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Au Royaume-Uni, la pilule du lendemain enfin proposée à un tarif accessible par une pharmacie en ligne

Au Royaume-Uni, la pilule du lendemain enfin proposée à un tarif accessible par une pharmacie en ligne

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Par Mélissa Perraudeau

Publié le

Une chaîne de pharmacies en ligne a annoncé proposer la pilule du lendemain à un prix jamais vu au Royaume-Uni. En 2015, la contraception d’urgence y était la plus chère de toute l’Union européenne, et obtenir un tarif accessible n’a pas été une mince affaire.

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Au Royaume-Uni, la pilule du lendemain est disponible depuis 2009, et accessible sans prescription depuis seulement 2015. Une accessibilité toutefois compliquée par son prix : en 2015 justement, un rapport de l’European Consortium for Emergency Contraception montrait qu’au Royaume-Uni, la pilule du lendemain coûtait ainsi en moyenne 42 euros. Soit le tarif le plus élevé de l’Union européenne, six fois plus cher qu’en France où elle coûterait en moyenne 7 euros — le tarif le plus bas de l’Union.

Mettre un terme “à la charge sexiste sur la contraception d’urgence”

Le British Pregnancy Advisory Service (BPAS) a donc demandé aux principales chaînes de pharmacies du pays de baisser leurs prix, ce qui ne s’est pas fait sans peine. Superdrug et Tesco la vendent désormais autour de 13,50 livres (environ 15 euros), mais la première chaîne du pays, Boots, s’est d’abord fermement opposée à la demande. En déclarant en juillet dernier après une campagne de la BPAS que des tarifs moins élevés encourageraient les femmes à “abuser” de la contraception d’urgence et constitueraient une promotion d’une “utilisation inappropriée”, la chaîne a suscité une vague d’indignation à travers tout le pays.

“Cela infantilise les femmes, la plus grande base de clients de Boots, et suggère que Boots prend une position morale contre le choix des femmes — ce qui est inacceptable”, expliquait une lettre de la travailliste Jess Phillips, avec le soutien des députées du parti. Comme The Independent le rapporte, la lettre déclarait également qu’une baisse des tarifs améliorerait “l’accès des femmes à une méthode de contraception de secours vitale”, “est clairement possible commercialement et mettrait un terme à la charge sexiste sur la contraception d’urgence”.

Une vente en ligne accessible et encadrée

La chaîne est finalement revenue sur ses propos fin juillet, et a baissé le prix de la pilule du lendemain à 15,99 livres — soit tout de même environ 18 euros, plus que ses concurrents et plus de deux fois le tarif moyen en France. Un budget considérable pour beaucoup de femmes, contre lequel une pharmacie en ligne a annoncé proposer le prix extrêmement concurrentiel de 4,99 livres (5,60 euros), auquel s’ajoute le prix de la livraison (environ 2 euros). Si Chemist-4-U n’est la première pharmacie à vendre la pilule en ligne, son tarif est le plus bas jamais proposé au Royaume-Uni. Son directeur et pharmacien, Shamir Patel, a expliqué qu’il “croit fermement” à la nécessité d’offrir une contraception d’urgence avec une marge aussi réduite que possible afin de rendre la pilule accessible à toutes, d’autant qu’elle n’est selon lui pas chère à produire.

La dimension d’urgence est toutefois relative vu le mode de vente : l’idée n’est pas de la commander après un accident de contraception puisqu’il faut alors prendre la pilule du lendemain aussi rapidement que possible, mais de l’acheter à l’avance pour l’avoir en réserve en cas de besoin. Le nombre de commandes est cependant limité : chaque femme ne peut acheter plus de trois pilules du lendemain en six mois sur le site pour éviter que le moyen de contraception d’urgence ne soit le seul mode utilisé. Et pour pouvoir passer leur commande, les femmes doivent remplir un questionnaire médical, équivalent aux questions posées par les pharmaciens quand ils délivrent la contraception d’urgence dans les pharmacies.

Réduire le coût n’augmente pas les risques”, seulement l’accessibilité

La précaution ne convainc pas les plus conservateurs, comme Josephine Quintavalle de l’organisation chrétienne anti-choix “Comment on Reproductive Ethics”, qui a argué auprès du Telegraph que cette vente peu onéreuse en ligne tendrait à “faire croire aux femmes qu’il s’agit d’une contraception de routine”, et avancé que la prise libre de la pilule du lendemain était dangereuse — une fausse croyance notamment dénoncée par l’OMS. La porte-parole de la British Pregnancy Advisory Service, Clare Murphy, a balayé ces accusations “absurdes” et reconfirmé au Huffington Post britannique que la contraception d’urgence était “extrêmement sûre” :

“Nous remercions Chemist-4-U de procurer un produit abordable aux femmes, et sommes absolument d’accord avec l’idée qu’il est logique que les femmes aient un comprimé chez elles — juste au cas où —, particulièrement si le préservatif est leur forme première de contraception.”

Une spécialiste de la contraception travaillant dans une clinique pour femmes, Rachael Bridgman, a elle aussi salué la démarche : “Nous pensons que c’est une excellente idée. La contraception d’urgence est déjà disponible en ligne à un prix plus élevé. Réduire le coût n’augmente pas les risques. Par contre, ça améliore son accessibilité, ce qui est toujours une chose positive”.