Dans la réalité, le Grand Budapest Hotel est loin d’être accueillant

Dans la réalité, le Grand Budapest Hotel est loin d’être accueillant

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Par Théo Chapuis

Publié le

Si j’avais accepté la tenue d’une cérémonie de bienvenue dans notre centre commercial, on aurait pensé de moi que je suis satisfait de la politique d’immigration actuelle, mais en fait c’est le contraire.

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La peur de l’autre

Ce n’est pas tout. Dans cette interview pour le Sächsische Zeitung nommée “Vous n’avez aucun droit de vous établir ici”, le vieux propriétaire ne fait aucun mystère de sa xénophobie ni même de son racisme les plus butés.
Ne mâchant pas ses mots, l’entrepreneur qui emploie du personnel d’une cinquantaine de nationalités parle de la noyade des immigrés clandestins en Méditerranée comme “seule prévention efficace, meilleure que l’appel du Pape”. Il use de métaphores simplistes telles que “Imaginez que vous êtes à table pour le dîner, et tout à coup trois de ces réfugiés veulent manger avec vous”.
Dégaine de nulle part des chiffres sur l’immigration comme : “Aujourd’hui, il y a 10% de Turcs en Allemagne, attendons 50 ans et ils seront la majorité”, alors que le journaliste lui fait remarquer qu’il emploie lui-même de nombreux Turcs. Quand il ne fantasme pas carrément tout haut : “Les musulmans ont déjà commencé à former un État dans l’État”. On est loin des valeurs humanistes du concierge du film, M. Gustave.


De quoi attirer au vieux Winfried Stöcker le soutien du NPD, le parti néonazi allemand, et déclencher l’indignation de la mairie de Görlitz, de l’évêché et d’une partie des associations de la ville limitrophe avec la Pologne. Selon Slate, malgré l’annulation du concert dans ce qui fût le lieu de tournage du “Grand Budapest Hotel”, l’événement a eu lieu au marché de Noël de la ville.
The Grand Budapest Hotel, grand succès critique et public de cette année 2014, a été inspiré à Wes Anderson par “les comédies d’avant la censure des années 30, ainsi que les histoires et les mémoires de l’auteur viennois Stefan Zweig”. Alors que le décor du tournage se tient à Görlitz, aux frontières allemande et polonaise, le palace dépeint dans le film a été construit dans la petite république fictive de Zubrowka.

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