Entre basket et cinéma, retour sur la fascinante carrière de Mahershala Ali

Entre basket et cinéma, retour sur la fascinante carrière de Mahershala Ali

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Par Lucille Bion

Publié le

Hier, Mahershala Ali a remporté pour la 2e fois l'Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle. Retour sur sa brillante carrière.

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Comme Denzel Washington, Mahershala Ali a remporté deux oscars, lui permettant de devenir un symbole pour sa génération et la communauté afro-américaine. Hier soir, lors de la 91e cérémonie des Oscars qui se déroulait au Dolby Theatre, le comédien de 45 ans est monté sur scène chercher sa deuxième statuette dorée en seulement trois ans, pour son second rôle dans Green Book : sur les routes du sud. Nommé dans 5 catégories, le drame social de Peter Farrelly a finalement remporté 3 prix avec le Meilleur scénario original et surtout, le Meilleur film.

Symbole malgré lui

Outre les ovations hollywoodiennes, ce moment clé dans la carrière de Mahershala Ali mérite d’être salué. Cette deuxième consécration après Moonlight est une joie immense, mais pas une surprise. En effet, l’acteur était face à Sam Rockwell dans Vice et Adam Driver dans BlacKkKlansman qui se défendaient bien ainsi que Sam Elliott dans A Star is Born et Richard E. Grant dans Can You Ever Forgive Me ?. De plus, il avait décroché quelques mois auparavant un Golden Globe qui s’avère souvent être un bon indicateur pour les Oscars.

Sous la direction de Peter Farrelly et aux côtés de Viggo Mortensen, la vedette incarne dans Green Book un musicien en tournée sur fond de ségrégation. Protégé par son chauffeur, le pianiste entame un road-trip houleux et mélodieux dans un pays où le mouvement des droits civiques commence à se faire entendre. Sur le registre de la comédie, le long-métrage pointe surtout une Amérique raciste et étroite d’esprit, qui n’est pas sans rappeler celle de Trump.

Deux ans auparavant, l’acteur faisait confiance au merveilleux Barry Jenkins, nouvelle voix fine, poétique et progressiste pour les Afro-Américains. Sauveur opportun de l’Académie épinglée d’un hashtag #OscarsSoWhite. Là encore, c’est un combo : le jour où son Moonlight concourt aux Oscars, cette dernière prend la décision de distinguer le talentueux Mahershala Ali et le film repart avec la statuette du Meilleur Film.

Moonlight racontait lui aussi l’évolution d’un Noir dans un milieu houleux. Barry Jenkins s’intéressait au personnage de Chiron, un homosexuel issu du ghetto de Miami, où le cinéaste a précisément grandi. Mahershala Ali se glissait alors dans la peau du dealer protecteur, repère crucial du héros.

Propulsé par le petit écran

Si la plupart ont découvert le quarantenaire avec la série House of Cards très médiatisée, dans laquelle il incarne l’austère Remy Danton, le comédien fraîchement distingué a, comme beaucoup, débuté avec un petit rôle dans Preuve à l’appui au début des années 2000.

S’ensuivent alors New York Police Blues et Les Experts qui font office de mini-tremplin et lui permettent de décrocher le rôle principal de la très courte série Agence Matrix où il est crédité avec son ancien nom “Mahershalalhashbaz Ali” :

La même année, en 2003, il décroche son premier rôle au cinéma dans Making Revolution de Daniel Klein sous le nom cette fois de “Mahershala Karin-Ali”. Par soucis de clarté et de simplicité, son nom se raccourcit son identité commence à se préciser et sa carrière dans le septième art aussi.

Avec toutes les cartes en main, c’est sa rencontre déterminante avec David Fincher qui lui permettra de s’insérer durablement dans le milieu.

<span class="st">©</span> Warner

Le cinéaste qui a alors réalisé Alien 3, Seven ou Fight Club s’apprête à transformer Brad Pitt dans son Étrange histoire de Benjamin Button, futur classique du cinéma. L’acteur et le réalisateur se retrouveront quelques années plus tard sur le tournage de House of Cards, puisque David Fincher était producteur de la série. La boucle est bouclée.

Le public commence à mettre un nom sur ce visage et c’est moins son passage furtif dans le blockbuster pour ado Hunger Games que le pouvoir des séries qui lui a permis cette ascension magistrale.

© True Detective

Dans cette liste de projets clés de sa carrière, n’oublions pas de citer True Detective. L’acteur est mis à l’honneur dans la première et la troisième saison d’HBO, à tel point que la critique constate qu’il a relancé l’engouement populaire après une saison 2 jugée trop “fade”.

Pièce maîtresse des enquêtes policières, le comédien prouve qu’il est aussi à l’aise en faisant le grand écart en passant par la case maquillage pour jouer les jeunes durs et les vieux sages atteints de la maladie d’Alzheimer.

Changement radical

Si Mahershala Ali a percé l’écran et s’est montré capable de changer de registre comme de corps, l’acteur a aussi enfoui ce que l’on pourrait appeler sa première vie.

En effet, le natif d’Oakland en Californie s’est montré redoutable dans une tout autre discipline : le basket. Le succès d’Hershel Gilmore, de son vrai nom, a débuté dans le sport, lorsqu’il a intégré l’équipe de basket-ball de l’université de Saint Mary’s en Californie, en National Collegiate Athletic Association (NCAA). Considéré comme un arrière prometteur dès les années 1990 au lycée de Mount Eden High, il se rendra compte qu’il n’a pas d’atomes crochus avec son entraîneur, ce qui le pousse, écœuré par les mauvais traitements qu’enduraient les sportifs, à quitter le terrain pour les scènes de théâtre.

À l’époque, la légende raconte qu’il travaille dur malgré l’absence de ses parents. Élevé par ses grands-parents, Hershel Gilmore a finalement suivi le parcours de son père, acteur à Broadway. Et on dirait bien que l’élève a dépassé le maître, fort d’une discipline et d’un mental exemplaire.