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Les 10 réalisatrices qui ont marqué la décennie

Les 10 réalisatrices qui ont marqué la décennie

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© Greenberg

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Par Lucille Bion

Publié le

À leur manière, ces dix femmes ont marqué le cinéma avec leurs films d'auteur, d'horreur, ou leurs blockbusters.

Ces dix dernières années ont propulsé de nombreuses cinéastes sur le devant de l’écran. Entre Kathryn Bigelow qui est devenue la première femme à recevoir l’Oscar du Meilleur réalisateur en 2011 et Patty Jenkins qui est devenue une véritable leadeuse dans la machine hollywoodienne, le cinéma a pu voir émerger quelques réalisatrices pendant que d’autres nous quittaient, comme Agnès Varda ou Anna Karina (oui, l’icône de la Nouvelle Vague a aussi signé Vivre ensemble). 

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Si le combat pour la parité n’est pas encore gagné, comme l’ont tristement rappelé les nominations aux Golden Globes 2020, puisqu’aucune réalisatrice n’a été mise en valeur dans les catégories principales, nous avons décidé de souligner le talent de 10 cinéastes qui nous ont marqué·es, chacune à sa manière.

#1. Desiree Akhavan

New-yorkaise ultra-branchée, Desiree Akhavan s’est fait connaître à Sundance avec Appropriate Behavior en 2014, qui lui a permis d’apparaître dans quelques épisodes de la série Girls, rentrant ainsi dans le cercle de Lena Dunham. En 2018, avec Come as you are, elle s’empare d’un sujet sensible, celui des centres de conversion aussi appelés “thérapies de conversion” ou “thérapies de réorientation sexuelle” avec Chloë Grace Moretz en tête d’affiche et décroche le gros lot à Sundance. Ainsi distinguée, elle devient une réalisatrice indé incontournable aux US. Forte de ce succès, elle ouvre le spectre de la représentation queer dans les séries avec The Bisexual, la même année.

#2. Ana Lily Amirpour

© Facebook

Créative, Ana Lily Amirpour s’est imposée dans le cinéma d’auteur avec A Girl walks home alone at night, un road-movie nocturne vampiresque, et sur Netflix avec The Bad Batch, un trip fluo et acidulé sur fond de cannibalisme. En seulement deux films, l’anglaise d’origine iranienne rehausse le niveau du film de genre par son originalité, tant dans la réalisation que dans ses scénarios. Nouvelle preuve avec le pitch de son prochain projet, Blood Moon. L’histoire d’une fillette aux capacités surnaturelles et dangereuses s’échappe d’un asile psychiatrique à la Nouvelle Orléans. 

#3. Andrea Arnold :

© Andrea Arnold au Festival de Cannes

Excentrique dans la vie mais réaliste dans l’art (puisque la nouvelle lubie du cinéma consiste à distinguer l’humain de l’artiste), Andrea Arnold s’est fait connaître à Cannes au début des années 2000. Cette décennie, elle gagne pour la troisième fois le prix du Jury à Cannes avec le sublime American Honey (2016), révélant au passage Sasha Lane.

Sa notoriété lui permet alors de succéder à Jean-Marc Vallée, créateur de Big Little Lies, pour la saison 2 de la série au casting dément, entre Meryl Streep, Nicole Kidman, Zoë Kravitz, Reese Witherspoon et Laura Dern.

Une taupe chez HBO aurait cependant fait savoir que l’équipe n’aurait pas laissé la main à la cinéaste comme convenu sur la postproduction, préférant faire revenir Jean-Marc Vallée pour plus de cohésion visuelle, d’une saison à l’autre.  Un comble : Big Little Lies, une série ouvertement féministe dans son propos, se permet d’écarter sa toute première réalisatrice pour laisser un homme reprendre les commandes. 

#4. Kathryn Bigelow 

© Sur le tournage de ZERO DARK THIRTY / Warner

Grâce à Démineurs, Kathryn Bigelow est devenue la première femme à recevoir l’Oscar du Meilleur réalisateur, en 2011. Quelques années plus tard, dans sa lancée, elle signe Zero Dark Thirty (2012) puis Détroit (2017) et devient l’une des cinéastes les plus incontournables de la décennie avec ses histoires percutantes, souvent inspirées de faits historiques réels passés qui questionnent notre présent.

#5. Julia Ducournau

© Au vidéo club de Konbini

Avec seulement Grave au compteur, la réalisatrice Julia Ducournau a ravivé les espoirs français avec un film de genre sanglant qui a fait le tour du monde. Film évènement de 2017, ce drame cannibale a permis d’ouvrir la voie à de nombreux réalisateurs avides de changements tant il a buzzé en festival, à coups de pseudos malaises et de distributions de sacs à vomi… Heureusement pour la réalisatrice tout droit sortie de la Fémis, la critique internationale a aussi souligné son talent, et sa prise de risques.  

#6. Greta Gerwig

© Greenberg

Artiste à part entière, Greta Gerwig a explosé pendant cette décennie. D’abord actrice, elle enchaîne les projets, de Sex Friends à 20th Century Women en passant par l’Île aux Chiens. Elle atteindra même la France en décrochant un rôle dans Eden, aux côtés d’un Vincent Lacoste alors en pleine ascension. 

Mais Greta Gerwig marquera cette période en s’emparant d’une caméra avec le fabuleux Lady Bird, en partie autobiographique, et sa merveilleuse adaptation à venir, Little Women, rassemblant un casting de rêve : Emma Watson, Timothée Chalamet, Louis Garrel, Saoirse Ronan, Meryl Streep et Laura Dern. 

#7. Patty Jenkins

© Wonder Woman

Avec sa Wonder Woman, Patty Jenkins a clairement ouvert une porte aux super-héroïnes. Avec sa princesse amazone Gal Gadot, le duo a cartonné au box-office et détient depuis, le titre du meilleur démarrage pour un film réalisé par une femme sur le sol américain, en cassant le box-office à base de 200 millions de dollars. Dès sa sortie, les critiques américaines furent dithyrambiques.

Un deuxième volet a donc immédiatement été commandé et la Warner a par la même occasion pu se targuer de placer des réalisatrices puissantes sur de grands projets. Avec cette ambition, Wonder Woman 2 sera le premier long-métrage à suivre les nouvelles directives anti-harcèlement du PGA (Producers Guild of America), un protocole instauré par le syndicat des producteurs américains pour essayer de rectifier le tir sur la question et s’assurer que les productions sont en conformité avec les lois. 

#8. Jennifer Kent 

© Wild Bunch

Dans le genre de l’horreur, une réalisatrice aura marqué les esprits avec son Mister Babadook : Jennifer Kent. Avec cette œuvre aussi forte que stylisée, son personnage est devenu un symbole viral, notamment pour… la communauté gay. À la suite d’une erreur commise par un employé de Netflix un peu à la ramasse, Mister Babadook a été placé sur la plateforme de VOD dans la catégorie des films LGBT au lieu de celles des films d’horreur. Une bourde qui a érigé nos plus grandes peurs en mèmes. 

Portée par ce succès, Jennifer Kent s’impose une nouvelle fois en 2018, à la Mostra de Venise, avec son deuxième long-métrage sélectionné, The Nightingale. Elle est alors la seule réalisatrice de la compétition. Un triste constat largement souligné par Jacques Audiard qui a pointé du doigt le manque de parité du Festival dans un discours mémorable. 

#9.  Lynne Ramsay :

Talentueuse et multirécompensée, Lynne Ramsay a entretenu une grande histoire d’amour avec le Festival de Cannes ces dix dernières années. Elle a pu présenter sur la Croisette le puissant We Need to Talk about Kevin (2011), son court-métrage Swimmer (2013) — alors qu’elle était aussi membre du jury de Steven Spielberg — et You Were Never Really Here (2017), grâce auquel Joaquin Phoenix a reçu son prix d’interprétation et elle, son prix du scénario. 

#10. Chloé Zhao 

© Les Films du Losange

L’une des plus discrètes, pour terminer ce trombinoscope de cinéastes talentueuses, est Chloé Zhao. La réalisatrice chinoise célébrée à Cannes pour le délicat Les Chansons que mes frères m’ont apprises et The Rider est aussi connue pour ses discours passionnants sur l’Amérique contemporaine et la place des femmes dans le cinéma. Cinéaste indépendante précieuse pour les États-Unis, elle a surpris tout le monde l’an passé en annonçant sa participation au projet Marvel, Eternals, attendu pour 2021.