Après les affaires Norman et DirtyBiology, YouTube songerait à suspendre la monétisation de vidéastes incriminés

Après les affaires Norman et DirtyBiology, YouTube songerait à suspendre la monétisation de vidéastes incriminés

photo de profil

Par Pierre Bazin

Publié le

La plateforme a évoqué son "arsenal" à disposition pour sanctionner des créateurs mis en cause.

L’été dernier, une enquête de Mediapart mettait en cause Léo Grasset, vidéaste derrière la chaîne YouTube DirtyBiology. La semaine dernière, une jeune femme a déposé une plainte pour viol le visant. Hier, lundi 5 décembre, c’est le youtubeur Norman Thavaud qui a été placé en garde à vue pour des accusations de viols et de corruption de mineurs, tout cela faisant suite à l’ouverture d’une enquête préliminaire menée pendant plusieurs mois par la brigade de protection des mineurs (BPM).

À voir aussi sur Konbini

Restée quasiment silencieuse jusque-là, la plateforme YouTube a répondu aux sollicitations de Mediapart et assure ne pas exclure de potentielles sanctions. Un porte-parole français confirme en effet qu’ils n’excluent pas de “prendre des mesures” si le comportement d’un créateur sur YouTube est jugé nuisible pour les utilisateurs, leurs communautés, leurs employés ou encore l’écosystème de la plateforme en général.

Une des principales sanctions envisagées dans l’immédiat serait notamment la suspension de la monétisation sur l’intégralité des vidéos des créateurs mis en cause. Cela signifie que les vidéastes sanctionnés ne recevraient plus aucun revenu direct issu de leurs vidéos YouTube. La plateforme assure également avoir à sa disposition la possibilité de ne plus mettre en avant leurs nouveaux contenus via les “Tendances” ou les suggestions de vidéos à regarder après une autre. L’abrogation du statut de “partenaire” YouTube est également une sanction envisagée.

YouTube maintient néanmoins qu’en ce qui concerne les comportements en dehors de la plateforme, les victimes sont invitées à “se manifester auprès des autorités policières ou judiciaires compétentes”.

La gêne de YouTube ?

La plateforme de vidéos américaine est tiraillée entre leurs valeurs de “liberté d’expression” et les graves accusations qui se multiplient dans le milieu des vidéastes depuis plusieurs années. YouTube se refuse ainsi à retirer directement les vidéos des personnes accusées, notamment en l’absence de jugement rendu par la justice.

En France, peu de créateurs ont été ainsi sanctionnés. On peut tout de même citer quelques rares actions menées par la plateforme pour lutter contre la diffusion de vidéos jugées comme incitant à la haine. Ce fut notamment le cas avec des vidéos de l’écrivain d’extrême droite Alain Soral, multicondamné pour provocation à la haine et contestation de crimes contre l’humanité (négationnisme), des vidéos de Dieudonné, lui aussi condamné pour injures raciales, ou encore une vidéo du militant d’extrême droite Papacito incitant au “meurtre des gauchistes”.

En 2021, c’est le vidéaste Marvel Fitness qui avait été jugé en appel et condamné à deux ans de prison ferme pour avoir généré des harcèlements de masse envers plusieurs influenceur·euse·s du monde du sport sur YouTube. Suite à son jugement en appel, YouTube avait démonétisé et retiré plusieurs de ses vidéos en invoquant, encore une fois, un “non-respect des règles communautaires” de la plateforme.

Dans une vidéo réponse de trente-quatre minutes publiée il y a une semaine, Léo Grasset évoquait rapidement des conséquences financières que les accusations à son encontre avaient générées. Sans rentrer dans les détails, il parle par exemple d’annulations de tournage, de diffusions de vidéos ou projets.

Si attaquer le portefeuille peut être une sanction efficace face à ces dangereux comportements, cela n’empêche néanmoins pas certaines marques de continuer de travailler avec des créateurs, même incriminés.