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Quatre questions après l’attentat contre un festival de musique en Allemagne

Quatre questions après l’attentat contre un festival de musique en Allemagne

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© Capture d’écran d’un sujet de la BBC sur l’attentat d’Ansbach.

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Par Camille Deutschmann

Publié le

La Bavière, en Allemagne, a été frappée par un attentat, survenu dimanche 24 juillet au soir à Ansbach. L’auteur de l’explosion, un réfugié syrien de 27 ans, visait un festival.

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Douze blessés (dont trois grièvement) et un mort : seul l’auteur de l’attentat lui-même est décédé dans l’explosion qu’il a provoquée dimanche soir 24 juillet, devant un restaurant d’Ansbach, une petite ville de Bavière, en Allemagne.

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“Je suis juste content que personne ne soit mort. Je souhaite à tous les blessés un bon rétablissement.  

Qui était l’auteur de l’attaque et comment a-t-il procédé ?

Ce réfugié syrien de 27 ans — qui résidait à Ansbach — s’était vu refuser, il y a un an, sa demande d’asile et avait déjà été interné en hôpital psychiatrique, selon Le Monde. L’homme était également déjà connu des services de police pour une affaire de stupéfiants et avait tenté de se suicider à deux reprises. Le quotidien français ajoute qu'”il avait l’intention d’empêcher la tenue [du] festival de musique, [selon] le ministre de l’intérieur de Bavière, Joachim Herrmann”.

Heureusement, alors qu’il tentait de s’introduire au festival Ansbach Open 2016, la sécurité lui en a interdit l’accès, l’homme n’ayant pas de billet. Le pire a donc sans doute été évité.

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“Merci à la sécurité d’ de ne pas avoir laissé rentrer le type avec le sac à dos et d’avoir ainsi sauvé certaines vies. 

Peu après 22 heures, le réfugié s’est fait exploser devant un restaurant du centre-ville d’Ansbach, à 30 mètres à peine de l’entrée du festival qui rassemblait environ 2 500 personnes, selon Joachim Herrmann. Les participants ont été immédiatement évacués. Après l’explosion, plusieurs objets métalliques — qui proviendraient du sac de l’homme — ont été retrouvés.

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“S’il vous plaît — cela ne peut pas être vrai… 

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“Et on se demande encore une fois… Pourquoi ?  

Quel impact cela a-t-il ?

L’attentat a été revendiqué par l’organisation État islamique (EI) ce 25 juillet selon France 24, et c’est un festival de musique qui devait faire l’objet de l’explosion, soit la culture jeune et alternative. Viser un festival, c’est s’en prendre à la jeunesse ; c’est sans doute aussi réaliser le pire cauchemar du festivalier : un attentat sur un lieu de plaisir, de culture et d’échange qui regroupe plusieurs milliers de victimes potentielles.

Cet attentat accroît l’inquiétude et renforce la tension provoquée par la désormais longue série d’attaques survenues au cours des derniers mois.

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“Quelqu’un qui s’approche d’une manifestation, [de] 2500 personnes, avec une bombe est un terroriste et rien d’autre ! 

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“L’annonce au sujet de  m’a profondément ébranlée. Aux blessés un prompt rétablissement.”

Y a-t-il un rapport entre les quatre attaques en Bavière ?

En l’espace de quelques jours, la Bavière a subi quatre attaques. Lundi soir à Wurtzbourg, un demandeur d’asile, a priori afghan, de 17 ans a agressé avec une hache quatre passagers d’un train, avant d’être abattu par la police. Daech a revendiqué l’attaque, sainsi que le rapporte l’Indépendant.

Vendredi 22 juillet, un tueur de 18 ans de double nationalité allemande et iranienne tuait 9 personnes — avant de retourner son arme contre lui — dans une fusillade devant le centre commercial Olympia à Munich. Comme le rappelle Euronews, les enquêteurs allemands ont précisé qu’“à ce stade, [il n’y avait] aucune indication d’un lien avec l’Etat islamique”. Ils ont aussi établi que le jeune tireur admirait visiblement Anders Behring Breivik, le terroriste d’extrême droite qui a tué 77 personnes en Norvège en 2011.

Hier dimanche 24 juillet, un demandeur d’asile syrien âgé de 21 ans a tué une femme et blessé deux passants avec une machette à Reutlingen, dans le sud-ouest de l’Allemagne, selon L’Obs. Cet acte n’a pas été défini comme étant en lien avec le terrorisme, et la piste du crime passionnel semble privilégiée.

Quant à l’attaque d’Ansbach, l’auteur “avait ‘fait allégeance’ au groupe djihadiste État islamique d’après une vidéo retrouvée sur son téléphone portable, a annoncé lundi le ministre bavarois de l’Intérieur”, rapporte Courrier international. Plus tard dans la journée, l’EI a revendiqué l’attaque.

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“Une explosion en Bavière et une attaque au couteau à Reutlingen… Que se passe-t-il au juste avec l’humanité ?”

Il est difficile d’affirmer pour l’instant pour quelles raisons la région de la Bavière a été davantage touchée, rien n’ayant été revendiqué à ce niveau-là.

Quelles mesures ont été prévues ?

Si jusqu’à présent l’Allemagne avait été épargnée, le pays savait qu’il pouvait s’attendre au pire : depuis les attentats en France, les services de sécurité allemands avaient “démantelé des cellules terroristes suspectées de préparer des attaques”, précise Le Figaro.

Ces attaques à répétition contre l’Allemagne ont tendu le climat social du pays et les réactions ne se sont pas fait attendre : “réunions de crise à Berlin, retour précipité de New York du ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière, commentaires unanimes des responsables politiques pour pleurer les victimes”, continue Le Figaro. Cependant, aucune nouvelle mesure de sécurité n’a encore été annoncée.

La constitution allemande permet depuis 1968 de faire appliquer une limitation des libertés individuelles — soit l’équivalent de l’état d’urgence en France —, mais ce dispositif n’a jamais été utilisé, expliqueToute l’Europe. La chancelière allemande Angela Merkel, qui prône une politique d’accueil et d’hospitalité envers les migrants souvent critiquée par les partis de droite allemands, ne s’est pas exprimée sur le sujet.

Certains festivals allemands, comme le festival de Bayreuth dédié à Richard Wagner, avaient déjà renforcé leur dispositif de sécurité, et les évènements récents viennent malheureusement leur donner raison.

En France, après l’attentat de Nice qui a fait plus 84 morts le 14-Juillet, des mesures ont été prises en matière de manifestations culturelles. Si certains festivals ont été tout simplement annulés, d’autres ont renforcé leur dispositif de sécurité, comme Les Vieilles Charrues, où, selon Le Figaro, en plus d’une antenne du GIGN, un système de vidéosurveillance a été mis en place ainsi qu’un contrôle de sécurité renforcé à l’entrée.