Paris est à nous, le film français libre et collaboratif de Netflix qui a cassé Internet

Paris est à nous, le film français libre et collaboratif de Netflix qui a cassé Internet

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( © Netflix )

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Par Lucille Bion

Publié le

Disponible le 22 février sur Netflix, l'ovni Paris est à nous est décrypté par Noémie Schmidt et Olivier Capelli.

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“C’est un film qui a des défauts, qui ne plaira pas à tout le monde, mais c’est un film expérimental et libre. Et ça, c’est important”, explique Noémie Schmidt, actrice principale de Paris est à nous. Olivier Capelli, l’un des producteurs du film, ajoute : On voulait faire une proposition artistique autour de ce contexte politique, social, spirituel.” Vous voilà prévenus.

À partir du vendredi 22 février, les deux intervenants présentent leur projet conceptuel, récupéré par Netflix et financé par crowdfunding. Ainsi, 190 pays pourront voir gratuitement Paris est à nous. En plus d’être le premier film français distribué par le géant du streaming, le long-métrage se distingue aussi parce qu’il repose sur des notions de liberté, de collectivité et de révolte.

Clivant, atypique et symbolique, Paris est à nous est un évènement cinématographique, une respiration dans l’industrie française. Voici son histoire, racontée par deux membres d’une équipe très nombreuse : entre 2014 et 2017, une bande de potes aux compétences multiples s’interroge sur ce qu’il se passe à Paris avec une urgente envie de créer. Noémie Schmidt explique :

“En quatre ans, il s’est passé tellement de choses à Paris. On avait envie de raconter une histoire, mais on ne savait pas encore laquelle. On avait une intuition, en gros. On y est tous allés ensemble, main dans la main, joyeusement, en se disant : ‘On se plante, c’est pas grave, on recommence demain, on a l’énergie.’ On avait aussi les mêmes références, donc on avait envie d’aborder des thèmes qui, peut-être, appartiennent plus à notre génération.”

Elisabeth Vogler, un pseudonyme utilisé par un(e) mystérieux(se) cinéaste qui aurait fait ses armes dans le documentaire, embarque alors son équipe dans Paris, en toute discrétion, grâce à sa petite caméra avec un système de stabilisateur fabriqué par ses soins pour une meilleure mobilité. L’équipe se rassemble irrégulièrement, toujours animée par ce désir de spontanéité.

Peu à peu, les membres de cette troupe s’infiltrent sans autorisation sur les places publiques, les rues de la capitale et accumulent des images. Au départ, ils échangent des idées dans le secret mais, après avoir vidé leurs poches, ils se tournent vers le crowdfunding pour assurer la postproduction, en postant une vidéo qui est devenue virale :

(© Netflix)

Pour ce projet, la légende raconte qu’il n’y a pas eu de scénario écrit au préalable. Au contraire, et c’est sûrement la raison pour laquelle la trame narrative est aussi décousue, l’histoire s’est construite selon les humeurs, les envies de chacun et les possibilités financières :

“On n’avait pas de thune, mais on voulait se laisser la possibilité de se planter, de recommencer le lendemain s’il le fallait, de tester des trucs de montage qui marchent ou qui ne marchent pas et même de retourner des trucs à l’intérieur de ce montage.

D’habitude, si tu te plantes pendant la scène 32, qu’il n’y a que trois prises et que tu n’es pas content de toi, tu ne peux pas la refaire car le budget est serré et est mis ailleurs. Autrement dit, tu ne peux pas mettre de la thune dans le temps.”

En étalant son tournage sur presque quatre ans, l’équipe du film a pu nouer des liens, approfondir les relations et accompagner un auteur :

“Elle est où la sincérité dans l’industrie, le milieu de l’art, de la musique ? Là, j’avais quatre ans pour faire mon film, je n’étais pas stressée par un tournage ultraserré. Du coup, la relation que j’ai avec mon équipe est totalement différente : je n’ai pas un producteur qui vient checker deux ou trois scènes et qui se casse.”

Le crowdfunding permet également d’attirer les regards de nombreux distributeurs, dont Netflix, qui s’est avéré être le plus convaincant d’entre eux, comme l’explique Olivier :

“Les distributeurs voulaient cadrer le film selon des règles, des cibles précises. Si on voulait être sur tant de copies, il fallait respecter certains critères. Netflix est arrivé simplement en nous disant : ‘On achète les droits de diffusion sans toucher au film. On veut le montrer, même s’il est expérimental. On trouve ça intéressant de se retrouver face à un film un peu fou alors qu’on s’attend à une histoire d’amour dans Paris.’

Pour nous, ça allait avec l’ADN du projet car c’est un film qu’on a fait pour les gens, comme en témoigne le crowdfunding. C’est dingue de pouvoir toucher autant de personnes en France, à l’étranger. L’état de la distribution en France est tellement compliqué : aujourd’hui, un film sort et il n’est plus en salles la semaine d’après.”

Symbolique, la reprise de Netflix permettra aux 5 millions d’abonnés français de découvrir cette création parisienne, jeune et osée. La collaboration de cette équipe et de Netflix s’apparente à un coup de foudre provoqué par des désirs forts de renouveler les codes, de faire bouger les choses et de donner la chance à de nouveaux talents d’émerger.

La révolution vient de commencer et Paris est à nous en est le premier exemple.