Adèle Haenel porte plainte contre le réalisateur Christophe Ruggia

Adèle Haenel porte plainte contre le réalisateur Christophe Ruggia

Image :

Adèle Haenel dans “Les Combattants”, de Thomas Cailley. (Nord-Ouest Films / Tiberius Film)

photo de profil

Par Louis Lepron

Publié le

Elle accuse le cinéaste d'"harcèlement sexuel" et d'"attouchements".

L’actrice Adèle Haenel, entendue mardi par des enquêteurs sur ses accusations d’“attouchements” et de “harcèlement” contre le réalisateur Christophe Ruggia, a décidé de porter plainte contre ce dernier, ont annoncé dans un communiqué ses avocats.

À voir aussi sur Konbini

Alors qu’initialement elle ne souhaitait pas le faire, l’actrice de 30 ans a finalement décidé de s’engager “activement dans cette procédure, considérant qu’il est de sa responsabilité de justiciable comme de personnalité publique d’y prendre part, au regard de la gravité des faits dénoncés et des conséquences pour chacun”, ont expliqué Me Anouck Michelin et Me Yann Le Bras.

Une longue enquête

“Harcèlement sexuel permanent”, “attouchements sur les cuisses et le torse”, “baisers forcés dans le cou” : selon l’actrice, comme elle l’affirmait dans une longue enquête de Mediapart publiée le 3 novembre dernier, ces agissements se seraient produits dans l’appartement du réalisateur ou dans des festivals internationaux, de 2001 à 2004, quand elle était âgée de 12 à 15 ans, et lui de 36 à 39 ans. Adèle Haenel considère qu’elle a été victime “de pédophilie”.

Comme elle était encore mineure, ses parents faisaient entièrement confiance au réalisateur, qui était également coprésident de la Société des réalisateurs de films (SRF) jusqu’en juin dernier. Le photographe Jérôme Plon, qui n’était resté qu’une semaine sur le tournage du film Les Diables, tant il était dérangé par l’ambiance du plateau, affirme, toujours dans l’article de Mediapart, que le réalisateur “manipulait les enfants” et avait même consulté une amie psychanalyste afin d’évoquer ses inquiétudes.

De son côté, la régisseuse du film Les Diables confie :

“C’est très compliqué de se dire que le réalisateur pour qui on travaille est potentiellement abusif, qu’il y a manipulation. Je me disais parfois : ‘Est-ce que j’ai rêvé ? Est-ce que je suis folle ?’ Et personne n’aurait l’idée de s’immiscer dans sa relation avec les comédiens, d’oser dire un mot, car cela fait partie d’un processus de création. D’où les possibilités d’abus – qu’ils soient physiques, moraux ou émotionnels – sur les tournages.”

Plusieurs sources de l’enquête déclarent avoir mis en garde le réalisateur, qui les aurait évincées du tournage des Diables. Par peur d’être blacklistés, les autres auraient préféré le silence, comme l’explique Adèle Haenel :

“Les gens ne veulent pas savoir, parce que cela les implique, parce que c’est compliqué de se dire que la personne avec qui on a rigolé, fumé des cigarettes, qui est engagée à gauche, a fait cela.”

Konbini avec AFP