Championship Series North America, généralement abrégée en LCS, est la principale ligue professionnelle d’e-sport sur League of Legends sur le territoire nord-américain (USA, Canada, Mexique). Pour Riot Games, l’éditeur du célèbre jeu, elle est considérée comme l’une des quatre grandes régions “majeures” dans le monde avec la LEC (Europe), la LPL (Chine) et la LCK (Corée du Sud). Ce qu’il se passe là-bas a donc des conséquences sur tout l’e-sport, un domaine encore émergent et aux règles très changeantes.

Qu’est-ce qui a changé ?

Auparavant, les règles de la LCS stipulaient que les équipes professionnelles qui souhaitaient participer étaient dans l’obligation de développer une seconde équipe amateur pour évoluer dans la deuxième division du championnat : la North American Challenger League (NACL).

Mais pour cette nouvelle saison, Riot Games a retiré cette obligation. La raison est principalement financière : les audiences de la NACL sont bien plus basses que la LCS et les équipes amateur qui y évoluent coûteraient plus qu’elles ne rapportent pour l’éditeur de League of Legends.

Néanmoins, la ligue amateur, souvent nommée “académique” (Academy), est un tremplin pour beaucoup de joueurs nord-américains. Ainsi, beaucoup de joueurs pro évoluant désormais dans des équipes de la LCS sont passés par la NACL. De manière générale, on déplore un manque d’investissement sur le long terme pour développer la scène League of Legends outre-Atlantique.

On apprenait par exemple, que de jeunes talents évoluant en NACL, qui jouaient 60 heures par semaine au jeu pour garder le niveau requis, étaient rémunérés 1 000 dollars par mois. La semaine dernière, la LCS Player Association (LCSPA), sorte de proto-syndicat, qui a rassemblé les demandes des joueurs professionnels, demandait à Riot Games de revenir sur sa décision tout en garantissant des obligations contractuelles de salaire et de durée d’embauche aux talents “espoir” évoluant en NACL.

Chargement du twitt...

Un bras de fer risqué, mais observé de près

Bien que les joueurs de LCS ne soient pas directement touchés par la nouvelle, beaucoup d’entre eux sont passés par la NACL. Attachés à cette ligue, et pour protéger la nouvelle génération, ils ont décidé de se mettre en grève. Par vote, l’ultra-grande majorité des joueurs LCS a décidé de ne pas participer au coup d’envoi de la LCS, prévu le 1er juin. En conséquence, Riot Games a annoncé reporter de deux semaines le lancement.

Le bras de fer est tendu avec l’éditeur de jeux, le directeur e-sport de Riot Games laissant entendre qu’il serait prêt à annuler l’entièreté de la saison. Pour le moment, la seule alternative proposée par Riot Games est l’autorisation accordée aux propriétaires des équipes LCS de remplacer les joueurs en grève par des joueurs issus de tous niveaux. Cette mesure est principalement perçue comme un “brisage de grève” par la LCSPA, les joueurs et même la communauté League of Legends en général.

Chargement du twitt...

Dans tous les cas, le moment est historique autant pour la LCS, que pour l’e-sport en général. Désormais, tous les regards se tournent vers l’Amérique du Nord, car les décisions prises pourraient avoir des répercussions plus grandes et ailleurs dans le monde.

Rappelant que si le Summer Split de la LCS venait à être annulé, la région nord-américaine ne serait pas en capacité d’envoyer d’équipes aux Worlds, les championnats du monde de League of Legends qui se tiendront fin 2023 et qui sont, aujourd’hui, considérés comme la plus grande compétition e-sport au monde.

Article coécrit par Pierre Bazin et Damien Garcia.