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La Chine censure The Big Bang Theory, NCIS et d’autres séries

La Chine censure The Big Bang Theory, NCIS et d’autres séries

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(Crédits image : This Recording)

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Par Théo Chapuis

Publié le

Censure de l’érotisme, de la politique et de la violence

La République populaire de Chine n’est pas un pays comme les autres. Tiraillé entre l’apparition d’une classe moyenne qui croque les modes de vie occidentaux à pleines dents et sa frilosité à ouvrir ses frontières culturelles, le pays est encore gravement soumis à la censure. D’ailleurs, si celle-ci sévit régulièrement, il reste difficile de savoir, même pour le Global Times, pourquoi ces séries en particulier, alors qu’elles sont si peu politisées, subissent un brusque arrêt de leur diffusion.
Beijing News est allé à la rencontre de Zhang Yi, un membre de l’équipe du site de vidéos Letv. Il rapporte qu’avant de diffuser un programme importé, les sites ont la charge d’examiner et de relever les contenus ayant trait à “l’érotisme, la politique ou bien la violence”. Concernant les séries incriminées, qu’on jugera pourtant chastes et au langage châtié, “il pourrait y avoir quelques problèmes politiques”, explique-t-il. Les sites ont pour habitude de couper les scènes érotiques ou violentes et de pixelliser toute nudité.

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“Nettoyage du web”

Et le cinéma ?

Un autre fan de ces séries occidentales témoigne : “Si vous pouviez produire des programmes télévisés qui n’insultent pas l’intelligence des spectateurs (…) croyez-vous que je déploierais autant d’énergie pour aller chercher des séries étrangères ?”. Chaque année, seule une vingtaine de films étrangers étaient autorisés à sortir sur le sol chinois. Après avoir relevé ce quota à 34 films (dont 5 à 7 venant des studios français), cette politique restrictive reste critiquée.
Le Figaro expliquait le 19 avril que le CNC et Unifrance, organisme chargé de promouvoir le 7ème art français, cherchaient à porter le nombre de films tricolores à 10 ou 12 par an sur le territoire chinois. On le comprend : l’Empire du Milieu est un eldorado pour les productions tricolores. “Aujourd’hui, malgré le petit nombre de films diffusés, la Chine est déjà la deuxième terre d’exportation des productions hexagonales. Je pense qu’elle peut devenir un jour notre premier marché, devant les États-Unis”, considère Jean-Paul Salomé d’Unifrance dans les colonnes du Figaro.
Les revenus du box office en Chine ont atteint 21,77 milliards de yuans (3,6 milliards de dollars) en 2013, soit une augmentation de 27,51% en glissement annuel.

Police en ligne

Ce n’est pas gagné. Xi Jinping et son gouvernement ne sont pas prêt d’ouvrir en grand les portes du pays, quand bien même la gentrification galopante de la population ne fait plus aucun doute. La police d’Internet chinoise, qui comptait entre 30 000 et 40 000 agents en 2007, s’agrémentait également de 280 000 “honkers”, des fantassins du web à la solde du régime qui sont chargés d’orienter les débats dans les forums.
Dans un discours prononcé en 2007, le président Hu Jintao appelait lui-même les cadres du parti “à exercer leur suprématie sur l’opinion publique en ligne, à élever le niveau et l’étude du guidage en ligne et à exploiter les nouvelles technologies pour disséminer une propagande positive”.
Le flicage culturel chinois est pourtant tout sauf logique. Alors que le pays expérimente la réintroduction des jeux vidéo sur son territoire, il a interdit la vente de l’album des Guns N’ Roses Chinese Democracy.
Le gouvernement communiste a déclaré par l’intermédiaire d’un journal contrôlé par l’État que l’album rock “fait partie d’un stratagème de l’Occident pour dominer le monde en utilisant la démocratie comme subterfuge”. En cause : la chanson éponyme dont les paroles seraient non-conformes.
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