Christopher Nolan et Paul Thomas Anderson en croisade contre le “motion smoothing”

Christopher Nolan et Paul Thomas Anderson en croisade contre le “motion smoothing”

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Par Arthur Cios

Publié le

Vous ne connaissez probablement pas cet effet télévisuels, mais vos réalisateurs préférés le détestent profondément.

Vous avez probablement, comme c’est le cas pour l’auteur de ces mots, déjà bloqué devant un écran de télévision diffusant un film en Blu-ray, que ce soit à la Fnac ou chez vous. Pas à cause de la beauté de l’image, mais par rapport à sa fluidité. Comme si quelque chose clochait, qu’il y avait plus que 24 images par seconde et que ce n’était pas hyper agréable à regarder.
Si oui, alors vous tiquiez sur le “motion smoothing”. Cet effet, systématiquement intégré aux écrans de télé depuis quelques années, ajoute des images intermédiaires entre les 24 traditionnelles, sur les séquences où un objet ou un acteur se déplace vite à l’écran. Le but ? Rendre l’action moins saccadée, moins floue, plus linéaire et plus fluide.
Tenez, voici comment cela fonctionne (pendant le deuxième extrait, focalisez-vous sur la moto du fond) :

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Figurez-vous que pour les images de compétitions sportives, cela s’avère très pratique. Mais sur des objets filmiques conçus pour 24 images par seconde, le motion smoothing est superflu. Pire, il travestit le rendu global. Les réalisateurs détestent cette fonction qui devient une norme et qui peut, sur le long terme, habituer l’œil du spectateur.

Christopher Nolan et Paul Thomas Anderson montent au créneau

Cela fait pas mal de temps que les cinéastes s’engagent contre le motion smoothing. Une pétition avait même été lancée en partie par la réalisatrice américaine Reed Morano il y a quelques années et avait récolté plus de 12 000 signatures. Rian Johnson, James Gunn, Alexander McQuarrie, Edgar Wright, Matt Reeves et Tom Cruise faisaient partie des signataires.

Mais la revendication va encore un peu plus loin aujourd’hui. Slash Film nous informe que Christopher Nolan et Paul Thomas Anderson sont eux aussi montés au créneau sur le sujet. La Directors Guild of America (DGA), sorte de syndicat du septième art outre-Atlantique, a reçu ce mail :

“Mes chers réalisateurs,
Beaucoup d’entre vous ont vu que leur travail, sur les écrans de télévision, semblait différent de ce qu’il était quand vous l’avez terminé. Les téléviseurs modernes ont des capacités techniques extraordinaires, et c’est important que nous exploitions ces technologies pour permettre au spectateur de voir notre travail de la façon la plus fidèle possible à notre intention créative originale.
Pour cela, Christopher Nolan et Paul Thomas Anderson ont contacté, via le studio UHD Alliance, les constructeurs de télévisions. En engageant un dialogue avec eux, nous espérons donner une voix aux réalisateurs sur la manière dont les standards techniques de notre travail peuvent être maintenus dans les foyers.
La courte étude dans cet e-mail est une première étape pour démontrer aux constructeurs à quel point nous tenons à la représentation de notre travail, mais offre aussi des indications sur les sources d’inquiétudes les plus communes concernant ce sujet.”

Le mail est donc accompagné d’un petit sondage que tous les membres de la “Guild” ont reçu. Quand LG, Samsung et leurs compères vont recevoir des sondages qui démontrent que 100 % des plus grands cinéastes d’Hollywood sont opposés au motion smoothing, les choses vont peut-être un peu changer. On l’espère en tout cas.