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Faut-il craquer pour Crackdown 3 ?

Faut-il craquer pour Crackdown 3 ?

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© Microsoft Games

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Par Pierre Bazin

Publié le

Le troisième opus de la série loufoque Crackdown serait-il finalement un jeu digne d’intérêt ?

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(© Microsoft Studios)

L’histoire de Crackdown est intrinsèquement liée à celle de la Xbox : les deux premiers opus, sortis en 2007 et 2010, de ce “GTA-like” de Microsoft Studios étaient des exclus de la Xbox 360. Pour ceux qui ne connaissent pas encore Crackdown, on peut présenter la chose comme une sorte de Grand Theft Auto au look rétrofuturiste et funky, avec un humour parfois graveleux mais toujours plaisant.

Dans cet univers kitsch, vous incarnez des membres de l’Agence, une organisation paramilitaire qui souhaite préserver la paix et la justice face à la montée fulgurante de la criminalité. Les agents que vous contrôlez sont en réalité des super-soldats génétiquement modifiés (et aisément remplaçables grâce au clonage) dont les capacités rendent possibles toutes sortes d’actions spectaculaires, de la conduite débridée à l’escalade de gratte-ciel, en passant par des gunfights intenses grâce aux armes démentielles à votre disposition.

Annoncé en 2014 mais plusieurs fois reporté, Crackdown 3 sort finalement ce mois-ci. Le titre avait été présenté à l’E3 2018, mais il n’avait pas du tout convaincu le public, faute d’une bonne démonstration du gameplay et à cause d’une bande-annonce qui reposait essentiellement sur des grosses explosions. Cependant, six mois plus tard, nous avons pu tester le jeu en avant-première, et nous avons pu nous faire un vrai avis, loin des a priori.

Un multijoueur excitant… un temps

Les environnements manquent un peu d’inspiration, même s’ils sont entièrement destructibles. (© Microsoft Studios)

Le multijoueur est l’un des gros enjeux de Crackdown 3 : le “Hall of Heroes” a même réussi à faire émerger quelques promesses de fun pour les joueurs. Rassurez-vous, cette fois on ne parle pas de “Battle Royale” (ouf) mais bien d’une expérience de versus déjantée. Nous n’avons pu essayer qu’un mode en cinq contre cinq (avec seulement dix armes à notre disposition sur une seule carte), mais il est important de préciser qu’il y aura plus de contenus à la sortie du jeu.

Le multi repose sur un système “d’auto-lock”, une forme de visée automatique qui fait qu’en restant statique sur un terrain dégagé, vous ne pouvez pas louper vos cibles. Si ce système peut paraître très “casu” (c’est-à-dire pour les joueurs débutants ou occasionnels), il est en réalité plus riche qu’il n’en a l’air et fait appel à d’autres talents que votre capacité à viser, et c’est déjà une originalité qu’on peut souligner. En effet, vous êtes plongé dans une arène aussi longue que haute, et ce sont vos mouvements et votre synchronisation avec les gens de votre équipe qui feront la différence.

Le multi de Crackdown 3 est explosif : il faut sans cesse bouger, se déplacer et surtout utiliser l’environnement (qui est entièrement destructible). Avec l’auto-lock, vous devez vous cacher, sauter, dasher à toute vitesse pour éviter les coups, reprendre de la vie et repartir à l’assaut très rapidement. Microsoft en profite pour tester ici sa technologie de cloud computing, qui permet une génération aléatoire des effets de destruction. Même si la chute des débris est en effet imprévisible, cela ne rajoute en définitive pas grand-chose au gameplay : il s’agit surtout d’une démonstration technique.

Malheureusement, ce mode s’essouffle vite : le gameplay se répète souvent et en quelques heures de jeu, en dehors de certains combos d’armes amusants, il est difficile de voir de nouvelles évolutions possibles. C’est surtout un bordel visuel assez agréable pour la rétine. Il faudra attendre la sortie du jeu pour se faire une vraie idée.

Un solo maîtrisé… pour les bourrins déjà convaincus

Les effets de lumière sont très beaux, mais les textures manquent de soin et de modernité. (© Microsoft Studios)

Le solo de Crackdown 3 était la vraie inquiétude de cette première session de test. L’absence de communication à son sujet a été perçue par beaucoup comme un mauvais signe. Au final, on a plutôt eu des bonnes surprises. Le scénario, que nous ne pouvons dévoiler sans le spoiler, tient la route et est parfaitement dans la continuité des deux opus précédents. L’humour est toujours omniprésent, mais il n’est finalement pas aussi vulgaire que ce que les trailers pouvaient laisser entendre.

Le gameplay est encore une fois clairement influencé par les GTA. Dans une grande ville en open world, vous pouvez vous balader et accomplir différentes missions pour faire progresser votre personnage. L’une des particularités de Crackdown est qu’on ne progresse pas en atteignant des niveaux successifs, mais en améliorant cinq capacités très différentes : conduite, agilité, force brute, armes à feu et explosions. Chaque action ou mission vous donne ainsi l’occasion de faire progresser une ou plusieurs dimensions de votre personnage, débloquant au passage de nouvelles tâches sur la carte.

Ce qui est amusant, c’est qu’il est tout à fait possible de rusher le jeu et de sauter de nombreuses étapes : il n’y a aucune linéarité pour atteindre les “généraux”, les malfrats qui ont placé la ville sous leur contrôle. Grâce à un schéma classique de luttes d’influence, vous pouvez accomplir des missions, voire détruire des petits postes stratégiques, pour augmenter la force de vos alliés, et ainsi éviter d’être sans cesse attaqué quand vous traversez la rue, par exemple. Malheureusement ce genre de système a un défaut : la répétition. Si chaque lieu a son histoire et ses propres dialogues, certaines redites peuvent fatiguer les moins patients à la longue.

Dans l’ensemble, la maniabilité et les combats sont maîtrisés. Avec un beau 4k/60fps, tout est fluide. Les combats ont le mérite de nous sortir de nos habitudes en nous proposant des armes complètement loufoques, tandis que les mouvements et l’exploration sont extrêmement souples, sur terre, dans les véhicules ou dans les airs. Cependant, on ne peut pas dire que la direction artistique soit très inspirée : ce n’est pas moche et l’univers futuriste est assez réussi, mais ces points positifs ne suffisent pas à compenser l’obsolescence des graphismes et des textures, clairement poussiéreux pour un jeu de 2019.

Alors on craque ?

Par contre, les effets pyrotechniques sont magnifiques. (© Microsoft Studios)

Crackdown 3 n’est pas un mauvais jeu, mais il a malheureusement une saveur de déjà-vu trop forte. Il a de bonnes idées en matière de mécaniques de jeu, de design, d’histoire et même d’humour, mais ça ne suffit pas pour en faire un must-have (surtout qu’il s’agit de l’une des dernières exclusivités de la Xbox One). Au final, votre serviteur aura surtout eu l’impression de rejouer à Saints Row, avec moins de véhicules mais un gameplay de combat plus poussé. On pourra au moins souligner la difficulté adaptative et croissante du jeu, qui peut être un vrai défi pour tout acharné se laissant convaincre.

Si vous êtes fan de la franchise Crackdown, n’hésitez pas, il y a suffisamment de quoi vous occuper – pour peu que vous ayez envie de finir le jeu à 100 %, vous allez bien vous amuser. Le multijoueur pourrait aussi vous plaire, de par l’originalité de gameplay, mais il faudra attendre la sortie du jeu pour se prononcer.

Pour les néophytes, il est plus difficile de donner un avis définitif. Le titre a un aspect daté (en raison de son long développement), même si le résultat final apaise nos inquiétudes – cependant, le tout est en dessous des standards de qualité d’un jeu en 2019. À vous de voir.

Crackdown 3 sera disponible sur Xbox One et PC (Windows Store) le 15 février 2019.