Au Viêt Nam, un blogueur écope de 7 ans de prison pour avoir dénoncé la pollution

Au Viêt Nam, un blogueur écope de 7 ans de prison pour avoir dénoncé la pollution

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Nguyen Van Hoa, un jeune blogueur de 22 ans, a été condamné le lundi 27 novembre à sept ans de prison, pour avoir partagé des articles et des vidéos sur son blog afin de dénoncer une pollution au cyanure du littoral de son pays.

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Il ne fait pas bon de parler des problèmes environnementaux auViêt Nam. Nguyen Van Hoa, un journaliste et blogueur âgé de 22 ans, vient d’être condamné à sept ans de réclusion pour avoir dénoncé une pollution au cyanure causée par une aciérie taïwanaise, qui a touché 200 kilomètres de littoral dans la province de Ha Tinh, au centre du pays.

Le New York Times rapporte que le militant avait mis en ligne des articles et des vidéos sur son blog au moment des faits, en avril 2016, pour faire part au public de cette pollution. Le partage de ces contenus avait entraîné des manifestations de personnes intoxiquées et de pêcheurs privés de travail pendant plusieurs semaines.

“Propagande contre l’État”

Après un bref procès, le tribunal a considéré les publications du blogueur comme de “la propagande contre l’État”. Pourtant, cette contamination durable de la faune marine est probablement l’un des pires désastres écologiques de l’histoire du Viêt Nam.

De son côté, la multinationale taïwanaise Formosa Ha Tinh Steel Corporation a été condamnée en mai 2017 par les autorités vietnamiennes à verser 500 millions de dollars (422 millions d’euros) de réparations. L’aciérie est tristement connue pour être le théâtre d’incidents graves à répétition.

Il y a deux ans, l’effondrement d’un échafaudage sur un chantier avait entraîné la mort de 16 ouvriers. En mai 2017, soit à peine un an après les rejets toxiques sur le littoral, une violente explosion dans l’enceinte de l’aciérie a été signalée par des témoins.

Et les droits de l’Homme dans tout ça ?

Phil Robertson, directeur adjoint pour l’Asie de l’ONG Human Rights Watch, cité par le quotidien américain, s’insurge :

“Comment expliquer que les responsables d’une multinationale, qui a empoisonné l’océan et ruiné l’économie locale de quatre provinces, soient libres de poursuivre leurs activités, tandis qu’un jeune journaliste idéaliste est conduit derrière les barreaux pour avoir parlé de leurs méfaits ?”

En juin de cette année, une autre blogueuse, Nguyen Ngoc Nhu Quynh, a été condamnée à 10 ans de prison pour avoir aussi parlé de cette catastrophe sur son site.

Cela laisse songeur quant à la position du gouvernement vietnamien sur la question de la pollution : est-il du côté des citoyens ou de celui des pollueurs ? De nombreuses voix l’accusent clairement de protéger la multinationale taïwanaise, qui aurait bénéficié de certaines largesses des autorités pour installer son aciérie dans la région.

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