ManéMané, la marque qui secoue la mode espagnole

ManéMané, la marque qui secoue la mode espagnole

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Par Cédric Carbonero

Publié le

Derrière ManéMané se cache Miguel Becer, créateur espagnol à l’origine de cette marque qui flirte entre mauvais goût, culture street et club.

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Fraîchement sorti d’une école d’art de Madrid en 2011, il lance sa marque en parallèle d’un job de designer chez Angel Schlesser. Des collections sages et bien rangées au début, la consécration vient en 2015 lorsqu’il gagne le Who’s on Next, le concours du Vogue espagnol qui récompense les jeunes créateurs par une bourse de 100 000 euros, offerte par le groupe Inditex. Une victoire qui lui a permis de décoller et de faire les choses “bien bien” comme il nous le raconte :

“J’ai pu former une équipe solide avec 3 personnes pour travailler à mes côtés, et outre la grande visibilité que j’ai pu obtenir dans la presse nationale et internationale, depuis que j’ai gagné ce prix, j’ai surtout pu comprendre que les rêves se réalisent avec des efforts et de la persévérance.” 


Inspiré par la culture et les paysages espagnols, ManéMané distille subtilement des références par touches, avec des imprimés ou des superpositions de tissus. Depuis 2012, le créateur en est à sa 10ème collection et se tourne aujourd’hui vers un style plus urbain, qui n’est pas sans rappeler ce qui se fait chez Vêtements. Une comparaison qui flatte le créateur espagnol pour qui c’est un “honneur d’être comparé à des marques de cette envergure”. Il estime en effet que “nous vivons une période dans la mode où les codes sont en train d’être cassés”.


“Je suis très heureux de faire partie de ces marques qui contribuent à redéfinir la mode. En Espagne, il y a cette nouvelle génération de créateurs et de marques qui travaille méticuleusement mais qui a surtout un vrai amour pour la mode”, s’emporte-t-il même !

Pour sa collection automne/hiver 2016, on retrouve ainsi cuissardes en satin, chaussures XXL, jeans destroy et des créations complètement barrées.


MANÉMANÉ n’oublie pas ses origines ibériques puisque le créateur a voulu “mélanger des tissus traditionnels, faire des superpositions tout en créant des looks très jeunes”.

“J’ai utilisé une palette de couleurs assez hivernale avec des touches de lumière en ajoutant du jaune, des maxilogos… Mais ça fait un moment que je parle de liberté et de fantaisie dans mes collections.”



Miguel Becer doit aussi son succès à sa notoriété sur Instagram. Il partage ainsi son quotidien, loin du glamour des marques de luxe, et ses créations qui forment au final une espèce de mosaïque de photos qu’on a envie de regrammer compulsivement. Miguel Becer semble aussi avoir un certain fétichisme pour les chaussures à talons associées à des chaussettes de sport. Style qu’on retrouve dans l’accessoirisation de sa dernière collection.


Avec 30 000 followers, il dispose là d’un vrai public pour faire la promotion de sa marque tout en renforçant sa “street cred” (sa cool attitude pour les LV1 allemand). Tout cela sans forcément le vouloir, puisque Instagram n’est pas un outil professionnel pour lui :

“Je l’utilise de manière personnelle. J’aime l’idée de parler à beaucoup de gens sans filtres et n’importe où dans le monde. En fait, j’utilise les réseaux sociaux comme une extension de ma vie réelle.” Une notoriété qui ne lui permet pas cependant de vivre pleinement de sa marque puisqu’il continue toujours son job de designer chez le créateur espagnol Angel Schlesser, en plus de donner des cours de stylisme à Madrid.

ManéMané reste au final une marque qui tranche net avec ce à quoi la mode nous a habitués. Bien que la marque ne soit pas accessible à toutes les bourses (comptez 289 euros pour un jean, 310 euros pour des chaussures), Mané contribue à une certaine évolution des mœurs et du style, en imposant une identité forte et rebelle qui parle aux femmes d’aujourd’hui. Quand on lui demande d’ailleurs qui sont ses clientes, il répond simplement : “Des femmes qui s’habillent pour elle et pas pour les autres.”