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Décès de Philippe Nahon, l’acteur fétiche de Gaspar Noé

Décès de Philippe Nahon, l’acteur fétiche de Gaspar Noé

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Par Arthur Cios

Publié le

L'acteur, qui a travaillé à 3 reprises pour Gaspar Noé, a succombé à l'âge de 81 ans.

L’acteur Philippe Nahon, qui avait joué de nombreux seconds rôles au cinéma et à la télévision avant d’être popularisé par le cinéaste Gaspar Noé et la jeune génération de réalisateurs des années 1990, comme Jacques Audiard ou Mathieu Kassovitz, est décédé dimanche, a appris l’AFP auprès de sa famille.

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Âgé de 81 ans, il a succombé “à une longue maladie, aggravée par une infection au Covid-19”, a indiqué son épouse.

Des timides débuts à l’arrivée d’un certain Gaspar Noé

Après avoir débuté dans le culte Le Doulos de Jean-Pierre Melville en 1962, il travaille surtout pour la télévision, enchaînant drames et séries comme Les cinq dernières minutes ou Les enquêtes du commissaire Maigret dans les années 1970 et 1980, espacées d’apparitions au théâtre et de seconds rôles au cinéma (Le pull-over rouge en 1979 ; Clara et les chics types en 1981…).

Il faudra attendre 1991 pour le voir tenir le premier rôle, en l’occurrence du premier moyen-métrage de Gaspar Noé, Carne, présenté à la semaine de la critique à Cannes. Il y incarne un boucher chevalin violent et qui aime un peu trop sa fille. 

Le cinéaste argentin a déclaré à l’AFP :

“Nous avons eu un coup de foudre mutuel pour faire ce film et après il me tenait à cœur de continuer avec lui.”

Ce sera le cas dans Seul contre tous en 1998, sorte de suite de Carne où l’on suit le boucher, fraîchement sorti de prison, dans un périple gore, glauque, fou, incestueux. Nahon est au cœur du film, étant sans cesse au centre de l’image, omniprésent, mais aussi sa voix, qui traduit les pensées de ce personnage sombrant dans la folie, elle aussi omniprésente.

Sans doute l’un de ses plus grands rôles — qu’il reprendra l’espace de quelques secondes au tout début d’Irréversibles en 2002, du même réalisateur.

Ce dernier continue ainsi :

“Tout en étant extrêmement droit, il pouvait jouer des rôles tordus et compliqués et les rendre attachants. […] Travailler avec lui c’était comme partir en vacances avec un ami.”

“L’acteur d’une génération”

Entre-temps, Philippe Nahon deviendra un acteur apprécié d’une nouvelle génération de cinéastes, avec des rôles dans La Haine ou Les Rivières pourpres de Mathieu Kassovitz, Un Héros très discret de Jacques Audiard ou Cantique de la racaille de Vincent Ravalec.

Mathieu Kassovitz a salué “le comédien des amoureux du cinéma et un acteur hors pair”, Albert Dupontel, qui avait joué avec lui dans Irréversible, “un acteur rare, d’une sensibilité et d’une sincérité hors du commun […] parti dans l’infini, sa vraie dimension”.

“Il est devenu l’acteur d’une génération et je suis heureux d’avoir croisé sa route”, s’est souvenu le réalisateur belge Fabrice Du Welz, qui l’avait dirigé dans Calvaire (2004). “Bon sang que c’est triste”, a tweeté quant à lui Alexandre Astier, pour lequel il avait joué Goustan le cruel dans la série Kaamelott.

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Mais c’est sans doute La Cinémathèque qui résume le mieux l’artiste, dans son message rendant hommage à “une vie de cinéma” étendue “sur 60 ans de plateaux, le cinéma hexagonal arpenté dans tous les sens, de Doillon, Féret, Nicloux, Fabrice Du Welz à Besson, Gans, Corneau, Perrault, Audiard, Fillières ou Kassovitz. Un tour chez Spielberg, aussi. Et puis, Gaspar Noé.”

Konbini avec AFP