En images : Mahmoud Al-Kurd raconte le conflit de Gaza avec poésie

En images : Mahmoud Al-Kurd raconte le conflit de Gaza avec poésie

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Par Anaïs Chatellier

Publié le

“Les scènes de bombardements et la violence m’ont incité à créer ces photos”

J’ai commencé à travailler sur la série photo “We breathe freedom” pendant la guerre, l’affinant après. Les scènes inoubliables de bombardements et la violence m’ont incité à créer ces images“, commence par nous expliquer Mahmoud.
La guerre dont il parle correspond aux 51 jours d’attaques aériennes qu’a subi Gaza en 2014 à la suite de l’opération “Bordure protectrice”, qui a coûté la vie à plus de 2200 personnes, majoritairement des civils. Muni d’un réflex et de deux objectifs, Mahmoud, frappé par la dureté de la situation, s’entraîne d’abord au photojournalisme avant de s’adonner à la photographie conceptuelle, ce qui lui permet de donner sa propre vision de la catastrophe.
Cette quête poétique en plein coeur de la guerre devient alors une “fenêtre paisible” qui permet à ce photographe à la sensibilité impressionnante, “de créer tout ce qu'[il] veut exprimer au sujet d’une vision basée sur des notions humaines“. Profitant des deux heures de couvre-feu quotidiennes, les idées posées sur le papier et les costumes préparés, Mahmoud commence ainsi à faire des prises de vue à l’extérieur, toujours accompagné par sa petite soeur.

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C’était important pour moi de mettre en scène des enfants car selon moi, ce sont eux qui sont les plus touchés par les guerres. Aucun enfant ne devrait faire face à une vie aussi difficile à un âge aussi précoce. Je voulais donc parler de leurs rêves et de leurs espoirs.

51 photos pour 51 jours de guerre

La série onirique We breathe Freedom a déjà été exposée dans plusieurs endroits à travers le monde, notamment à Paris lors de “Palesti’[in] & out“, premier festival pluridisciplinaire consacré à la jeune création contemporaine palestinienne qui a eu lieu mi-juin. C’est d’ailleurs avec grand regret que Mahmoud nous raconte les difficultés qu’il a rencontrées lorsqu’on l’a invité à venir en France récupérer en mains propres le Prix donné par le festival.
Mais malgré l’interdiction de quitter le territoire, Mahmoud reste heureux que ses images  – qui sont exposées jusqu’au 30 juin à l’ l’Iremmo (Institut de recherches et d’études Méditerranée Moyen Orient) – se propagent au-delà de la bande de Gaza.

C’est vraiment très important pour moi que ces images soient vues à l’étranger car elles donnent une certaine vision de ce qui se passe ici et surtout de ce que les personnes ressentent.

C’est pourquoi le jeune Gazaoui compte bien poursuivre sa série afin de proposer 51 clichés différents, un pour chaque jour de guerre, d’ici fin juillet.
Près d’un an après les attaques, Mahmoud souhaite ainsi rappeler que “depuis la fin de la guerre, tout le monde pense que la situation s’est améliorée, mais des personnes n’ont plus de maisons et vivent dans des tentes, et la situation est toujours aussi catastrophique“.
Voilà pourquoi, il insiste sur le message principal qu’il espère véhiculer à toute personne qui observerait ses clichés :

Nous sommes des êtres humains, nous rêvons de liberté et de vivre en paix. Nous ne sommes pas des statistiques et nous allons nous battre pour obtenir nos droits.