On est allé voir la pièce Gatsby le Magnifique, avec Sofiane dans le premier rôle

On est allé voir la pièce Gatsby le Magnifique, avec Sofiane dans le premier rôle

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©Christophe Raynaud

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Par Guillaume Narduzzi

Publié le

L'artiste du 93 est la tête d'affiche de cette pièce, adaptée du chef-d'œuvre de Francis Scott Fitzgerald.

Mais où Sofiane compte-t-il s’arrêter ? Rappeur respecté par tout l’Hexagone, présentateur de l’émission déjà culte Rentre dans le cercle, et acteur (notamment dans Frères ennemis de David Oelhoffen), l’artiste de 32 ans rajoute une corde à son arc déjà bien fourni avec le théâtre. Et confirme ainsi qu’il est un artiste total, d’une polyvalence assez incroyable.

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Une aventure qui a débuté l’été dernier, au célèbre festival d’Avignon, durant la Coupe du monde de football. Mais le succès a été tel que France Culture, à l’origine de ce projet, a décidé de rajouter deux dates parisiennes : jeudi 2 et vendredi 3 mai, au studio 104 de Radio France, dans le XVIe arrondissement de Paris.

La quintessence de Gatsby

C’est donc dans une salle archi-comble que cette représentation, adaptée par Pauline Thimonnier et brillamment mise en scène par Alexandre Plank, débute. On y retrouve le rappeur aux côtés de comédiens dont la réputation n’est plus à faire : Rebecca Marder (de la Comédie-Française) dans le rôle de Daisy Buchanan et Pascal Rénéric dans le rôle du narrateur, Nick Carraway.

Si cette version a été raccourcie – elle dure à peine 50 minutes –, c’est pour ne garder que l’essence du chef-d’œuvre de Francis Scott Fitzgerald. Le décor est dépouillé, pour mieux faire travailler l’imaginaire et laisser la part belle aux comédiens. Mais aussi à la musique du sensationnel Issam Krimi, du trompettiste Shems Bendali et du quatuor Mona, tantôt festive pour recréer l’ambiance des soirées mondaines de ce personnage “bigger than life”, tantôt dramatique pour mieux mettre en avant les désillusions et souffrances introspectives de Gatsby.

Si la mise en scène se révèle hyper-habile, seulement trois personnages du livre paru en 1925 ont été conservés : Nick, Daisy et Gatsby donc. On regrette l’absence de Tom Buchanan, personnage-clé de l’œuvre originelle, qui aurait été le bienvenu – en particulier dans la deuxième partie du spectacle. Mais cette absence se fait oublier grâce à l’intensité des scènes. Pascal Rénéric est irréprochable et enchaîne les monologues avec brio.

Un personnage qui lui colle à peau

Face à la tout aussi prestigieuse Daisy Buchanan, un poil surjouée, Sofiane assure. Bien qu’imparfait – forcément, ce n’est pas son domaine de prédilection –, son jeu se révèle à la fois touchant et conforme au rôle. Bien sûr, la diction et la clarté de sa voix ne sont pas exactes, mais la réussite de cette pièce réside dans le charisme à toute épreuve du rappeur, qui se fond parfaitement dans son personnage. On pourrait presque croire qu’il en est la version moderne, avec les mêmes séquelles issues de l’adolescence qui le tourmentent sans cesse.

Dès que les lumières s’éteignent, c’est un plébiscite de la part du public. Sofiane est heureux – cela se voit – et présente tour à tour les membres du spectacle dans un élan d’enthousiasme. Un véritable triomphe, sans artifice, presque minimaliste.

À noter que cette version de Gatsby le Magnifique sera jouée une nouvelle et ultime fois ce vendredi 3 mai au Studio 104 de la maison de la Radio. La pièce sera ensuite disponible à l’écoute sur le site de France Culture le 9 juin prochain.

Sofiane, quant à lui, se rendra de nouveau au festival d’Avignon cet été. Il y interprétera, toujours en collaboration avec France Culture, Achille dans une création originale inspirée d’un épisode de l’Iliade. Bien joué, “cher vieux”.