Pour le WWF, la mer Méditerranée est en danger

Pour le WWF, la mer Méditerranée est en danger

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Le Fonds mondial pour la nature (World Wide Fund, WWF) alerte, à travers l’étude “Medtrends”, sur l’état de la mer Méditerranée, menacée par les effets d’un développement économique exponentiel.

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Transport maritime, tourisme, aquaculture, exploration ou même exploitation d’hydrocarbures… Les tendances étudiées par le programme Medtrends dans 10 secteurs maritimes sont quasiment toutes estimées à la hausse dans les décennies à venir (à l’exception de la pêche professionnelle). La mer méditerranée serait donc de plus en plus exsangue et l’utilisation de ses espaces pourrait devenir une source de conflit.

La Méditerranée, une zone sous pression

Voici les chiffres qui mettent en lumière la surexploitation potentielle du bassin méditerranéen, une zone que Pascal Canfin, directeur général de WWF France, décrit sur le site de l’ONG comme étant “sur le chemin du burn out” et qui “s’apparente un véritable far west”.

  • Vers 40 % de l’espace méditerranéen couvert par des contrats d’exploration hydrocarbure d’ici 2030

Les réserves méditerranéennes de pétrole sont estimées à quelque 9,4 milliards de tonnes d’équivalent pétrole (tep), soit 4,6 % des réserves planétaires modestement exploitée jusqu’alors. Or la synthèse de l’étude Medtrends anticipe une production pétrolière en mer qui progresserait de 60 % entre 2010 et 2020 et une production gazière en mer qui pourrait être multipliée par cinq entre 2010 et 2030. Un développement de contrats offshores très rapide et non sans potentielles conséquences pour Pascal Canfin :

“40% de la Méditerranée sont potentiellement ouverts à l’exploration d’hydrocarbures. C’est énorme, surtout lorsque l’on connaît les risques sismiques de la région.”

À cela s’ajoute l’exploration minière des fonds sous-marins, encore au stade embryonnaire mais préoccupant pour les spécialistes qui alertent sur la perturbation des écosystèmes.

  • + 500 millions de touristes internationaux en 2030

150 millions d’habitants vivent sur les rivages de la Méditerranée, partagés par 21 pays, et plusieurs millions de touristes visitent chaque année la première destination touristique du globe. Facteur essentiel du développement économique et pourvoyeur d’emploi, le tourisme côtier est une aubaine que la Commission européenne souhaite développer.

Ainsi, les prévisions rapportées par l’étude font état d’une augmentation de touristes internationaux de 60 % entre 2015 et 2030, pour atteindre la barre des 500 millions en 2030. La France, l’Italie et l’Espagne demeureront les trois premières destinations. En sachant qu’en parallèle, les populations côtières continuent de croître, l’artificialisation accélérée du littoral serait de 5 000 kilomètres en 2025 par rapport à 2015. Avec pour corollaire, la dégradation de la qualité d’ensemble de l’environnement côtier.

  • Augmentation de la pollution aux métaux lourds

Les activités humaines terrestres sont responsables des quatre cinquièmes de la pollution marine. Parmi les menaces pesant sur les océans du globe, le rejet et l’accumulation de déchets dans l’environnement marin font partie de celles connaissant la plus forte progression. Si la pollution aux eaux usées, par exemple, devrait diminuer, l’étude prévoit en revanche l’augmentation de la pollution aux métaux lourds comme le mercure et le plomb. Une aggravation de la pollution par les substances toxiques qui ferait donc suite à l’intensification de l’extraction pétrolière et gazière et à l’essor de l’exploitation minière en mer.

L’étude de la WWF conclut que “les conditions pour atteindre le bon état écologique en mer Méditerranée d’ici 2020 ne sont pas réunies”. Elle insiste sur le rôle de l’Union européenne ainsi que sur une nécessaire “vision prospective partagée”. Si l’impact environnemental sur la Méditerranée est un défi, des outils pour l’appréhender existent déjà, comme la directive de Planification de l’espace maritime de juillet 2014 de la Commission européenne et, désormais, l’étude Medtrends sur les évolutions futures à l’échelle du bassin méditerranéen.