Le lac aux oies sauvages : un film noir à la fois violent et élégant

Le lac aux oies sauvages : un film noir à la fois violent et élégant

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Par Louis Lepron

Publié le

Le film sortira dans les salles ce mercredi 25 décembre.

Avec Le lac des oies sauvages, en salles mercredi en France, le réalisateur chinois Diao Yinan modernise les codes du film noir classique des années 1940 dans un long-métrage élégant et violent qui brille par sa mise en scène.

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Une pluie battante dans la nuit. Une petite gare de ville moyenne. Un homme sur ses gardes. Une femme s’approche. Il lui allume sa cigarette. Ainsi débute ce long métrage très référencé, en compétition au dernier Festival de Cannes.

Une rencontre entre Zhou Zenong (Hu Ge), un chef de gang en fuite et en quête de rédemption, et Liu Aiai (Gwei Lun Mei), une prostituée prête à tout pour recouvrer sa liberté, au cœur d’une traque lancée par la pègre et la police locales.

Pour transcender sa trame on ne peut plus classique, Diao Yinan a concentré ses efforts sur la forme, le visuel autant que le mouvement. Avec ses jeux d’ombres, de lumières, de miroirs, c’est du côté du Troisième homme de Carol Reed, du Criminel d’Orson Welles et de l’expressionnisme de Fritz Lang (Furie) ou d’Otto Preminger (Laura) que lorgne sa caméra virtuose.

“Des éléments de ces grands films sont en effet présents. Mais mon plus grand défi était de ne pas seulement leur ressembler. Ma démarche, en invoquant ces grands classiques du film noir, était d’affirmer mon propre style”, déclarait-il à l’AFP en mai au Festival de Cannes.

Cette quête artistique, le réalisateur de 50 ans l’a commencée en 2003 avec Uniforme, avant Train de nuit puis Black Coal, thriller âpre et macabre qui lui a valu en 2014 l’Ours d’or à la Berlinale. Dans son travail très maîtrisé, il fait du son un élément parfois aussi déterminant que l’image, comme lorsqu’il parvient à faire monter la tension ou la peur avec des bruits anodins surgissant par surprise.

Et d’arguer : 

Je n’aime pas quand une musique installe une tension, c’est une manière trop évidente de la créer, qui fait qu’on surligne le propos. Les bruits du quotidien, a fortiori quand ils sont brutaux comme cela arrive assez souvent dans la vie, sont plus efficaces”.

Si dans Black Coal, Diao Yinan s’appuyait sur le thriller pour mieux ausculter la réalité sociale de son pays, dans Le lac aux oies sauvages, il se penche plutôt sur la perte de valeurs morales chez ses compatriotes.

“Mes personnages tentent de résister, de se défendre face à l’humiliation sous toutes ses formes, et ce parfois au péril de leur vie. Ils veulent obtenir une somme d’argent, mais ils veulent surtout reprendre leur dignité humaine”, dit-il. “Dans la Chine d’aujourd’hui, cette dignité se perd. Les gens oublient la droiture, la loyauté, l’esprit chevaleresque qui prévalaient dans la Chine ancienne. La Chine d’aujourd’hui doit retrouver ses valeurs”.

Konbini avec AFP