Les unes sublimes du New Yorker, à l’heure du coronavirus

Les unes sublimes du New Yorker, à l’heure du coronavirus

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© Eric Drooker

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Par Louis Lepron

Publié le

En témoignent ces quatre couvertures, publiées de février à avril.

Avec près de 200 000 cas confirmés et 4 000 décès dus au Covid-19, les États-Unis sont actuellement le plus grand foyer au monde de la pandémie dont le premier cas confirmé sur le territoire remonte au 23 janvier dernier. Dans un pays où l’état d’urgence a été décrété le 13 mars, le New Yorker fait partie des publications dont les unes tentent de toucher du doigt une réalité angoissée.

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L’hebdomadaire, connu historiquement pour ses unes illustrées, a ainsi abordé le sujet à partir du mois de février, sous la houlette de la Française Françoise Mouly, directrice artistique du New Yorker depuis 1993.

“Under Control”

Et on peut le dire : depuis l’actualité liée au Covid-19, chaque dessin choisi fait mouche. Le tout premier remonte au 27 février, pour le numéro du 9 mars. On y voit le visage de Donald Trump, la bouche grande ouverte et un masque de protection lui couvrant les yeux. 

Réalisé par Brian Stauffer, cette illustration a pour nom “Under Control”, une expression ironique au regard de la façon dont le président américain a tardé pour prendre au sérieux la menace du coronavirus. Comme le note le New Yorker dans la présentation de sa nouvelle couverture, Donald Trump annonçait le mercredi 26 février lors d’une conférence de presse que : “We’re doing really well” [“Nous allons bien”].

La une du dessinateur Brian Stauffer pour le “New Yorker”, datée du 9 mars 2020.

“Critical Mass”

À travers une illustration simple et efficace, le dessinateur Christoph Niemann a voulu esquisser l’interdépendance entre un homme et la société qui l’entoure. Pour l’édition datée du 23 mars, on aperçoit ainsi un homme, acculé devant une armée de dominos, tous prêts à tomber s’il bouge.

L’idée lui est venue alors qu’il était dans son lit et qu’il tentait de trouver le sommeil. Il ne s’est rendu compte seulement le lendemain du lien esthétique entre son intuition et le fait que, sur le papier, le résultat prenait la forme du Covid-19.

La une du dessinateur Christoph Niemann pour le “New Yorker”, datée du 23 mars 2020.

“Grand Central Terminal”

Pour son édition du 30 mars 2020, le New Yorker a rendu hommage à l’un des lieux les plus iconiques de la Grosse Pomme, à savoir Grand Central Terminal, un bâtiment dont la construction remonte à la deuxième moitié du XIXe siècle. Eric Drooker a ainsi utilisé cet endroit, connu pour sa densité de population et les milliers de passant·e·s qui vont et viennent dans ses entrailles, pour mieux le libérer. 

En lieu et place des citoyen·ne·s new-yorkais·e·s pressé·e·s, reste un seul et unique personnage au centre de la gare : un balayeur, alors que le soleil traverse les immenses fenêtres. Dans une interview donnée au magazine, Eric Drooker clame son amour pour l’art produit au cours de la période du “New Deal” – un programme politique mis en place durant les années 1930 aux États-Unis par le président Roosevelt afin de lutter contre les effets socio-économiques de la Grande Dépression.

La une du dessinateur Eric Drooker pour le “New Yorker”, datée du 30 mars 2020. 

“Bedtime”

Pour la prochaine couverture du New Yorker et son édition du 6 avril, c’est cette fois-ci Chris Ware qui s’y est attelé. Comme le magazine l’explique dans un tweet, l’auteur a demandé à sa fille de 15 ans ce qu’il devait dessiner.

“Fais tout pour que [cette une] montre combien les médecins ont aussi des enfants et une famille”. En résulte un dessin intitulé “Bedtime” où une médecin, au beau milieu d’un hôpital bondé, passe un appel vidéo à sa famille, alors que ses enfants sont au lit.

La une du dessinateur Chris Ware pour le “New Yorker”, datée du 6 avril 2020