Knives and Skin, une plongée lynchienne dans le genre du teen movie

Knives and Skin, une plongée lynchienne dans le genre du teen movie

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Par Lucille Bion

Publié le

Jennifer Reeder propose une vision décalée du teen movie tout en enseignant une belle leçon de féminisme.

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Knives and Skin, c’est quoi ?

En pleine nuit, Carolyn Harper repousse un garçon, Andy. Ce dernier, piqué au vif, l’agresse violemment et la laisse au bord d’une rivière avec le crâne à moitié fracturé. Lorsque la mère de la victime signale sa disparition, et que l’enquête n’avance pas, les habitants de la petite ville de l’Illinois où se déroule l’intrigue commencent à se comporter de manière irrationnelle. Les adultes sont au bord de la crise de nerfs et les ados font la loi, en explorant leurs désirs étouffés et testant les limites de leurs aînés.

Andy, le dernier à avoir vu Carolyn en vie, se terre avec son secret dans sa voiture de luxe. Sa sœur, Joanna, qui fait partie d’un groupe de musique, se retrouve coincée entre son père (un clown triste au chômage), sa mère (dépressive et démissionnaire, plus proche du chien enragé que de l’être humain)et son professeur de lettres (qui aime autant la littérature que la drague lourde). Joanna peut compter sur ses deux amies : Laurel, dont le père est en charge de l’enquête, et la guitariste Charlotte, hyperstylée mais cible du boys’ club du bahut.

Entre mensonges et secrets bien gardés, et avec un soupçon d’humour cynique, Knives and Skin illustre le délicieux fourmillement d’une petite communauté après un événement tragique.

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Mais c’est bien ?

Résolument féministe, la réalisatrice Jennifer Reeder saupoudre son récit de ses valeurs affirmées. Le point de départ de son film n’est autre qu’un rappel de la notion de consentement. À cause du piétinement de l’enquête, les habitants de la petite ville tranquille de l’Illinois vont se surprendre à adopter des comportements étranges. Quand certains interrogent leur sexualité, d’autres se pavanent avec excentricité, ce qui nous fait découvrir une petite dizaine de profils surprenants.

Un costume de majorette, un oreiller en aluminium, des robes de bal rose bonbon… Les accessoires (comme les décors, d’ailleurs) sont aussi kitsch, glam et improbables que fascinants, et viennent servir une esthétique qu’on attendait au tournant. En effet, Jennifer Reeder a été formée aux Beaux-Arts de Chicago et a réalisé de nombreux films aux côtés de peintres, sculpteurs et photographes. Avec ses tons mauves, sombres, pop et presque gothiques, le film a des allures de rêve, là où certains, moins avisés, y verront un véritable cauchemar.

Mais Knives and Skin est moins un film de genre qu’un teen movie perché et arty. Dans le sinistre paysage de ce genre en vogue, clairement dominé par Netflix (Sierra Burgess Is a Loser, Dumplin’, The Kissing Booth) ce long-métrage tire son épingle du jeu en prenant des risques.

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Qu’est-ce qu’on retient ?

L’actrice qui tire son épingle du jeu : Ireon Roach.

La principale qualité : une ambiance vaporeuse et macabre.

Le principal défaut : un scénario trop mince.

Un film que vous aimerez si vous avez aimé : les œuvres de Lynch, l’esthétique de la série Euphoria et les craquages de Riverdale.

Ça aurait pu s’appeler : La Disparition ou Le Rendez-vous nocturne

La phrase pour résumer le film : “Une leçon de féminisme comme vous n’en avez jamais eue.”