Entre trash et romantisme, Joséphine Draï nous fait rire dans Joséphine se pose

Entre trash et romantisme, Joséphine Draï nous fait rire dans Joséphine se pose

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Par Camille Abbey

Publié le

Après son premier show, Joséphine ose, en 2011, Joséphine Draï persiste et signe un brillant retour au spectacle humoristique avec Joséphine se pose.

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Sans jamais se départir d’une énergie de feu, qui lui donne bien souvent le rouge aux joues, Joséphine Draï dose habilement humour, émotion et réflexions trash sur l’amour, la sexualité ou la parentalité.

La jeune femme cumule les talents et multiplie les activités. Radio, télé, scène… rien ne l’arrête. Elle a même coécrit un livre : Fille qui roule n’amasse pas mec : antiguide de la lose.

Après être passée par l’émission Clique de Mouloud Achour pour son courrier du cœur, puis par la Nouvelle Édition sur Canal+, elle a officié sur France inter, proposant des chroniques acerbes et truculentes ou des billets d’humeur en apparence plus légers. Une corde de plus à son arc : elle a joué dans plusieurs films, comme Les Gamins ou Babysitting 2. On pourrait penser qu’elle s’est assagie avec le temps, mais pas du tout.

Car son nouveau spectacle, Joséphine se pose, est pétillant et fantasque, à l’image de la jeune femme, qui enchaîne avec énergie et rythme les sketchs, les chansons et le grand n’importe quoi.

Sur scène, elle projette avec une inquiétude non dissimulée la naissance de son futur et possible enfant. On ne s’ennuie pas une seconde pendant cette heure passée en sa compagnie alors qu’elle attend de connaître le résultat de son test de grossesse et qu’elle échafaude son avenir, se remémore son passé et fait des digressions totalement folles. Elle imagine la rencontre avec son bébé : “Comment tu t’appelles ? Ah oui, c’est vrai, c’est moi qui dois te donner un nom.”

Elle pense ensuite ne pas lui apprendre à parler pour éviter tous les désagréments, notamment le fait qu’il lui demande de l’argent. Ces questionnements sur ce futur enfant, qu’elle imagine tour à tour très laid, débile mais aussi pourquoi pas son esclave (ou peut-être sera-t-elle le sien…), sont à la fois saugrenus ou tendres mais toujours drôlissimes.

Que ceux qui pensent qu’un one-woman-show qui parle de grossesse, de perte de poids ou d’éducation est obligatoirement un spectacle de meuf pour les meufs se détrompent.

L’humour de Joséphine Draï et les sujets qu’elle aborde parlent à tous, et pas qu’à la trentenaire en mal d’amour et d’enfants s’identifiant à une Bridget Jones déjà complètement dépassée. Il est certes question de grossesse et d’accouchement mais aussi beaucoup de Jacquie et Michel, et même parfois de tout ça en même temps.

Joséphine impose son style parmi l’armada des comiques trentenaires

La jeune femme place parfois  le spectateur à la limite du malaise tant les histoires qu’elle présente sont crues et intimes, mais on refait surface rapidement en riant aux éclats à ses excentricités et à ses parenthèses singulières. Sur scène comme dans la vie, elle dit tout, n’a aucun filtre. Elle parle de ses fantasmes les plus obscènes, au risque de choquer. Mais avec son sens aigu du comique, tout passe (ou presque). Elle parvient même parfois à faire rire avec une grimace ou une intonation.

Dans la lignée de Nora Hamzawi, Blanche Gardin, Océanerosemarie ou Laurence Arné, elle peut aborder avec brio des sujets aussi disparates que l’hypocondrie, le surpoids, le célibat, la religion ou encore la pression familiale. Toujours sur le fil, elle oscille entre une sensibilité certaine et un gore bien senti.

Joséphine Draï s’impose donc un peu plus avec ce nouveau spectacle hybride comme une jeune humoriste bien dans son époque, qui parle d’une génération de personnes névrosées et angoissées mais dont l’envie et la passion permettent de tout dépasser. Elle gagne ainsi sa place dans le grand manège de la scène humoristique française et impose son style parmi l’armada des comiques trentenaires, parfois légèrement monomaniaques et répétitives.

En dehors de ses talents d’humoriste, de comédienne et de chanteuse, Joséphine, dont le père était Philippe Draï, batteur d’Alain Bashung, aura toujours la classe, quoi que l’on puisse dire ou penser, car son prénom a inspiré le gimmick “Oh si j’osais Joséphine”, en effet la petite fille qu’elle était croisait souvent le chemin du chanteur mort bien trop tôt. Alors, on espère que Joséphine va continuer à oser… car son style est original et son spectacle hilarant.

Retrouvez Joséphine Draï dans son nouveau spectacle Joséphine se pose tous les jeudis à 20 heures au théâtre de Dix-Heures jusqu’à fin décembre.

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