Portrait : qui est Liam Pierron, le mauvais élève nommé aux César ?

Portrait : qui est Liam Pierron, le mauvais élève nommé aux César ?

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Liam Pierron de passage à Konbini (Crédit image : Louis Lepron)

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Par Lucille Bion

Publié le

Nommé Meilleur espoir aux César pour La Vie scolaire, Liam Pierron raconte comment il a décroché ce premier rôle à son image.

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Dans la vie, il y a deux types de personnes : celles du matin et celles du soir. Liam Pierron n’est clairement pas du matin. Avec une heure et demie de retard et une story nous charriant de l’avoir convié trop tôt dans nos locaux, le jeune espoir repéré dans La Vie scolaire s’amuse à dire qu’il était dans le même état de somnolence pour les César, lorsqu’on lui a appris qu’il était nommé :

“J’étais en train de dormir. Il était 11 heures quand on m’a téléphoné et ça m’a réveillé. Comme je dormais, j’ai raccroché puis j’ai reçu un message de félicitations de Mehdi Idir et c’est là que j’ai compris.”

Liam Pierron hérite d’une histoire particulière avec le cinéma : tout part d’un casting sauvage auquel il ne voulait pas participer. Il fait désormais partie des meilleurs espoirs masculins pour son rôle de Yanis dans le dernier film de Grand Corps Malade et Mehdi Idir. Ce jeune acteur a été déniché en casting sauvage, à un moment où il avait quitté l’école et ne savait pas quoi faire :

“Je suis allé en filière professionnelle car je voulais faire de l’informatique, mais je crois que l’école, ce n’était pas fait pour moi et il fallait être le meilleur pour intégrer la filière que je visais. Du coup, je n’ai pas réussi et je suis tombé dans une formation de système sécurité incendie pour, entre autres, brancher des alarmes. J’ai essayé, mais j’ai vite compris que je n’allais pas faire ça de ma vie, alors je suis parti. Un mois après, j’ai eu le casting de La Vie scolaire.

Dans ce drame réalisé à quatre mains, il joue Yanis, un jeune en difficulté scolaire, à cause de son comportement, pas de ses notes. Si Liam Pierron se sent proche du personnage, ce fils d’une mère aide médico-psychologique et d’un père qui bosse dans le bâtiment n’aurait jamais imaginé faire du cinéma puisque, à l’origine, il avait simplement décidé d’accompagner l’un de ses amis à un casting :

“Je n’allais plus en cours à ce moment-là, mais j’étais venu récupérer un truc en cours et la principale du lycée m’a interdit de sortir. À la récré de 10 heures, j’ai croisé mon pote et il m’annonce qu’il doit partir à Saint-Denis pour passer un casting. Moi, je ne savais même pas ce que c’était, un casting. Comme je voulais absolument quitter le lycée, je lui ai proposé de l’accompagner et on est parti avec 5 potes. Lorsque nous sommes arrivés là-bas, la directrice de casting a commencé à nous donner le scénario en nous expliquant que l’on pouvait tous participer.”

Plutôt réticent à l’idée de réciter un texte devant ses amis qui ont la moquerie facile, il choisit de donner la réplique à son camarade et tape dans l’œil de l’équipe du film qui le rappelle quelques jours plus tard, à sa grande surprise :

“Je croyais qu’ils avaient bien aimé la manière dont j’avais donné les répliques. Du coup j’y suis retourné et je voulais leur proposer de bosser pour eux, pour leur donner les répliques [rires]. “

Après trois ou quatre essais pour le rôle de Yanis, Liam Pierron se retrouve en concurrence avec un autre comédien. Étape décisive, il faut convaincre les producteurs. Un peu flippé, il prétend être malade, avant que sa mère n’entre en jeu et ne l’oblige à y aller. “J’ai bien fait de l’écouter”, avoue-t-il aujourd’hui.

Il faut dire que le rôle de Yanis fait écho à la propre vie de Liam. Après avoir grandi entre Courbevoie et Argenteuil, ce Français d’origine marocaine et guadeloupéenne a connu un parcours scolaire chaotique. Arrivé en troisième, il ne savait pas trop quoi faire mais adorait jouer à la Play et à l’ordinateur, de League of Legends, à Fifa, en passant par Call of Duty.

Accumulant les petites conneries au collège, il se fait finalement virer de son collège de ZEP suite à un malentendu avec une professeure, malgré ses facilités en SVT et en histoire-géographie. Rescolarisé dans la foulée, il éprouve de nouvelles difficultés à s’intégrer dans sa classe et change à nouveau de bahut :

“J’ai quitté mon collègue de ZEP pour aller à Neuilly, à Pasteur, sans vraiment savoir pourquoi. On aurait dit Poudlard. Quand je suis arrivé, je me suis rendu compte qu’ils étaient en avance sur notre programme, alors que moi j’étais en retard dans mon école. J’ai commencé à sécher. Il n’y avait pas de feeling avec les élèves. Dans nos quartiers, je trouve qu’on peut être méchant mais eux, ils n’avaient pas de tact : j’avais l’impression d’être Pablo Escobar au fond de la classe. On est pareil pourtant, avec quelques différences.”

Liam Pierron de passage à Konbini (Crédit image : Louis Lepron)

Du haut de ses 18 ans et sauvé in extremis par La Vie scolaire, Liam Pierron semble avoir trouvé sa vocation. La preuve, il retient très bien son texte et se sent à l’aise devant la caméra. Ses prochains projets ? S’inscrire à Acting International sur les conseils de Grand Corps Malade et Mehdi Idir, qu’il continue à fréquenter. S’il reconnaît qu’il manque cruellement de culture cinématographique (“Je n’ai vu que les Harry Potter et les Star Wars”), il essaie de rattraper son retard et de s’investir dans le milieu, dans l’attente de nouvelles propositions à son image.

À ceux qui s’inquiéteraient pour l’ami qui l’accompagnait, sachez qu’il n’a pas été pris, mais qu’il a pu faire de la figuration sur le film. Si aujourd’hui ses amis se mordent les doigts de ne pas avoir passé le casting, le jeune Liam attend en toute tranquillité la cérémonie des César, aux côtés de son parrain Manu Payet.