Halloween : 5 films d’horreur méconnus que vous devez absolument voir

Halloween : 5 films d’horreur méconnus que vous devez absolument voir

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Par Mehdi Omaïs

Publié le

Pour Halloween, certains optent pour un film à la maison. Si vous manquez d’inspiration, Konbini a demandé conseil à des spécialistes.

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Les toiles d’araignée, les citrouilles bien taillées, les bougies, les nez de sorcière, les bonbons… Chaque année, la fête d’Halloween comble les amateurs de frissons, de bestiaires et autres créatures effrayantes. Et bien souvent, en famille ou entre potes, la soirée se termine par un bon vieux long-métrage de genre, de celui qui file les jetons.

Certains titres reviennent alors en boucle : Massacre à la tronçonneuse, L’Exorciste, Shining, Halloween, Scream ou plus récemment la saga Conjuring. Et pourtant, le cinéma d’horreur regorge de pépites, d’œuvres oubliées, mésestimées ou injustement méconnues. Nous avons fait appel à cinq spécialistes qui se sont replongés dans leurs souvenirs cinéphiles pour nous concocter un programme réjouissant. À vos calepins, notez !

Schizophrenia de Gerald Kargl (1983)

Par Cyril Despontin, délégué général du Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF), dont la 8e édition se tiendra du 4 au 8 décembre au Max Linder :

C’est une œuvre complètement surréaliste où l’on suit, quasiment en temps réel, un tueur en série sorti de prison et dont les états d’âme morbides nous sont narrés en voix off. Il combine une somme de talents, que ce soit au niveau de sa mise en scène, avec ces incroyables travellings aériens et ces stupéfiants plans à la SnorriCam (que l’on doit au génie polonais de l’image Zbigniew Rybczyński, oscarisé la même année pour son impressionnant court-métrage Tango), de la performance incarnée de son acteur principal Erwin Leder (vu deux ans avant dans Das Boot de Wolfgang Petersen), mais surtout de son angoissante bande originale composée par Klaus Schulze, un des pionniers de la musique électronique au style assez proche de ses compatriotes Tangerine Dream.

Ce film m’a hanté dès sa première vision. La perfection qui s’en dégage donne parfois l’impression qu’il transcende littéralement la pellicule. Pour le découvrir, sachez qu’il est disponible dans une splendide édition Blu-ray chez Carlotta, avec beaucoup de bonus et une qualité d’image permettant de le redécouvrir comme on ne l’avait jamais vu (avec le prologue présent sur la VHS qui inspira Seul contre tous de Gaspar Noé, d’ailleurs grand fan du film). Un conseil : découvrez-le si possible dans sa version doublée en français.

https://www.youtube.com/watch?v=T9xvPoOOZK4

Incubus de Leslie Stevens (1966)

Par Daniel Cohen, directeur artistique du Festival européen du film fantastique de Strasbourg :

Filmé en noir et blanc en 1966 – avec une magnifique photo de Conrad L. Hall – et porté par une musique onirique de Dominic Frontiere, Incubus déploie son histoire dans un petit village situé sur une île isolée, et met en scène des succubes qui séduisent et corrompent des hommes avant de les tuer. L’atmosphère toute particulière qui s’en dégage en fait une œuvre atypique et hors du temps. C’est à la fin des années 1990 que le producteur retrouve une ultime copie dans les collections de la cinémathèque française, laquelle a permis la sauvegarde de cette œuvre qui mérite d’être redécouverte.

Incubus a un statut à la fois maudit et culte. Après une sortie confidentielle, il est devenu invisible pendant de nombreuses années, toutes les copies ayant brûlé dans un incendie ou ayant été détruites par ailleurs. Plusieurs membres de l’équipe sont décédés après le tournage. L’actrice Ann Atmar s’est suicidée dans les semaines qui ont suivi le dernier clap, tout comme l’acteur Milos Milos, un an plus tard, juste après avoir tué sa fiancée. Cet opus est devenu culte pour toutes ces raisons mais aussi parce que c’est le seul long-métrage américain tourné en espéranto.

Le fait qu’il ait été réalisé par Leslie Stevens, créateur de la série Au-delà du réel et que le rôle principal soit porté par William Shatner avant qu’il ne devienne le célèbre capitaine Kirk dans Star Trek, a aussi contribué à son aura culte.

Pontypool de Bruce McDonald (2010)

Par Alexa Zangrilli, fondatrice du site films-horreur.com :

Une station de radio locale coincée sous la neige canadienne. Un animateur à la grande gueule qui s’apprête à faire le show sous le regard inquiet de sa productrice. Au fil des news venant de l’extérieur, il semblerait que la petite ville de Pontypool soit victime d’une épidémie aussi étrange que violente. Malgré ses moyens limités, contrebalancés par de bonnes idées, Pontypool constitue une vraie curiosité pour les cinéphiles.

Avec son pitch original d’apocalypse, en huis clos, digne d’un des meilleurs épisodes de La Quatrième Dimension, le projet tire son épingle du jeu grâce à une mise en scène minimaliste et un scénario intelligent. Sa réussite doit par ailleurs beaucoup à ses acteurs principaux et à la subtilité des dialogues, écrits avec justesse. C’est à la fois une excellente œuvre d’angoisse, dont on peine à deviner l’issue, mais également une réflexion pertinente sur l’être humain et la communication moderne. Rafraîchissant et réfléchi à la fois, l’entreprise filmique de Bruce McDonald mérite clairement le coup d’œil.

Chose étonnante, alors qu’il a reçu un accueil plus que chaleureux dans les festivals en 2008, il n’est jamais sorti au cinéma en France. Il a uniquement été distribué en DVD près de deux ans après sa sortie au Canada. Pontypool est à l’origine un livre de l’auteur Tony Burgess. C’est le premier volet d’une trilogie suivant les mêmes événements à des endroits différents. On peut donc espérer voir naître un jour une suite adaptée du deuxième volume et se déroulant cette fois en pleine ville.

Shutter de Banjong Pisanthanakun et Parkpoom Wongpoom (2004)

Par Anthony Humbertclaude, coordinateur général du Festival international du film fantastique de Gérardmer, directeur de l’agence SG Organisation : 

Certains films horrifiques ont cette propension à hanter notre esprit bien après leur visionnage, comme une rémanence poussant dans ses derniers retranchements notre émotivité cinéphilique avide de sensations fortes. Shutter de Banjong Pisanthanakun et Parkpoom Wongpoom compte parmi ces œuvres qui ne s’oublient pas. Une persistance quasi “rétinienne” qui constitue d’ailleurs l’un des principaux ressorts dramatiques de ce thriller d’épouvante dans lequel un couple, après avoir abandonné en bord de route une jeune femme qu’ils ont percutée, voit apparaître, sur les clichés qu’il développe, d’étranges formes spectrales.

Lauréat du Prix du public des Inédits Vidéo en 2006 au Festival de Gérardmer, Shutter est l’incarnation du film de trouille. Servi par un rythme soutenu et une réalisation soignée, il s’appuie sur un objet du quotidien – une photographie – pour capitaliser sur le potentiel émotionnel que tout un chacun possède en lui. Qui n’a jamais remarqué ces formes énigmatiques surgissant parfois à l’arrière-plan d’un tirage ? Porté par une enquête captivante, le long-métrage réserve de purs moments d’effroi, savamment distillés. Des pics d’adrénaline dont l’impact est renforcé par le choix des deux cinéastes de prendre à contre-pied les rythmes convenus entre scènes chocs et scènes d’investigation dans lesquelles le cinéma de genre aime trop souvent se lover.

Durant 97 minutes, le spectateur a ainsi l’impression que tout peut arriver… à tout moment, et ce jusqu’à un final que l’on reçoit en pleine figure !

Wolfcop de Lowell Dean (2014)

Par Alexandre Nicol, directeur du Festival du film fantastique de Rouen, dont la 10e édition se tiendra du 9 au 11 novembre :

Comme chaque année, le Festival du film fantastique de Rouen a pour vocation de faire découvrir une belle sélection de courts-métrages, mais aussi des classiques ou des œuvres méconnues du cinéma fantastique. En cette période d’Halloween, les mythes et les légendes sont en effet de saison ! C’est la période idéale pour se faire par exemple un bon petit film de loup-garou comme Wolfcop du réalisateur canadien Lowell Dean. L’histoire ? Quand Lou, un flic loser et alcoolique d’une petite ville, se transforme en loup-garou, la vie peut vite devenir différente et surtout sanglante.

Cette malédiction va le faire passer d’une ivresse dépressive à une folie nocturne dévorante. Il devra dompter ses nouveaux pouvoirs et cette bête qui est en lui afin d’être dans le même temps un homme bien et un super policier. Si le mythe du loup-garou est parmi les plus intéressants dans le cinéma de genre, rares sont les longs-métrages réussis dans ce domaine. Wolfcop propose une histoire originale et vraiment efficace.

L’ambiance des années 1980 et la bande-son confèrent à cette comédie horrifique une certaine authenticité, et les nombreux clichés distillés çà et là s’emboîtent parfaitement au récit. Les effets spéciaux, les belles giclées de sang et les transformations old school font le charme de ce long-métrage à petit budget. Alors si vous appréciez le cinéma d’horreur à l’humour décalé, ce film devrait vous plaire ! Et si vous adhérez aux aventures de ce flic loup-garou qui joue de la gâchette à la Schwarzenegger, sachez qu’il a donné naissance à une suite intitulée Another Wolfcop.