Imbattable, la méta-BD-mindfucking, fait son retour

Imbattable, la méta-BD-mindfucking, fait son retour

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Imbattable / Pascal Jousselin / Editions Dupuis

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Par Pierre Schneidermann

Publié le

Tremblez, méchants ! Rien, absolument rien, ni la force ni le temps, ne vaincra Imbattable.

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Il y a un an, un petit super-héros jaune aussi musclé qu’une crevette crevait littéralement les cases de la bande dessinée, prouesse qu’aucun personnage de Marvel ou même un Largo Winch n’a, jusque-là, accomplie. Prouesse aussi car, devant l’engouement du lectorat, l’album de Pascal Jousselin avait dû être réédité. Au total, 30 000 exemplaires vendus.

Cet Imbattable (modeste nom, n’est-ce pas ?), donc, possède un pouvoir aussi spécial qu’inattendu : il arrive à jumper (verbe qui semble le plus approprié) de case en case. Ce qui lui permet à la fois de réparer le passé et d’anticiper le futur, le tout pour rétablir le bien dans le présent. Il est parfois accompagné d’acolytes aux super-pouvoirs tout aussi étonnants comme ce Toudi, apprenti héros capable de manipuler la perspective.

Ce que nous venons d’écrire là est parfaitement incompréhensible. Il faut voir quelques planches pour comprendre le fonctionnement. En voici deux. La première, piste verte : vous saisirez du premier coup. La seconde, piste rouge : vos yeux devront probablement faire quelques allers-retours pour saisir le truc.

Chacune des 46 planches est donc un joyeux mélange de procédés ludiques, paradoxaux, parfois angoissants (oui, oui, une boucle temporelle, c’est métaphysiquement terrifiant) et il existe un mot anglais pour résumer en substance ce que l’on ressent : mindfucking.

“Au départ, je ne pensais pas faire un album”, nous explique Pascal Jousselin. Les histoires d’Imbattable ont en effet commencé en douceur car publiées par petites vagues dans le Journal de Spirou. “Je pensais même que je tournerai en rond au bout de huit, dix pages. Mais j’ai rapidement compris que ça permettait beaucoup plus de choses que ce que je pensais“, analyse-t-il rétrospectivement.

Modeste (beaucoup plus qu’Imbattable), Pascal Jousselin estime n’avoir rien inventé. Depuis le début, la BD joue avec son propre langage et continue aujourd’hui de le faire. Dans cette grande lignée des déconstructeurs, Fred, Marc Antoine Mathieu ou encore Étienne Lecroart font partie de ses inspirations.

Pourtant, désolé pour la modestie, il y a bien quelque chose d’unique : un mélange parfaitement réussi entre, d’une part, le jeu conceptuel et, d’autre part, ce que l’on appelle la BD classique franco-belge. Le trait et les aventures d’Imbattable convoquent des univers d’enfant indubitablement façonnés par la lecture des Uderzo, des Morris ou des Hergé. Et c’est aussi pour ça, parce qu’il n’y a rien de gratuit, qu’Imbattable a su séduire le grand public.