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Charge mentale : Emma monte à nouveau au créneau pour que les hommes prennent leurs responsabilités

Charge mentale : Emma monte à nouveau au créneau pour que les hommes prennent leurs responsabilités

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Par Mélissa Perraudeau

Publié le

La dessinatrice Emma est revenue sur le succès de sa BD sur la charge mentale pour en dénoncer le traitement médiatique. L’occasion de militer à nouveau contre la culpabilisation des femmes, et pour la responsabilisation des hommes.

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Il y a quelques mois, sa BD Fallait demander publiée sur Facebook était reprise par quasiment tous les médias de France et d’ailleurs. Emma permettait alors de parler du concept de charge mentale, le fait que les femmes doivent toujours penser à tout en matière de tâches domestiques et parentales, dont elles sont les responsables et les dirigeantes tandis que les hommes ne sont généralement que de simples exécutants. Le résultat d’une société et une éducation sexistes, qui encouragent ces schémas, des jouets donnés aux enfants à la culture dans laquelle ils sont élevés ainsi que, bien sûr, leurs schémas familiaux. Et la société organise la famille de cette façon dès la naissance des bébés.

Fallait demander, la BD qui demandait aux hommes de prendre leurs responsabilités

En France, les pères ne disposent en effet que d’un congé paternité de 11 jours. Dans les couples hétérosexuels, c’est donc inévitablement la mère qui s’occupe le plus de l’enfant à sa naissance et apprend à tout gérer. Alors que d’après Emma, les solutions sont accessibles : les hommes doivent notamment apprendre “à se sentir responsables de leur foyer” et revendiquer “le droit d’être auprès de leur famille dans les premiers mois de leur enfant” en demandant un véritable congé parental.

Emma avait d’ailleurs expliqué à BuzzFeed News qu’elle avait fait sa BD dans l’espoir que les hommes prennent leurs responsabilités :

“J’ai fait cette BD dans l’espoir que les hommes la lisent et prennent leurs responsabilités. Le sujet peut paraître anodin parce qu’il s’agit de ramasser du linge mais, en fait, c’est épuisant, et c’est politique.”

Un discours qui a été entendu par un informaticien français, qui a décidé de publier une pétition demandant l’allongement du congé paternité. Naro Sinarpad a adressé sa requête d’allongement du congé de paternité à quatre semaines au président Macron, à la secrétaire d’État chargée de l’égalité des femmes et des hommes et aux ministres des Solidarités et de la Santé. Elle a trouvé écho, puisqu’elle compte plus de 56 000 soutiens sur les 75 000 nécessaires.

La charge mentale, la faute des femmes ?

Mais début septembre, Emma est revenue sur la médiatisation de Fallait demander dans une nouvelle BD intitulée La Faute des femmes. Elle a observé le succès international qui a permis de faire parler de la charge mentale, et les “espoirs fous de révolution féministe” et d’un “monde meilleur et plus équitable” que cela lui a inspiré. Elle espérait des solutions politiques déchargeant les femmes de leur “deuxième journée”, que les médias encouragent l’allongement du congé paternité, et une véritable formation à l’égalité “dès la petite enfance”.

“Accepter de perdre du temps”, “lâcher prise”, et en “cas de panique”“fredonner”. Passé le choc de la lecture, Emma a cherché d’autres articles s’adressant aux hommes, pour qu’ils prennent leur responsabilité en matière de charge mentale, mais sans grand succès.

Les articles traitant du sujet impliquaient que la charge mentale était la faute des femmes, qu’elles n’avaient par exemple pas délégué les tâches domestiques et le soin des enfants dès la naissance. Sauf que les femmes n’ont précisément pas le choix à la naissance, à cause de la courte durée du congé paternité.

Un traitement de la charge mentale qu’Emma a d’autant plus regretté qu’elle a remarqué que c’étaient souvent des femmes qui écrivaient ces articles faisant peser la responsabilité de la charge mentale sur… les femmes. Une façon de les culpabiliser et de générer du profit en les poussant à acheter des magazines avec des “conseils” sur la question. La dessinatrice souligne que le terme a été galvaudé, et semble être beaucoup utilisé pour générer du clic et/ou des ventes, plutôt que dans une réelle volonté de faire évoluer les choses.

Le combat n’est pas terminé

Il y a heureusement des exceptions : Emma cite l’article de Libération intitulé “L’inattendu retour de la ‘charge mentale'”, ou encore le magazine Daron qui à son sens encourage les pères à se saisir de leurs responsabilités. Et elle-même ne compte pas abandonner le combat.

La dessinatrice a sorti sa première bande dessinée, Un autre regard, le 10 mai dernier (chez Florent Massot). Elle s’y attache à démonter des clichés sur des thèmes divers, travail qu’elle continue également avec des BD publiées sur Facebook. Lundi 11 septembre, elle a ainsi publié Travaille ! (pourquoi ?), deuxième opus de sa série “sur la conciliation travail/temps libre”. En écho à Emmanuel Macron et ses “fainéants”, elle y aborde le concept de “boulot à la con”, et revient sur l’idée de salaire à vie.