Pourquoi The Gentlemen est le retour aux sources tant attendu de Guy Ritchie

Pourquoi The Gentlemen est le retour aux sources tant attendu de Guy Ritchie

photo de profil

Par Louis Lepron

Publié le

20 ans après Snatch, Guy Ritchie est de retour au bercail.

12 ans. 12 ans que Guy Ritchie n’avait pas foulé le sol poussiéreux de ses origines cinématographiques, lui qui était consacré, au début des années 2000, comme le conteur d’une certaine mafia anglaise sur fond de The Stranglers en entrée, Bobby Byrd en plat, et un “Fuckin’ in the Bushes” d’Oasis en dessert. Il y a 12 ans sortait le moyen RocknRolla, dernière excursion du cinéaste sur ses terres sanglantes, après deux films sortis coup sur coup à partir de la fin des années 1990, les cultes Arnaques, Crimes et Botanique (1998) puis Snatch : Tu braques ou tu raques (2000).

À voir aussi sur Konbini

Dans ces deux longs-métrages, les aspirations visuelles et scénaristiques de Guy Ritchie étaient déjà toutes là, présentes, en place, bien dosées, entre l’humour anglais, le sens des coups et les scénarios tarabiscotés, toujours centrés sur une poursuite existentielle éminente : celle du billet de banque, entre deux bastons au bar, une bonne bière, trois poursuites dans la rue et une tête en sang alors que cette putain de porte (d’une banque, évidemment) ne veut pas s’ouvrir.

12 ans après, The Gentlemen revient à ces sources délaissées par une série de films qui ont emmené Guy Ritchie sur les terres moyenâgeuses (Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur, 2017), du divertissement grand public (Aladdin, 2017) et un Londres de fin du XIXe (Sherlock Holmes, 2009 à 2011).

1. Le casting

S’il y a bien une chose que ce cher Guy a toujours su faire à la fin des années 1990, c’était de réunir un casting aux petits oignons composé des meilleurs bras cassés (en tout cas à l’image) que peut compter l’Angleterre. Que ce soit pour Snatch ou Arnaques, Crimes et Botanique, il s’entoure à chaque fois d’un casting solide, masculin, et majoritairement britannique – à l’exception d’un Brad Pitt dans Snatch, dont l’accent est parfaitement incompréhensible, et d’un Ray Liotta dans Revolver.

Jason Statham, Nick Moran, Stephen Graham, Gerard Butler, Mark Strong, Idris Elba… Ritchie a toujours eu le talent d’avoir du beau monde dans ce genre de films. Après ses péripéties chez Disney, The Gentlemen renoue avec ces traditions du film choral au casting classe, et qui a de la gueule.

Entre-temps, le cinéaste ayant pris du grade, il peut se permettre de s’entourer de plus grandes stars qu’auparavant. À l’instar d’un Brad Pitt piqué aux États-Unis, on retrouve cette fois-ci un Matthew McConaughey en trafiquant de weed. À ses côtés, dites bonjour à l’homme de main qu’est Charlie Hunnam, au journaliste fouille-merde Hugh Grant, au coach de boxe Colin Farrell (qui exploite à fond son accent irlandais), ou même ce cher Jeremy Strong tout droit sorti de la géniale série HBO Succession.

À noter que Guy Ritchie, habitué à mettre en valeur de nouveaux talents (comme un certain Jason Statham à l’époque), met à l’honneur un petit nouveau, Henry Golding. Celui qu’on a pu voir dans Crazy Rich Asians, Last Christmas ou encore L’Ombre d’Emily tient ici une place d’or : celui du vilain.

2. Une histoire tarabiscotée de gangsters

Lorsque vous regardez un film de gangsters de Guy Ritchie, vous ne savez jamais à quelle sauce il compte vous péter les rotules. Car dans les scénarios du Britannique, les personnages semblent tout faire pour que les choses se compliquent, à travers des non-dits, des petites combines, des mensonges, des trahisons et, pour base, toujours, tout le temps, la thune.

Que ce soit dans Arnaques, Crimes et Botanique, Snactch ou Rocknrolla, les histoires commencent toujours par une bande de malfrats essayant désespérément de se faire de l’oseille sur le dos d’une victime ou à l’inverse, se faisant avoir par plus intelligent qu’eux.

D’un duo de personnages, s’ajoutent souvent d’autres petites bandes qui viennent défendre leurs intérêts personnels, ajoutant une couche scénaristique supplémentaire, et laissant le spectateur dans une angoisse sans fin. Dans The Gentlemen, les participants et ressorts sont similaires, offrant à la vue des spectateurs les entrailles peu odorantes des petits gangsters de Londres, à travers notamment l’histoire d’un Américain nommé Matthew McConaughey.

3. La bagarre

Difficile d’imaginer un film de Guy Ritchie sans une bonne baston. Alors vous me direz, la bagarre en tant que telle, est l’un des moteurs du cinéma d’action, et ce depuis des décennies. Mais les combats qu’offre le Britannique ont leur propre ADN, leurs propres ingrédients.

Et c’est peu dire que le cinéaste y tient. Même dans les films les plus éloignés de la recette Ritchie (comme par exemple Aladdin), on retrouve cet amour des combats à mains nus, des ralentis, du montage électrique, d’un rythme savamment orchestré.

The Gentlemen est dans la parfaite lignée du reste de la filmographie du réalisateur, si ce n’est plus encore. D’une course-poursuite dans la banlieue de Londres à un combat de boxe impromptu dans une cave sans parler d’une déculottée façon Indiana Jones dans un kebab, il y a de quoi faire.

Les chorégraphies, le rythme, le montage, et surtout le nombre desdites bastons : impossible d’en douter, vous êtes bien devant un film de Guy Ritchie à l’ancienne.