Trump enrôle Elon Musk et le patron d’Uber comme conseillers économiques

Trump enrôle Elon Musk et le patron d’Uber comme conseillers économiques

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Par Thibault Prévost

Publié le

Elon Musk, patron de Tesla et SpaceX, et Travis Kalanick, fondateur d’Uber, rejoignent une équipe chargée de conseiller Donald Trump sur les questions économiques. Inattendu.

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Et si Donald Trump était définitivement en train d’enterrer la hache de guerre avec la Silicon Valley ? Le 14 décembre, le prochain président américain a pris deux initiatives pour le moins surprenantes pour les observateurs de sa campagne électorale. La première, une rencontre d’une heure et demie à huis clos, au sommet de sa Trump Tower new-yorkaise, avec les plus grands dirigeants de la tech américaine (à l’exception notable des responsables de Twitter, jugé “trop petit”), durant laquelle il s’est montré extrêmement bienveillant à l’égard de ces entreprises… après les avoir copieusement critiquées durant sa campagne. Pour rappel, le candidat Trump avait successivement appelé au boycott d’Apple, promis la fermeture (sic) d’une partie d’Internet, traitant Google et Facebook de “médias malhonnêtes” ou menaçant directement Amazon sur Twitter (“Si je suis président, oh ils vont avoir des problèmes”). Autrement dit, la Silicon Valley s’est assise à la table de son plus virulent troll.

D’où la surprise lorsque celui-ci annonçait, quelque heures avant le meeting, l’intégration de deux de ces entrepreneurs, Elon Musk et Travis Kalanick, patrons de Tesla et d’Uber, à son “forum de conseil économique”. Créée au début du mois, cette assemblée de 16 membres sera amenée à rencontrer “régulièrement” le président pour que ses membres “partagent leurs connaissances dans leur domaine d’expertise spécifique”, précise le communiqué. L’équipe sera dirigée par le DG de la banque d’investissement Blackstone, Steve Schwarzman, et comprendra également la PDG de PepsiCo, Indra Nooyi.

La Silicon Valley toujours divisée

Si les signaux de fumée envoyés par l’administration Trump en direction de l’Ouest sont donc ceux de l’apaisement et de la collaboration, la Silicon Valley reste profondément divisée à son égard. Avant la tenue de cette réunion, certaines voix du secteur de l’innovation appelaient ainsi à la boycotter, tandis que d’autres encourageaient au contraire les leaders du secteur à aller défendre leur vision de la high-tech. À l’issue de la réunion, qui s’est axée autour des thèmes de l’immigration et de l’éducation, les invités n’ont émis aucun commentaire, excepté Jeff Bezos, patron d’Amazon, qui a évoqué une rencontre “très productive”. Il aurait de toute manière été de mauvais ton d’exprimer sa déception.

Le mélodrame entre le futur gouvernement américain et son industrie de la haute technologie est pourtant loin d’être terminé: durant la campagne, l’immense majorité de la Silicon Valley s’était ouvertement ralliée au camp démocrate (et l’avait d’ailleurs financé), et la désillusion fut telle lors de l’élection du candidat républicain que la région s’est même brièvement embrasée d’une flamme sécessionniste. Et la méfiance est toujours de mise : Elon Musk, par exemple, particulièrement critique à l’égard de Donald Trump, avait tout d’abord refusé de participer à la réunion, avant de finalement se raviser.

Que conclure alors, des manœuvres de l’administration Trump vis-à-vis de l’industrie technologique ? Il y a eu beaucoup de courbettes une fois les caméras allumées – “Il n’y a personne comme vous dans le monde. Dans le monde entier ! Nous allons être là pour vous”  et une opération de charme digne de la téléréalité un peu dérangeante. Dans l’intimité, Trump a certainement cravaché pour s’arroger les services de deux entrepreneurs “made in USA” comme Elon Musk et Travis Kalanick, qui n’externalisent pas leur production, et les utiliser pour convaincre d’autres multinationales Apple de replacer leur chaîne de production aux États-Unis (selon le New York Times, Trump s’est entretenu plus longuement en privé avec Elon Musk et Tim Cook).

Le but est certainement de pouvoir sereinement ensuite revoir les accords commerciaux entre les États-Unis et la Chine – en clair, l’abrogation pure et simple des traités et la création de taxes douanières unilatérales de 45 % sur l’importation de produits chinois. Les prix des iPhone aux États-Unis grimperaient alors jusqu’à la stratosphère. Une réunion et quelques mots doux ne lèveront pas les craintes de l’industrie.