On ne naît pas grosse, le livre qui dénonce avec force la grossophobie

On ne naît pas grosse, le livre qui dénonce avec force la grossophobie

photo de profil

Par Mélissa Perraudeau

Publié le

Ce jeudi 15 juin est sorti On ne naît pas grosse, un ouvrage de Gabrielle Deydier. Elle y décrit la grossophobie quotidienne qu’elle subit, et revendique le droit d’être grosse et de ne plus être discriminée.

À voir aussi sur Konbini

“Ce qui gêne tant les gens, c’est mon poids : 150 kg pour 1,53 m. Après avoir été méprisée pendant des années, j’ai décidé d’écrire pour ne plus m’excuser d’exister. De là est née cette enquête journalistique dans laquelle j’affronte mes tabous et mon passé, et où je décortique le traitement que la société – professionnels adeptes de la chirurgie de l’obésité, magazines féminins, employeurs – réserve aujourd’hui aux grosses.”

Ces mots introduisent On ne naît pas grosse, paru aux éditions Goutte d’or ce jeudi 15 juin. C’est le premier ouvrage de Gabrielle Deydier, fondatrice du webzine culturel Ginette Le Mag. Elle y relate les humiliations, répétées et variées, qu’elle a subies et qu’elle continue d’affronter.

Discrimination et humiliations

Il y a par exemple eu cette fille qui l’a réveillée en l’insultant et en la filmant dans une auberge de jeunesse :

“‘Biggie [la grosse] sur YouTube ! Biggie, biggie, biggie!‘ Elle pointe son téléphone sur moi, lampe torche allumée. Je suis nue, enfin, j’ai juste ma serviette de bain autour du ventre. Paniquée, je lui somme de se taire. Elle rit aux éclats et continue de m’appeler ‘biggie’. Avant de me coucher, j’ai beaucoup bu. J’ai dû ronfler, c’est même sûr, en fait.”

C’est encore cette femme qui fait une réflexion sur le nombre de croissants qu’elle achète à la boulangerie, ou ce gynécologue qui lui demande “ce qu’il pourrait bien voir au milieu de tout ce gras”. Au point qu’elle préfère ne plus consulter de médecins, quitte à laisser son corps “en friche”. La discrimination et les humiliations s’opèrent dans toutes les sphères de sa vie. L’Obs, qui l’a rencontrée, décrit “une plongée violente mais passionnante (le contraire marche aussi) dans un monde inconnu pour ceux dont l’IMC ne dépasse pas 30 (la norme fixée par l’OMS pour définir le seuil de l’obésité)”.

Grossophobie et libération

Gabrielle Deydier a ainsi rencontré des femmes obèses, des médecins ou encore des militantes anti-grossophobie, et raconte la discrimination au travail, le fétichisme de certains hommes qui n’aiment que les femmes obèses, les crises de boulimie, les opérations aux effets sur le long terme encore mal connus. Des témoignages poignants, dont la même source de souffrance est la grossophobie. Selon L’Express :

“Le concept de ‘fat-phobia’ est né aux États-Unis dans les années 1970. Il faut attendre vingt ans pour qu’il soit popularisé en France, moins touché par l’obésité que la rive ouest de l’Atlantique. En 1994, l’actrice Anne Zamberlan est la première à utiliser le terme dans son ouvrage, Coup de gueule contre la grossophobie.”

Le combat aurait vraiment commencé en France avec la grossophobie médicale, selon la blogueuse militante Daria Marx, cofondatrice du collectif Gras Politique. Elle a expliqué à L’Express que les réseaux sociaux ont ensuite permis de développer la lutte, qui vient à son sens “d’éclore” avec sa pétition contre l’émission de Karine Le Marchand sur “la chirurgie de l’obésité”. Pour elle, cette chirurgie “ne devrait pas être instrumentalisée”. Et le mot “grosse” ne plus être stigmatisé. Les militantes se le sont donc réapproprié, pour lui redonner son sens premier et le débarrasser des stigmatisations. Et revendiquer le droit d’être grosses et de s’aimer comme elles sont.
Vous êtes ou avez été victime de grossophobie et souhaitez en parler sur Konbini ? Envoyez un mail avec pour objet “grossophobie” à melissa.perraudeau@konbini.com en précisant si vous souhaitez rester anonyme ou non.