Le jeu indé de la semaine : Gris, un chef-d’œuvre tout en nuances

Le jeu indé de la semaine : Gris, un chef-d’œuvre tout en nuances

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Par Pierre Bazin

Publié le

Sorti il y a un mois, Gris a donné aux joueurs et aux critiques une vraie claque visuelle.

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L’éditeur Devolver a du flair en ce qui concerne les studios indépendants prometteurs, et cela s’est une nouvelle fois confirmé avec l’équipe de Nomada Studio, qui vient de sortir son premier opus : Gris. Il n’est pas facile de se faire une place sur le marché lorsqu’on n’a aucun titre sur son CV, particulièrement pour une si petite équipe, mais il y a aussi parfois des collaborations magiques entre artistes et développeurs qui peuvent rivaliser avec les blockbusters du jeu vidéo.

La force de Gris tient tout d’abord de la direction artistique de l’illustrateur Conrad Roset. Le style graphique du jeu emprunte beaucoup aux récentes évolutions de l’animation occidentale, le tout sous la forme d’une sorte d’aquarelle éthérée où lumières, ombres et fumées s’allient parfaitement. Le plus impressionnant, c’est que le jeu vous permet d’explorer des niveaux tous plus beaux les uns que les autres, avec des paysages variés, sans jamais interrompre le gameplay avec des cinématiques.

La musique n’est pas en reste non plus, avec une soundtrack entièrement composée par le groupe Berlinist. Vos oreilles voyageront grâce aux douces mélodies, tandis que la narration reste muette, pour mieux vous laisser profiter du spectacle. Entre les changements de tonalité, représentés à l’image par l’apparition d’une nouvelle couleur, et les phases mouvementés soulignées par des accélérations soudaines du rythme, on aurait presque envie d’y jouer les yeux fermés.

Gris n’est pas un énième titre indé qui mise tout sur son aspect contemplatif : son succès tient aussi de son gameplay. Sans être nécessairement très complexe, le jeu demande tout de même à de nombreuses reprises de bien réfléchir pour réussir à s’orienter et avancer. Le système de jeu prend son temps et se renouvelle tout au long de l’épopée, offrant de nouvelles capacités ainsi que de nombreux défis à l’héroïne.

Entre les phases de plateformes et de puzzles, les sections s’enchaînent naturellement, créant une variété de moments uniques mis en exergue par de sublimes tableaux. La sensation d’exploration est parfaitement maîtrisée : le monde de Gris ressemble à première vue à un étrange labyrinthe, mais on n’a jamais l’impression d’être perdu.

L’histoire de ce jeu onirique ne vous prendra pas par la main : la signification de l’aventure que vous vivez aux côtés de cette mystérieuse femme est ouverte aux interprétations. Une fois le jeu fini, il convient de souffler un peu et, pourquoi pas, d’y rejouer un peu plus tard.

Avec sa direction artistique parfaitement maîtrisée, Gris aurait pu s’arrêter au stade du “beau jeu” que beaucoup de titres indés peuvent se targuer d’avoir. Cependant, la richesse de son gameplay et la synergie évidente entre son esthétique, son ambiance, sa musique et son système de jeu en font une œuvre toute particulière.