Vidéo : pour lutter contre les agressions sexuelles, cette campagne enlève leurs excuses aux coupables

Vidéo : pour lutter contre les agressions sexuelles, cette campagne enlève leurs excuses aux coupables

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@https://www.youtube.com/watch?v=3uvXexYjitI

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Par Mélissa Perraudeau

Publié le

La dernière campagne du mouvement américain It’s on us montre avec originalité et efficacité l’absurdité des justifications des agressions sexuelles.

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En 2016, l’affaire Brock Turner mettait en évidence l’ampleur du problème des agressions sexuelles sur les campus américains. Un sondage publié par le journal Washington Post et la fondation Kaiser Family en 2015 rapporte que “20 % des jeunes femmes qui sont allées à l’université ces quatre dernières années disent avoir été sexuellement agressées”. La même année, une étude de l’université Brown (Rhode Island) précisait que plus d’une femme sur six était agressée sexuellement pendant sa première année universitaire, “le plus souvent en état d’ébriété ou dans l’incapacité de se défendre”.

Mi-septembre, l’université du Kansas présentait pendant plusieurs jours un projet artistique intitulé “What Were You Wearing?” (“Tu étais habillée comment ?”) pour s’attaquer à cette culture du viol dans les universités américaines. Une sensibilisation qui n’est pas aidée par le gouvernement : il y a quelques jours, la secrétaire d’État à l’Éducation Betsy DeVos est revenue sur la législation établie sous l’administration Obama, qui faisait primer la “prépondérance de la preuve”. Heureusement, le mouvement It’s on us, également mis en place en 2014 par l’ancien président pour sensibiliser au problème des agressions sexuelles sur les campus en montrant sa dimension sociétale, perdure.

Tu savais très bien ce que tu faisais”

Repérée par le Huffington Post, la dernière campagne du mouvement, en partenariat avec l’agence 101-North Marketing se décline en trois vidéos efficaces. Publiées il y a deux semaines à l’occasion du 23e anniversaire de la signature du Violence Against Women Act (la loi sur les violences faites aux femmes), elles montrent l’absurdité des justifications des agressions et violences sexuelles. Chaque vidéo met les phrases souvent utilisées par les agresseurs dans la bouche de femmes au comportement irrespectueux, renversant ce faisant les rapports de force pour les mettre en évidence dans des contextes inhabituels.

Un pâtissier qui vient de finir une splendide pièce montée pour un mariage et qui est fier de son travail voit ainsi une femme détruire son labeur en expliquant “Allons, tu savais très bien ce que tu faisais, c’est toi qui l’a rendu aussi tentant […] c’est comme si tu me suppliais de le goûter”. Dans une autre vidéo, une femme urine dans des toilettes en vente dans une quincaillerie et se défend en déclarant qu’elle a un “besoin biologique”, qu’on ne peut lui demander de contrôler, alors que tout ce qu’il faut pour le soulager est exposé là à la vue de tout le monde. Enfin, deux visiteuses touchant une œuvre dans un musée et se faisant rappeler à l’ordre par le surveillant lui répondent dans une troisième vidéo : “on sait que vous devez dire ‘non’ pour les apparences mais qu’en vrai, vous voulez dire ‘oui’.” À la fin de ces trois courts clips, le même message s’affiche :

“Voilà la logique utilisée pour excuser les agressions sexuelles. Ce n’est pas très logique, n’est-ce pas ?”

Pour “que tout le monde devienne une partie de la solution”

La campagne, efficace et percutante, souligne par la même occasion l’injustice de rendre les victimes coupables des agressions qu’on leur fait subir. La question de leur consentement ne peut se poser, on les laisse complètement hors de cause. L’absurdité des justifications des femmes irrespectueuses dans les vidéos montre bien qu’elles n’ont aucune excuse pour leurs actes, qu’elles en sont les seules coupables à blâmer.

La scénariste-réalisatrice du film et son directeur artistique, Johanna Stein et David Gassman, ont expliqué à Mashable que le sujet des agressions sexuelles étant délicat, ils s’étaient dit que s’ils trouvaient le bon angle, “le traiter avec la comédie pouvait être très efficace”. Pour Elvin Bruno, le responsable des programmes sur les campus d’It’s on us, la mission est réussie. “Nous lançons un cri de ralliement pour que tout le monde devienne une partie de la solution… et créé un environnement où les survivant·es sont soutenu·es”, a-t-il précisé au site.